El Aboubakar Ousmane Mey : « Faire partir Biya est notre plan »
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Pour le président de l’Alliance Nationale Camerounaise, qui est aussi le frère aîné du ministre Alamine Ousmane Mey, le parti du Grand-Nord est enfin né.

Vous voulez lancer l’Anc, l’Alliance Nationale Camerounaise. Pourquoi maintenant ?
Vous êtes au courant que le Cameroun est, selon sa loi fondamentale, un État démocratique depuis plusieurs décennies, en ce sens que nous tous pouvons en temps et moyens, exercer pleinement cette activité de droit sans que cela ne soit une curiosité quelconque. Par contre, si l’interrogation suspecte notre entrée en matière sous la bannière de l’ANC comme une rupture totale avec les pratiques observées entre d’un côté le RDPC au pouvoir et les partis jusque là peuplant les bancs de « l’opposition », je vous dirais que c’est en effet le but visé par notre démarche, qui a pris un gros retard pour son entrée en matière. Mais qu’à cela ne tienne, nous y sommes ! Les camerounais avec qui nous avons jusqu’ici échangé, sont d’avis que la corruption observée dans les milieux de l’opposition est une imposture à déloger le plus vite possible des tripes de la patrie, avant que le peuple pacifique ne trouve un autre « moyen » de virer le régime des coquins et copains, ingrats et méprisants, incompétents mais surtout corrompus jusqu’aux chaussettes.

Est-ce enfin la naissance du parti du Grand Nord dont on a tant entendu parler par le passé ?
L’ADN de l’ANC est effectivement enveloppé des draps tissés dans le septentrion, conclusion d’une longue procédure souhaitée par les enfants de cette région qui n’en pouvaient plus de se voir manipulés par les hommes du régime mais plus choquant, avec une étouffante complicité, récurrente à chaque occasion de voter, des cadres issus du Grand-Nord. Cette situation ubuesque a définitivement dans les esprits lucides de cette partie du pays, confinée la majorité écrasante de ses ressortissants à l’intérieur du Cameroun comme à l’extérieur, à une révolte pour leur dignité piétinée depuis l’arrivée du président Biya au affaires. C’est un bilan facile à établir pour toute personne digne de sens.

Est-ce un parti des Nordistes?
C’est un parti fondé par un fils du Grand-Nord et légalisé par les services compétents au même titre que le fut à l’origine le RDPC (UC, UNC de Ahmadou Ahidjo, un autre digne fils du septentrion). Si cela fait donc de ces structures des appareils patentés, j’endosse donc votre lecture des choses sans complexe… le SDF et l’UDC ne sont pas des partis venus de notre coin. Bien que comparaison ne soit pas raison, c’est des cas de figure que vous pouvez mettre en exergue pour mieux appréhender les contours de notre sociologie des structures politiques.

On vous présente comme un parti Ahidjoiste, ce, alors que ses enfants, Aminatou et Badjicka Ahidjo, sont membres du RDPC. Est-ce que symboliquement, cela ne pose pas un problème ?
Depuis quelques mois, cette question de légitimation d’acteurs qui soutiennent la réhabilitation de l’ancien président Ahmadou Ahidjo revient dans les entretiens avec beaucoup d’accent. Reconnaissons d’abord que le fils ainé (Mohamadou Ahidjo) et la benjamine (Aminatou Ahidjo), ne sont pas les seuls à avoir franchi l’infranchissable. Vous avez le chef en personne qui de façon froide, a mis en marche cette musique, et des individus de tous horizons sont allés à la manœuvre, chacun de son pas de danse. Bello Bouba, Issa Tchiroma, Ahmadou Moustapha, en ont d’ailleurs bénéficié plus que la progéniture de l’ancien président qui n’en sort qu’avec des miettes, malgré le niveau du parricide. Bello est sûrement la cause majeure de notre résurrection politique, pour avoir dévié nos aspirations de base, à des fins nombrilistes. Tenez par exemple : en début de vie de l’UNDP, il avait fait un tour dans le fief sacré d’Ahidjo qu’est la ville de Mayo-Oulo, pour dire qu’il veillerait à réhabiliter ce dernier dès que les choses lui reviendront, en leur promettant un Cameroun comme à l’époque. Depuis, il n’y a plus remis les pieds et Ahidjo est toujours au Sénégal. L’ANC, va poser ce problème de façon inconditionnelle.

En dehors d’être Ahidjoiste, quel est votre positionnement politique ?
Je suis pour un Cameroun décentralisé, pour ne pas dire fédéral, une conférence sur la réconciliation au Nord-Ouest et Sud-Ouest, remonter l’aiguille à l’injustice produite du temps du 6 avril 1984 et bien d’autres évènements. Il faut revoir l’affaire Marafa, que nous espérons présenter à Garoua aux législatives, s’il nous donne son accord. Il y a une affaire qui est passée également en sourdine, celle de Guerandi, nous y mettrons l’attention, pour comprendre ce que ce fils du Grand-Nord est finalement devenu. Nous pensons en gros que le régime de Biya a échoué tenant compte des multiples échecs économiques, sociales, sécuritaires, CAN 2019 etc.… et il nous revient de le faire partir le plus vite possible, en saisissant l’opportunité des Législatives en 2019 Inchalla.

Vous vous présentez comme le président de l’ANC. Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête de ce parti sans que personne n’en entende parler?
L’ANC fut fondée par feu Baba Youssoufa et a reçu son arrêté le 31 décembre 1991. Paix à son âme, il est décédé en 2006 au retour d’un énième pèlerinage à la Mecque, où j’imagine qu’il a émis des vœux pour que son action se perpétue par ses fils et filles que nous sommes. En 2014, nous constatons la vétusté de structures politiques portant la marque de fabrique du grand nord et décidons d’y remédier. C’est la genèse ! Par la suite, plusieurs crocs en jambe venant de la classe dirigeante du grand nord se sont multipliés pour le blocage du projet, et j’ai été informé de l’embuscade posée sur le chemin pour tordre le cou à un dossier de création d’un parti ayant pour cv, nos ambitions. Cela a donc tourné aux voeux du patriarche Baba Youssoufa, vers qui nous avons donc tendu les mains et repris l’ANC qui était déjà légalisée. Je suis le représentant légal parce qu’ayant été à ses côtés, je suis resté le seul pratiquement plus proche en état d’en faire un outil redoutable. Il n’a pas vainement créé l’ANC, les adhésions se multiplient.

Vous débarquez dans une atmosphère où le Grand Nord a de nombreux partis politiques, mais affiliés au RDPC. Le septentrion compte 19 ministres au sein du gouvernement. Comment comptez-vous vous imposer dans un environnement pareil ?
Cette question trouvera son répondant durant les prochaines élections.

Vous êtes également le frère aîné du ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire. Dans un contexte où votre frère ne cache pas son positionnement politique, est-ce que cela n’augure pas une bataille fratricide ?
Je refuse le pain sardine, le Cameroun nous appartient à tous.

Votre père a travaillé avec Ahidjo, puis avec Paul Biya. En vous présentant comme opposant, n’êtes-vous pas un peu en train de trahir sa mémoire ?
Mon père, paix à son âme, était la sagesse incarnée, il connaissait mes projets !

Durant la présidentielle, on a noté l’absence d’un parti du Nord, les partis existants s’étant ralliés au RDPC. Dans l’immédiat, quels sont vos défis politiques ?
1- faire partir Biya
2- faire partir Biya
3- faire partir Biya
On n’a pas de plan B a l’ANC.

Votre mot de fin ?
Nous allons attaquer plusieurs villes pour faire émerger les candidats issus du grand nord. Yaoundé et Douala sont notre centre d’intérêt, nous voulons un Maire ANC à la Briqueterie (Yaoundé), et un autre à New Bell (Douala). Curieusement, elles correspondent toutes deux au chiffre 2. Yaoundé 2 et Douala 2… Nous pensons avoir Maires et députés dans ces deux circonscriptions qui sont des bases solides du grand nord.

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