J’ai failli devenir esclave sexuel : chronique d’un bantou aux yeux plus grands que le…reste [1]
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CAMEROUN :: J’ai failli devenir esclave sexuel : chronique d’un bantou aux yeux plus grands que le…reste [1] :: CAMEROON

Une liane avec laquelle j’ai eu malheur d’être poli hier m’a fait remarquer sur un ton faussement blagueur que j’aimais trop les femmes. La politesse de nos jours est facilement assimilée à de la drague ou même du harcèlement hein? Triste époque…

J’ai ri. Primo, parce que je ne suis plus sur le marché, deuxio, parce ça m’a rappelé cette période effective où « j’aimais les femmes ».

Début des années 2000. Etudiant fringant et riche uniquement de mon bagout (je veux bien croire que j’en avais), j’arpente les amphis de Yaoundé I le jour et les ruelles mal famées d’un quartier populaire de Ongola la nuit. Un quartier réputé pour la diversité de sa faune interlope et dans lequel, mon père, du haut de son omniscience, a cru bon m’installer pour « m’apprendre la vie ».

En bon étudiant, j’ai appris non? Au point de devenir à moins de vingt ans un petit pilier de la société nocturne dudit quartier. Bière, porc braisé, parties de jambes en l’air, parti pris dans d’interminables discussions nocturnes… Durant cette période sans bibliothèques et où Internet est aussi rare que cher, je suis le petit « intello » que les loubards viennent réveiller au milieu de la nuit pour vérifier un pari: Hein Ngimbis, n’est-ce pas c’est vrai que Mobutu avait rassemblé les albinos de Kinshasa et les avait fait cuire dans la cuisine de son palais ?

Euye!

J’aime le whisky Black. J’aime les lianes, les femmes, deuxième richesse du pays, première si on ne compte pas la corruption. Je ne discute avec personne.

Rencontre du troisième type

Un soir où les décibels et la bière coulent en un flot ininterrompu sponsorisé par les Brasseries françaises du Cameroun, j’entrevois une liane qui se déhanche lascivement sur un podium de bar. Amazone bien en chair qui domine les musiciens qui l’accompagnent d’une bonne tête. Son fessier semble piloté par une intelligence artificielle logée dans ses reins montés sur roulement à bille. Le public est subjugué par l’osmose entre ses déhanchements et le tempo de la musique, un bikutsi, véritable hymne à la fornication et à la transpiration.

Coup de foudre au creux de mes reins. J’avale une gorgée pimentée de Whisky black et lance à la cantonade : les gars, la go là c’est qui non ? Plus qu’une question, c’est une déclaration d’intérêt non voilée.

Les visages de mes compagnons, anciens du quartier se ferment. Man, ça c’est nourriture des grands. Faut pas tenter.

Assez pour me scotcher. Les dragons me servent le CV du fantastique morceau en deux mots : LES PROBLEMES.

La liane est issue d’une fratrie de géants, des colosses nerveux qui aplatissent tout ce qui leur résiste et règnent en maîtres sur le quartier.

Les hommes ne la choisissent pas, c’est elle qui les choisit. Et quand on est choisi, c’est un contrat d’exclusivité. Plus de flirts, plus de bonjour aux minettes aux derrières indisciplinés. On a obligation de résultat et tout manquement aux termes du contrat est suivi d’une bastonnade ou ratonade avec l’aide de la fratrie.

Aka!

Le cri de guerre du bantou en rut. J’ai déjà piloté des camions plus costauds, c’est pas petit semi-remorque qui va me dépasser. Elle a cinq ans de plus que moi ? AH mof et puis quoi ?

Comment j’ai fait ? Mon père m’a appris qu’un homme doit toujours posséder une marmite que même sa femme n’a pas l’autorisation d’ouvrir. Sachez juste qu’après une semaine à épuiser mon répertoire de techniques d’approches bantoues, j’accède par une nuit chaude de juillet au Walhalla de la Belle.

Houlouloulouloulou!

La pudeur m’empêche de vous dire ce que j’ai vécu, mais une chose est sûre, je suis rentré le lendemain aphone et les jambes aussi molles que des spaghettis cuits. Ivre de choses auxquelles même mon imagination pourtant débridée ne m’avait pas préparé.

Pauvre fou

Le mot possession est faible. Le bon côté : je suis passé au statut de légende dans le quartier. Tous les gars qui nous croisent ensemble et qui ont eu vent de ma nouvelle victoire n’ont de cesse de se demander comment j’ai fait. Les jaloux ont conclu, qu’à l’instar de tous les bassa’a, je me promenais, tel Kodock, avec un sac d’écorces qui ne manquaient pas de marabouter les filles dont je touchais le bras. Les filles quant à elles conclurent, que j’avais sûrement entre les jambes une tronçonneuse à la hauteur de l’arbre à abattre.

Tant que mes nuits étaient des bacchanales effrénées dont je sortais groggy et heureux, je n’avais cure du kongossa.

Le côté obscur : l’appétit sexuel de l’amazone, une quasi frénésie de stupre qui me scie les jambes et pas que… Dès la moindre envie, c’est-à-dire quasi quotidiennement, je suis réquisitionné et emmené de mon plein gré (officiellement) vers les roses prairies d’Eros dans lesquelles je chevauche ou inversement jusqu’à épuisement complet.

Je commence à cerner le piège à propos duquel mes compagnons m’avertissaient. Qui m’a envoyé ? Je ne suis pas un étalon, juste un petit basso’o aux yeux plus grands que le… heu… heu… Et, mon coeur, ni mes bourses ne fonctionnement à l’énergie atomique.

Volte face

Après une semaine à parfaire le jeu de la bête à deux dos, ma machine se met à présenter des signes d’essoufflement : perte de poids, malgré le carburant fourni par la belle, administré sous forme de divers bouillons de viandes protégées, relevées par un emploi immodéré du gingembre… Difficultés au démarrage, essoufflement dans les cotes, parallélisme désaxé à cause d’une forte propension à user d’une rotation hélicoïdale, essieux bousillés suite au transport de lourdes charges, bref, je n’en peux plus.

Qui m’a envoyé ?

Comment fuir ? Les frères de la fille me servent désormais du « mon beau » et dans le quartier, je jouis désormais de la protection de la pègre d’agresseurs et autres malfrats qui leur mange dans la main…

Chaque soir je rentre exténué du campus en priant tel Jésus à l’approche de son martyre : Pèèèère Pèèèèère waaaaa Pèèèère s’il te plaît, éloigne de moi cette fesse et je te jure Père que j’arrête la fornication.

Le père est muet, peut-être sourd, peut-être en train de ricaner en me disant achouka. Presque tous les matins, mes yeux injectés de sang témoignent de la violence de la nuit sans sommeil ni repos que je viens de vivre. Je prie juste que les voisins n’aient pas entendu mes womooooo womoooo, cris issus du bizutage nocturne que je commence à redouter.

Bande sonore Alexandre Douleur « Peux maintenant »

En attendant le geste du Père, je décide d’esquiver adroitement l’insatiable tentatrice. Entreprise complexe, car, si une fois dans mon bunker d’étudiant je ne réponds à aucune sollicitation, dehors il en est autrement. La gourgandine connaît mes fréquentations, mes habitudes, mes trajets…

C’est ainsi que le fils de Ngimbis monte un réseau d’informateurs qui, comme pour les dictateurs africains avant toute sortie bar du quartier, checke la proximité de la fille.

Bantou 1 à Bantou 2, Etalon Bantou doit aller boire un Whisky Black à Promo CFA, veuillez donner la position de l’ennemie.

Ici Bantou 2 : Bantou 3 qui sort avec la cousine de l’ennemie nous fait savoir qu’elle est allée à une veillée. Position sûre jusqu’au petit matin, je répète, position sûre jusqu’au petit matin. Etalon Bantou n’oublie pas de sortir avec l’argent de nos bières

C’est ma période ninja.

J’ai donc commencé à revivre ma vie d’antan. Ponctuée certes de piqûres de rappel à la réalité : mon gars le go là te cherche avec la corde. Elle dit partout que le jour où elle va te prendre hein, elle va seulement t’attacher chez elle pendant trois jours.

Aka! Je m’appelle Ngimbis, fils de Ngimbis, fils de Etegle, descendant de Nnanga, digne initié de Ngog Lituba, descendu d’Egypte le courage au ventre, c’est femme qui me fait peur?

Le temps et l’esquive aidant, je commence même à redevenir fréquentable auprès de la gent féminine du quartier hein ? Je suis passé du : Garde ton bonjour. Tu veux que ta costaude go là vienne me battre à domicile ? à Ngimbis tu es redevenu célibataire ?

Le pauvre Christ de Nyanon

Mais tel le Christ, il me fallait vivre ma passion pour donner un sens à l’histoire.

C’est arrivé un soir de décembre, je vous raconte demain dans le second épisode. Là, j’ai faim.

Peace!

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