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© Nofi : Makandal Speaks
- 16 Nov 2018 01:22:00
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AFRIQUE :: Pourquoi le Franc CFA est-il appelé monnaie coloniale ? :: AFRICA
Créé en 1945, le franc CFA (anciennement le franc des Colonies Française d’Afrique), est toujours en vigueur dans 15 pays africains où il est pour beaucoup une entrave à la souveraineté monétaire prise en otage par la France à l’issue des « indépendances ». Suite aux vives polémiques au sujet de cette devise d’une autre époque, Nofi vous propose de comprendre pourquoi le franc CFA est qualifié de « monnaie coloniale ».
Pourquoi le Franc CFA est-il appelé monnaie coloniale ?
Le franc CFA, est au cœur d’une vive polémique. En effet, il a, à de nombreuses reprises, défrayé l’actualité africaine et diasporique. Rappelez-vous, le 26 décembre 2016, l’ONG Urgences Panafricanistes (URPANAF), donnait rendez-vous aux militants et mouvements citoyens panafricains, pour mettre un point d’arrêt au Franc CFA (ainsi qu’à la présence militaire étrangère en Afrique) [1]. Le Front anti-CFA était né. L’ONG réitéra l’exploit en appelant le 11 février 2017 à la mobilisation dans 25 pays et une trentaine de villes du monde. [1]
Il s’agissait à travers cet événement citoyen et militant, d’assurer la prise de conscience du plus grand nombre. Objectif atteint puisque dès lors, la controverse sur l’utilité du franc CFA a été (et demeure) particulièrement vive.
1. Dépendance à l’opinion de la France.
La trésorerie de la France a le droit de veto (le droit de bloquer unilatéralement la décision) sur la réglementation du système financier de la CFA, en raison des garanties institutionnelles et des restrictions imposées pour assurer la viabilité de l’accord. En outre, un minimum de 20% des engagements d’assurance de la banque centrale de chacun des États devraient être couverts par les réserves de change des États membres si nécessaire (l’argent est retiré des comptes d’opérations). De plus, au moins 50% des réserves de change des pays membres de l’Union doivent être conservées dans le compte opérationnel du Trésor français. Au moins 65% des réserves d’or des pays membres de l’Union doivent être conservées sur un compte spécial du Trésor français.Par ailleurs, la France peut augmenter indépendamment les taux d’intérêt sur les emprunts en devises pour les pays membres de l’Union, au cas où la banque de l’Union se trouve à court de réserves. Enfin, les représentants de la France occupent des postes clefs dans les conseils des deux institutions.
2. L’absence de conversion mutuelle entre les monnaies CFA.
Théoriquement, les deux monnaies sont convertibles en euros, mais en vertu de l’accord en vigueur, elles ne peuvent pas être converties entre elles. Ceci qui impose des limites supplémentaires au développement du système monétaire commun africain (au moins dans les pays francophones d’Afrique), à l’infrastructure bancaire et à d’autres éléments de l’économie régionale.
3. Les conditions extrêmement difficiles de l’Union ne le permettent pas de se développer.
Les exigences des États membres sont écrites en fonction du système financier de l’Union Européenne. La plupart des pays du continent africain ne peuvent pas répondre à ces conditions sur leurs territoires, ce qui limite la possibilité d’élargir l’Union.
4. L’impossibilité des pays membres de la zone CFA d’adhérer pleinement aux alliances économiques Africaines.
Pour simplifier le développement économique et financier de Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) [2], il est nécessaire d’imposer une monnaie unique sur son territoire (comme l’Euro). Ce scénario est peu probable sur le territoire des pays membres de l’Union de la zone CFA, car l’abandon des « services » de la banque française entraînera immédiatement des sanctions de la France.
5. Il y a une énorme différence entre les indicateurs économiques et le niveau de stabilité politique intérieure entre les pays de l’Union CFA d’Afrique centrale.
Le PIB de la RCA avec une population de 5 millions de personnes est d’un peu plus de 2 milliards de dollars. Le PIB de la Guinée Équatoriale, avec une population de 780 000 habitants, s’élève à 10 milliards de dollars. En même temps, les conditions requises pour tous les pays sont les mêmes. Dans le cas d’un déficit, les pays plus riches peuvent être responsables des pays à faible économie. Par ailleurs, les conflits politiques internes et les situations de choc dans certains pays (RCA) dépassent par leur densité le nombre et le niveau des conflits dans les pays développés. Ce qui conduit à une faible croissance et une récession fréquente du développement de l’économie de certains membres de l’Union.
Notons pour finir, que les six pays de la CEMAC se sont réunis lors d’un sommet extraordinaire au Tchad le 25 octobre 2018. Ce sommet organisé à N’Djaména aura aussi été l’occasion de s’interroger sur le respect par la France des textes des différentes conventions régissant le fonctionnement du franc CFA. Ainsi, a-t-on pu entendre que la Convention signée en 1972 prévoyait qu’un simple compte séquestre des avoirs extérieurs des pays de la CEMAC, soit ouvert auprès du Trésor public français.
Mais dans les faits, c’est un compte courant qui a été ouvert et qui donne de facto mandat à la France pour gérer et utiliser comme bon lui semble les avoirs extérieurs des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. D’où la volonté de faire auditer ce fameux compte d’opérations qui, rappelons-le, gèle 50% des avoirs extérieurs [4].
Il est fort probable qu’une telle enquête puisse réserver quelques surprises…
Notes et références
[1] Le 26 décembre marquait le triste anniversaire de la signature du décret du 26 décembre 1945 qui initia le franc CFA.
[2] « Le Front Anti-Cfa appelle à la mobilisation le 11 février prochain« , seneweb.com, publié le 2 février 2017.
[3] La Coopération financière d’Afrique réunit les pays composant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) : le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Ils ont en commun la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).
[4] « Afrique Centrale, la fronde contre le franc CFA« , mondafrique.com, publié le 13 novembre 2018.
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