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- 20 Oct 2018 11:48:00
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CAMEROUN :: Post-électoral :: CAMEROON
Alors que la campagne électorale et l’élection présidentielle se sont déroulées dans le calme, les événements qui ont suivi ont un peu fait monter la tension au Cameroun. Et cela risque plonger le pays dans une crise post-électorale dont personne ici n’avait vraiment besoin…
La déclaration de Maurice Kamto
Dès le 8 octobre 2018 vers 14h (soit moins de 24 heures après le scrutin), Maurice Kamto a tenu une conférence de presse au quartier Odza à Yaoundé pendant laquelle il a affirmé avoir transformé son pénalty électoral. Il a ensuite déclaré avoir obtenu un mandat clair et net de la part du peuple camerounais, puis il a appelé le président sortant à organiser une transition pacifique afin d’épargner à notre nation une véritable crise post-électorale.
Et cette conférence de presse a mobilisé tout le sérail, puisque le ministère de la communcation, le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation et le secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, le parti du président Paul Biya) ont dû monter au créneau pour condamner cette déclaration, qu’ils ont unanimement qualifiée d’appel à la révolte. Puis le 9 octobre, les candidats Cabral Libii et Serge Matomba ont aussi réagi pour condamner le Pr Kamto et pour s’autoproclamer vrais vainqueurs de cette élection. Mais c’était très improbable et donc ils n’ont pas été déchiquetés par l’opinion publique ni par les thuriféraires du régime de Paul Biya.
Les faux observateurs de Transparency
Ce même 8 octobre au soir, la CRTV (la télévision nationale) a diffusé dans son journal ses journaux un reportage dans lequel six Israéliens se faisaient passer pour l’ONG Transparency International, lesquels observateurs avaient trouvé le déroulé du scrutin vraiment « impeccable », organisé et exemplaire. Sauf que le pot-aux-roses a été découvert dès le lendemain matin sur Twitter, via un communiqué de Transparency (la vraie, cette fois) qui déclarait ne pas se reconnaître dans ces imposteurs et n’avoir nullement envoyé une mission d’observateurs pour ces élections présidentielles 2018 au Cameroun.
Et le pire c’est que depuis la découverte de cette supercherie, le gouvernement – si bavard, en général – est resté totalement muet. Les imposteurs blancs ont été exfiltrés du pays avec la protection du Bataillon d’intervention rapide afin qu’ils échappassent à la vindicte populaire. Aucune enquête n’a été ouverte. Personne n’a démissionné ni à la CRTV, ni dans notre gouvernement. Les gens du RDPC justifient cet imbroglio en le minimisant, et d’ailleurs leur botte secrète lorsqu’on leur parle de cette scabreuse affaire, c’est de demander : « Est-ce que ce sont les observateurs qui votent ? »
Le délai de proclamation des résultats
Voilà aussi un autre problème qui ne fait que rajouter à la tension ambiante, car certains trouvent le délai de proclamation des résultats trop long. Jusqu’à deux semaines ! Et notre Code électoral est encore sévère en la matière, puisqu’il interdit même de divulguer les tendances nationales. Et donc les Camerounais ont vite fait de constater que nous avons voté le même 7 octobre que le Brésil de Neymar, mais que ce même dimanche soir ils avaient déjà leurs résultats alors qu’ils sont plus de 207 millions alors que nous environ 25 millions…
D’autres disent que le délai de deux semaines entre les élections et la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, c’est un délai pour pouvoir falsifier les chiffres afin de les mettre en faveur du candidat du RDPC. D’aucuns encore pensent que c’est une période nécessaire pour préparer les forces de l’ordre en cas de contestations publiques.
Bref, ça va dans tous les sens. Mais je n’ai toujours pas compris pourquoi au 21ème siècle, nous n’arrivons pas encore à proclamer les résultats d’une élection présidentielle en moins de 24 heures !
La psychose
Depuis la déclaration de Kamto qui s’était autoproclamé vainqueur, la psychose règne dans les méninges camerounaises. Surtout que le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) représente aujourd’hui un véritable vivier d’électeurs, très présents sur les réseaux sociaux mais visiblement aussi prêts à descendre dans les rues pour organiser les casses.
Et même le gouvernement le sait. Car depuis ce lundi « noir », ils ne font que multiplier les messages d’appels à la retenue. Ils ne font que prôner la paix. Ils savent que Kamto est presque capable de déstabiliser ce pays avec un simple mot d’ordre, et que les Camerounais aussi le savent. Et c’est pour ça que nous vaquons à nos occupations mais nous restons dans la psychose parce que nous ne savons pas encore ce qui va se passer après la proclamation des résultats le 22 octobre…
Crise post-électorale
Donc malgré une campagne électorale et une élection présidentielle qui se sont déroulées dans la tranquillité, il y a eu des événements qui ont fait monter la température ici au Cameroun. Et j’ai bien peur que cela plonge notre pays dans une crise post-électorale dont Pierre La Paix Ndamè n’avait absolument pas besoin…
Crise post-électorale ! Les Camerounais veulent le changement, mais ils ne veulent surtout pas ressembler à la Côte d’Ivoire, au Gabon, au Kenya ou bien encore au Rwanda à cause d’un prétendu tribalisme.
Crise post-électorale ! Ce qui dérange surtout les Camerounais après cette élection, c’est que finalement rien ne va changer alors que cela dure déjà depuis bientôt 36 ans.
Crise post-électorale et crise camerounaise tout court, car j’ai l’impression que tôt ou tard les choses finiront par dégénérer.
Mais puisque nous sommes encore dans une période de psychose, je vais m’abstenir de vous révéler quand et comment surviendra ce changement. Puisque pour le moment nous proclamons la paix. Puisque moi aussi je veux une transition pacifique. Puisque la guerre ne bénéficiera à personne. Puisque personne ici n’a vraiment besoin de se retrouver paralysé par ce démon qu’on appelle généralement la crise post-électorale…
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