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© Camer.be : Hugues SEUMO
- 27 Mar 2020 20:54:00
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Cameroun, Reportage (Suite): Le café de la ville de Nkongsamba de plus en plus amère :: CAMEROON
Malgré la surabondante richesse du coin, la ville caféière présente de plus en plus une image lépreuse. Située à 145 kilomètres de Douala et à 370 kilomètres de Yaoundé, Nkongsamba est un grand centre agricole avec la culture et la commercialisation du café comme activités principales.
Blotties dans une cuvette triangulaire et délimitée par des monts fascinants qui sont des cratères volcaniques déchiquetés : Manengouba avec 2400 mètres, Nlonako et Koupé, où aux dires des villageois habitent les dieux protecteurs de la région, la principale activité industrielle à Nkongsamba est la culture et le décorticage du café. C’est une activité saisonnière qui permet aux habitants de générer leurs revenus sur une moitié de l’année, l’autre moitié étant consacrée aux activités diverses comme la culture du mais, de l’huile de palme et du petit commerce.
Avec 3 723 km² de superficie, l'ancienne 3ième ville du Cameroun, encore appelée " la ville l’or noir ", abrite sur son territoire, les derniers vestiges des industriels grecs installés dans cette partie du Cameroun depuis les années cinquante.
La faillite des Sociétés Tzouvelos ,Petropoulos, Gorzonian constituent, à elle seule, le symbole de la décadence de toute une ville. Décadence due également à la chute des prix des matières premières, principales ressources du département du Moungo
A Nkongsamba, après avoir sifflé quotidiennement pendant 80 ans, le train s'est arrêté depuis le 25 novembre 1991, les infrastructures ferroviaires n'existent plus, les rails entamés par la corrosion sont enfouis dans la terre. C'est sur ce haut lieu de Nkongsamba où se concentraient toutes les activités économiques de la ville.
Aujourd"hui, il s'est transformé en un gymkhana avec au menu soit des de maison d’habitation, soit des chambres de passes qui ont occupé les locaux moisis, jadis réservés aux bureaux de la gare ferroviaire.
Les rails du chemin de fer du nord (Bonabéri – Nkongsamba : 160 Km) ont été vendus depuis la mise en liquidation de l’ex-Régifercam au groupe Fokou. “ Un de ces quatre matins on a vu les ouvriers de cet opérateur économique à l’œuvre, démontant sous nos regards impuissants les rails sur tout le tronçon. Nous avions compris que tout espoir de revoir le train arriver à Nkongsamba n’était plus possible”, déclare M. Ngamaleu, habitant Manjo.[...] Grâce à sa situation de terminus de chemin de fer, la ville de Nkongsamba était devenue une ville carrefour au point d’étendre son influence considérablement sur tout le pays. (1)
Les sociétés agricoles qui jadis mettaient à la disposition de la population locale des milliers d'emplois et participaient à coût de dizaines de millions par an au renflouement des caisses de la mairie ont chuté. La culture du café est en chute libre. Le café en lui-même se vend à de vils prix
Côté éducation, la ville de Nkongsamba possède une dizaine d’établissements du second degré. Le Lycée du Manengouba et le collège St Jeanne d’Arc comptent parmi les établissements de grande renommée dans la ville. Il existe également quelques instituts de l’enseignement supérieur telles l'Institut Supérieur de Management du Manengouba (ISMAM), l'IBA (Institut des Beaux-Arts), la faculté d'agronomie etc.
Côté médiatique, quelques médias locaux émergent tels scores 2000 infos, La ville, la radio Nkongsamba FM etc.
La ville de Nkongsamba dispose d'un plan d'urbanisation qui ne répond plus aux normes de l'art. Bâtie autour du Mont Manengouba et du Mont Nlonako elle a été conçue dans un style colonial. Les routes sont défoncées, et la présence d'énormes tas d'immondices sur la voie publique est une image à laquelle, les populations commencent à s'habituer, affirme un visiteur curieux. Selon les autorités communales, une campagne de sensibilisation de la population en vue du creusage des fosses nécessaires aux ordures devient de plus en plus nécessaires.(2)
Artère principale de Nkongsamba
" Nous n'avons pas d'éclairage public suffisant, la ville se meurt " affirme un conducteur de moto taxi. Les taxis deviennent de plus en plus rares et les Renault 4 qui ont pu résister à l'usure du temps transportent cinq voire 7 sept personnes
Aujourd’hui, environ 110.600 âmes vivent à Nkongsamba avec un faible taux de jeunes. Au niveau de la délégation départementale des affaires sociales du Moungo, aucun chiffre n’est avancé pour expliquer les raisons du vieillissement de la population.
Après la chute vertigineuse des cours du café, la ville de Nkongsamba a entamé une descente aux enfers. Ce qui avait fait jusqu’alors sa fierté et sa force est devenu son porte-malheur.
Les grandes compagnies commerciales telles CFAO, SCOA, RWKING, PZ, SHO, SOCOPAO, SOCADA, Cami Toyota ont toutes fermées les portes par manque de clients.
Au niveau des pouvoirs publics, malgré des efforts de rehabilitation de la ville, aucun projet ou programme d’action n’est élaborée à court, à moyen ou à long terme pour cette ville qui n’est plus que l’image d’une ville abandonnée. Pour tout dire, le café qui a fait la fierté de cette ville ne se boit plus à Nkongsamba. Y a-t-il lieu d’espérer au réveil du département du Moungo ?
(1) Mathieu Nathanael Njog
(2) Nlonako Valley
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