Le président béninois préfère la Chine à  Bolloré et à  son concurrent béninois pour son projet ferroviaire
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Le président béninois Patrice Talon a demandé au groupe français Bolloré et à son concurrent béninois Pétrolin de se "retirer" d'un grand projet de chemin de fer: un nouveau rebondissement dans ce dossier bloqué depuis des années dans un imbroglio judiciaire.

Dans un entretien accordé au magazine français Challenges publié jeudi, le président Talon demande aux deux opérateurs de se "retirer, à l'amiable, du projet" ferroviaire qui doit relier le Bénin au Niger, et assure qu'ils seront "indemnisés de façon équitable".

"Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons", a fait savoir le chef d'Etat, qualifiant le projet voulu par le groupe Bolloré de "bas de gamme".

"La Chine dispose de moyens financiers nécessaires", a souligné M. Talon pour assurer des travaux estimés à 4 milliards de dollars. "Elle (la Chine) a démontré son savoir-faire technique" en ce qui concerne les infrastructures en Afrique, a ajouté le président, qui s'adresse très rarement à la presse.

Contacté par l'AFP, un responsable des cheminots à Cotonou a confié avoir "de grandes inquiétudes face à l’allure que prend ce projet qui doit redonner vie à notre activité". Les responsables se sont réunis avec des représentants des travailleurs jeudi.

En 2008, le Bénin et le Niger avaient lancé un appel d'offre en commun pour construire et gérer la construction et la gestion d'un réseau ferroviaire de 740 km reliant Cotonou à Niamey.

Il avait été remporté par Petrolin, la société de l'homme d'affaire Samuel Dossou, avant d'être confié en 2013 au groupe Bolloré, via la société Bénirail, un partenariat privé-public.

En octobre dernier, la justice béninoise a donné raison au Béninois, déboutant Bolloré. Après des années d'imbroglio judiciaire, et des mois de négociations, le projet béninois est toujours au point mort, dans un pays de 10 millions d'habitants, dont l'économie dépend de son port.

Claudine Affiavi Prudencio, porte-parole de Petrolin, a répondu aux déclarations du président en assurant que "le retrait de Petrolin sera le résultat d'une négociation entre les Etats du Bénin et du Niger".

Des proches de l’homme d’affaires béninois joints par l’AFP soutiennent que "cette option (le retrait du projet) n’est pas encore formellement notifiée au groupe Petrolin" et que "à aucun moment, le groupe n'a été défaillant".

"Les chefs d'Etats (du Bénin et du Niger) ont essayé de les rapprocher (Pétrolin et Bolloré) sans succès", a confié à l'AFP un proche de la présidence béninoise. "Ce serait à eux de montrer alors qu'ils peuvent s'entendre pour porter un projet convaincant".

Le groupe français Bolloré n'a pas souhaité dans l'immédiat commenter ces déclarations.

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