Allemagne- Cameroun, Refus de la double nationalité au Cameroun: Comment prendre le visa pour retourner là où on est né et où les siens vivent?
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Allemagne- Cameroun, Refus de la double nationalité au Cameroun: Comment prendre le visa pour retourner là où on est né et où les siens vivent? :: GERMANY

Je suis jeune, ouvert, curieux, convoité et emporté par le courant de la mobilité internationale. Vous pouvez cliquer sur ces sites de commerce électronique et en l´espace de quelques jours, je sonnerai à votre porte. Je suis ce cosmopolite, capable de faire le tour du monde, sans passeport et sans laissez-passer. A chaque moment, je suis prêt à prendre diverses directions pour diverses missions. Epargnez-moi ces heures, semaines, mois et années d´attente devant les consulats car mon déplacement est tributaire des constellations du marché planétaire et de la vitesse des moyens de transport, des sociétés de service et des institutions bancaires, alors ténors de ce bal mondial. Qui suis-je?

Ne pensez pas surtout à un citoyen qui ferait sans entraves le tour du monde et corroborerait cette mélodie de la citoyenneté cosmopolite chantée de nos jours. Ne pensez pas non plus à ce citoyen portant dans sa poche un passeport d´un pays classé par l´indice du développement humain comme étant „pauvre“, „sous développé“ ou par euphémisme „en voie de développement“. Qui suis-je? Je ne suis qu´un produit ou un service. Un clic suffit pour que j´engage mon voyage dans les quatre coins de la planète.

Loin des produits et des services sollicités, Le constat est amer pour les citoyens soumis aux frontières de l État-nation. Plus le monde devient un village planétaire et facilite la circulation et l´échange des biens et services, plus les citoyens des pays moins industrialisés se retrouvent confrontés aux problèmes de visa dans un contexte de lutte contre le terrorisme et de la „migration choisie et non subie“. C´est ainsi que le débat sur la double, voire sur la multiple nationalité continuera sans doute à faire couler beaucoup d´encre, dans une arène où émotion et raison s´entremêlent. Malgré la nationalité que l´on peut prendre dans sa vie, on n´entend presque personne parler de son „ex pays“ lorsqu´il évoque la nationalité qu´il a abandonnée ou perdue. Et pourtant, c´est un vocabulaire de plus en plus récurrent dans la critique des compatriotes face à ceux qui ont décidé de prendre une autre nationalité.

La question de la nationalité de diverses personnalités politiques et célébrités à l´instar de Roger Milla, Françoise Mbango, Calixthe Beyala fait l´objet de discussions dans divers forums sur le Net. Ils ne sont sans doute ni les premières, ni les dernières personnalités de ce monde à avoir opté pour une autre nationalité pour de raisons peut-être idéologiques, pragmatiques ou de survie. Voilà ces compatriotes qui un jour au consulat des USA à Düsseldorf exprimèrent leur déception face au traitement des citoyens camerounais et à la diplomatie de l´État, le consul américain ayant exigé aux Camerounais 50 euros de plus pour les frais de visa. A la question de savoir pourquoi une telle mesure exceptionnelle appliquée seulement sur les Camerounais, il répondit que c´était en réponse aux frais de visa élevés que le Cameroun faisait payer aux siens.

Parmi les revendications de la Diaspora camerounaise figure la double nationalité comme un point crucial. Une mesure devant permettre aux Camerounais ayant décidé de prendre une autre nationalité de garder un statut de citoyen dans leur pays d´origine et ipso facto leurs droits et obligations, vu que l´adoption d´une nouvelle nationalité ne change point grand-chose sur le cordon ombilical qui lie les compatriotes du Pr. Jacob E. Mabé, de Philomène Atyamé, de Fred Eric Essam, de Chicgoua Noubachtep, de Ghislain Kouematchoua à leur Terre natale.
Beaucoup d´études mettant en exergue le potentiel de ces compatriotes à l´extérieur qui à travers leurs transferts des fonds, leurs investissements et leurs idées contribuent activement au développement de leur pays, un tel potentiel, aux yeux de nombreux experts, serait efficient et mieux canalisé si certaines mesures politiques et légales sont prises pour faciliter leur retour ou leurs investissements dans différents secteurs économiques, sociaux et politiques. Dans ce cadre, le Sénégal fait figure d´exemple, ce pays de la „Térenga“ (hospitalité), devenu une «terre d´émigrations» comme décrit par Marx Magamou Mbaye (Le Soleil, 22.10.1990), a vite compris le rôle de ses citoyens à l´étranger, en mettant sur pied un ministère pour eux et en saisissant des mesures propices à leurs investissements.
Entre l´État camerounais et sa Diaspora, les rapports semblent être encore ambigus. D´un côté, la diaspora est sollicitée pour son transfert de fonds, d´un autre côté, elle est approchée avec méfiance comme ce „New Digital citizen“ difficile à circonscrire. Que reproche-t-on à ceux qui ont pris la nationalité de leur pays d´accueil? Le manque de patriotisme? La difficulté à assumer leur choix et une attitude „d´oiseau apatride“?

Même si on ne retourne pas au pays tous les ans, c´est au moment de rassembler les pièces pour une demande de visa pour son pays natal qu´on se retrouve émotionnellement ballotté entre deux mondes. 

Et si les vacances dépassent un mois, on oublie dans le confort et la joie naturelle d´être chez soi qu´il faut faire proroger son visa: les acharnements et reproches de manque de patriotisme par les agents de bureau, l´attente devant les bureaux d´Emi-Immigration, la justification du motif de son séjour… Comment accepter l´éventualité d´un rapatriement de son village natal, «chez moi-même, au village» pour parodier Nkodo Sitony? Telles sont les questions qui virevoltent dans la tête et font défiler de scénarios similaires vécus pendant les premières années à l´étranger. Les frais de visa pour un court séjour au pays, les difficultés de déplacement pour ceux qui sont loin de l´ambassade ou du consulat: tels sont les arguments qu'on avance souvent, et pourtant le problème est plus émotionnel qu´économique. Certains optent en fin de compte pour une demande de visa sur place, une fois arrivés à l´aéroport au Cameroun. Mais alors là, il faut faire attention!!! Car on risque de ne pas arriver au Berceau des Ancêtres!

Comment prendre le visa pour retourner là où on est né et où les siens vivent?  Telle est la question de la semaine. Nous vous souhaitons un bon débat et à dimanche

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