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© Camer.be : Herman Oswald G’nowa
- 15 Jul 2017 14:42:02
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Belgique : Enquête au cœur du service des visas à l’ambassade du Cameroun :: BELGIUM
La grande affluence s’observe déjà avec les vacances d’été
En ce début de vacances d’été 2017, c’est le grand rush des voyageurs vers l’ambassade du Cameroun à Bruxelles. Un mouvement interminable de montée et de descente est perceptible à longueur de journée à l’arrêt du tram Darwin, arrêt tout juste situé devant la représentation diplomatique de ce pays d’Afrique centrale.
Dix heures ce lundi 3 juillet, nous arrivons en ces lieux afin de partager le quotidien du personnel consulaire ainsi que celui des citoyens qui sollicitent leurs services. La salle d’attente est déjà bondée de monde : 60, 80 personnes sont présentes, voire un peu plus. Femmes, hommes et enfants de tous les âges, ils viennent d’horizon divers. Ils ont parfois parcouru des kilomètres à travers la Belgique avant de rejoindre l’avenue Brugmann. Certains sont venus de très loin : Angleterre, Espagne, Allemagne etc comme le témoignent leurs documents d’identité qu’ils tiennent en main.
Le service d’ordre est bien assuré
Face à ce beau monde rassemblé dans le hall de la salle d’attente, le service d’ordre est assuré par l’adjudant Epeti Ndoumbé Théodore. L’homme en tenue assume sa charge du jour avec fermeté mais avec beaucoup de courtoisie. Une attitude appréciée par la plupart des visiteurs du jour. C’est dire s’il mérite sa récente médaille de la force publique reçu des mains de l’ambassadeur Daniel Evina Abe´e lors des festivités du 20 mai dernier.
La réalité des chiffres est incontestable. Il y a du monde. Il faut prendre un ticket et attendre son tour lance notre militaire en tenue. Il renseigne, explique, dirige vers le bon service et surtout distribue les formulaires nécessaires aux diverses demandes : demande de visa, légalisation de documents, certificats divers… « Vérifiez que vos formulaires soient bien remplis s’il vous plait. », « Vous n’avez pas indiqué le numéro de votre passeport sur le formulaire », « vous avez oubliez de signer » tels sont ses propos tenus à fréquences régulières. On l’entend très souvent répéter à haute voix le numéro d’ordre qui s’inscrit sur le tableau d’affichage électronique accroché au fronton du guichet unique. Le numéro d’ordre permet aux détenteurs de tickets de se présenter à tour de rôle devant les fonctionnaires préposés aux différentes tâches administratives.
Comme en de pareilles circonstances, des éclats de voix ne manquent pas. C’est parfois le fruit d’une incompréhension, d’une remarque mal appréciée ou encore du non-respect des consignes. Extraits. « S’il vous plaît libérer la borne des tickets afin que les autres puissent prendre les leurs » ou encore « Madame s’il vous plaît descendez les marches et venez attendre votre tour ici au rez-de-chaussée on en reçoit pas les demandes des citoyens à l’étage » remarque l’agent de sécurité. « On ne peut plus rester tranquille ou faire ce qu’on veut ici ? » rétorque une voix à l’accent camerounais bien prononcé. Aucun débordement n’est toutefois observé : « on n’est pas à Paris ici. Tout se passe bien à Bruxelles. Le service est différent de ce que nous avons pu voir à travers une récente vidéo postée depuis la France par des citoyens en colère face aux désordres et à la lenteur des services de l’ambassade du Cameroun à Paris. » lance John B.
Tout ce qu’il faut savoir avant le grand départ : visa ou passeport
La plupart de camerounais, des étudiants surtout, viennent renouveler leurs passeports avant de retourner au pays pour les vacances. Certains jeunes camerounais nés à l’étranger introduisent également leur première demande de passeport ce matin. Les dossiers de demande passeport sont déposés à partir de 9 heures 30 minutes et ce jusqu’à 12 heures 30 minutes du lundi au jeudi, pas le vendredi.
Par contre les retraits de passeports se font tous les après-midi du lundi au vendredi. Plusieurs pièces sont à joindre à la demande : la photocopie de l’acte de naissance légalisée par la commune du lieu de naissance à l’étranger (ou par l’Ambassade du Cameroun pour les camerounais nés au Cameroun), la photocopie certifiée conforme de la Carte nationale d’Identité, quatre photos 4X5 de face de studio ou laboratoire sans chapeau ni foulard ni lunettes fumées (elles peuvent se faire sur place à l’Ambassade du Cameroun), la photocopie d’acte de mariage pour les femmes mariées, la photocopie de la carte de séjour, le justificatif de la profession, l’autorisation parentale légalisée pour les mineurs de moins de 21 ans, la photocopie certifiée conforme de la C.N.I. du parent, l’ancien passeport (renouvellement et prorogation) ainsi que les frais qui s’élèvent à 160 euros.
D’autres citoyens sollicitent la légalisation de documents divers nécessaire pour accomplir leurs démarches administratives auprès d’autres autorités : autorisation parentale, certificat de coutume, certificat de célibat etc.
Ceux qui possèdent un autre passeport que celui du Cameroun viennent solliciter les visas d’entrée au Cameroun. Pour l’instant et avec la période des vacances, le visa « visite familiale » à la côte devant les visas touristique ou de transit. Il faut rappeler que la législation camerounaise ne reconnaît pas la double nationalité. Pour cette raison, tout camerounais majeur qui opte volontairement pour une autre nationalité perd d’office sa nationalité camerounaise d’origine.
Le passeport « étranger » nécessaire pour la demande de visa doit disposer d’une validité d’au moins six (06) mois. Un billet d’avion aller et retour ou jusqu’à la destination finale du voyage est nécessaire. Il en est de même pour le carnet international de vaccination avec la preuve d’administration d’un vaccin contre la fièvre jaune ; un vaccin dont la validité n’est plus limité dans le temps (ce vaccin à un caractère à vie depuis une récente décision de l’OMS).
Petite nouveauté : le demandeur de visa doit présenter deux (02) photos d’identité récentes en couleur et non plus une seule photo. Les demandes des visas des enfants mineurs doivent être accompagnées d’une autorisation de voyage des deux parents si l’enfant voyage seul.
Ici, le service est conciliant sur certains détails. Les camerounais d’origine qui présentent un passeport belge par exemple ne doivent plus apporter la preuve d’un hébergement sur place au Cameroun pour prétendre à l’obtention du visa. Votre lieu de naissance, s’il est situé au Cameroun, suffit dont pour vous épargner de la présentation de plusieurs documents à savoir : une réservation d’hôtel ou un certificat d’hébergement, la preuve d’une garantie de rapatriement, la preuve des moyens de subsistance. Par contre, les frais de visa sont dus pour tout le monde soit 100 € (visa normal délivré sous 48 heures) ou 110 € (visa express délivré le même jour).
La visite familiale remporte la palme d’or
Plusieurs demandes de visa sont individuelles. Le traitement est plus rapide dans ce cas puisqu’il y a un seul formulaire à vérifier et un seul nom à encoder. Les demandes collectives ne manquent cependant pas. D’où la différence de timing dans le traitement des demandes multiples.
Un citoyen se présente munie d’une série de passeports de couleur bordeaux. Il s’adresse à l’accueil. C’est le représentant d’une firme dont les dirigeants préparent un voyage d’affaires au Cameroun. Un autre apporte les passeports des membres de sa famille. Sa demande est composée de deux passeports belges pour adulte ainsi que ceux de leurs trois enfants. Ceux-ci sollicitent un visa court séjour pour motif familial.
Ici on fait respecter la loi tout en réglant au mieux les difficultés des citoyens
Après vérification des dossiers, des documents supplémentaires peuvent être demandés notamment une autorisation parentale du père si une mère voyage seule avec son enfant mineur, la preuve de l’identité du 2ème parent si les deux parents voyagent avec les enfants et que un des deux parents seulement est présent lors de la demande de visa.
Ici tout est fait pour trouver une solution aux difficultés que rencontrent certains demandeurs. C’est notamment le cas de Monsieur Aimé G. qui est devenu belge depuis plusieurs années. Aujourd’hui, il présente le dossier de demande de visa pour lui-même ainsi que pour sa fille âgée de 3 ans. L’épouse de Monsieur G et mère de l’enfant du couple a conservé sa nationalité camerounaise. Elle voyage avec la famille mais elle n’a pas besoin de visa pour retourner dans son pays. C’est donc en toute logique qu’elle ne s’est pas présentée à l’ambassade du Cameroun à Bruxelles ce lundi. Mais problème ! En l’absence de la photocopie du passeport de la mère de l’enfant, le dossier de demande de visa dudit enfant est incomplet.
Il sue à grosses gouttes à l’idée de devoir retourner chercher le document manquant à plusieurs kilomètre de là, lui qui vie à Renaix, une ville située en Flandre. Le personnel consulaire le rassure immédiatement : « La mère qui n’est pas venue avec vous a le choix. Elle peut vous envoyez la copie de son passeport camerounais par e-mail. Vous l’imprimez et vous nous le remettez lors du retrait des visas. Elle a aussi la possibilité de nous l’envoyer directement à l’adresse embassy@cameroon.be. Ledit passeport doit tout de même être encore valable. » déclare le fonctionnaire consulaire James Emmanuel Tjeega qui remet en même temps le récépissé de dépôt à son interlocuteur.
Sur la base du récépissé qui comporte plusieurs informations notamment : l’objet et le numéro de la demande, les coordonnées du demandeur, les frais à payer, les dates de dépôt et de retrait ainsi que le visa du responsable.
Muni de ce document, il faut ensuite se rendre au guichet du receveur qui encaisse les frais. C’est dans le fond du couloir à gauche. Il faut débourser des frais à savoir 160 euros pour une demande de passeport camerounais, 100 euros pour une demande de visa court séjour ordinaire ou encore 110 euros pour une demande de visa court séjour express. Votre récépissé vous est rendu avec un post-it comportant le sceau du receveur. A charge pour le demandeur de retourner au bureau d’encodage des demandes où il devra remettre le post-it au responsable du service. C’est à ce moment que vous êtes priez de revenir entre 14 et 16 heures pour retirer votre visa express ou sous 48 heures si vous avez opté pour une demande de visa ordinaire.
Des améliorations doivent être apportés pour la bonne marche du service
Le personnel consulaire travaille à effectif réduit. Ils sont cinq pour assurer le service. Ils sont visiblement débordés face à la multiplication des demandes. « C’est vrai que certaines choses peuvent, encore être améliorées mais nous donnons le meilleur de nous-même pour satisfaire les nombreuses demandes des citoyens. Nous ne sommes pas nombreux. Nous travaillons en journée continue. Personne ne prend sa pause de midi. Si c’était le cas, c’est tout le monde qui aurait droit à la pause et cela pénaliserait tout le service. » confie un agent qui ajoute : «Depuis ce matin, tout le monde veut un passeport express ou un visa express, ce qui ajoute une dose à la pression dans le travail.»
Malgré les efforts du personnel consulaire, les rendez-vous de ce lundi entre 14 à 16 heures ne sont pas respectés. Plusieurs personnes attendent la délivrance de leurs visas express jusqu’à 17 heures. Une dame trépigne d’impatience : « Nous avons déposé nos demandes ce matin avant onze heures. Le service nous a donné rendez-vous entre 15 et 16 heures pour récupérer nos visas. Je suis-là depuis 15 heures 30 pour retirer un visa soit disant express ! J’ai pris un jour de congé pour effectuer cette démarche. Mon mari et ma fille attendent dans la voiture depuis des heures ». Une autre appuie cette récrimination : « Je suis là depuis des heures aussi. C’est parce que mon père est malade au pays que je viens me mettre dans cette situation ; sinon je ne serai jamais venu dans cette triste administration, c’est la même difficulté chaque fois. Tout est lent ici. ».
17 heures 10 minutes. Les portent de l’ambassade sont encore ouvertes. Les passeports continuent d’arriver de la signature à compte-goutte. Un agent de liaison multiplie les va-et-vient entre le bureau des enregistrements des demandes situé au rez-de-chaussée et le bureau du 2ème Conseiller d’Ambassade Laurent Tchandeu. Ledit bureau est logé à un étage plus haut. C’est là que les stickers sont apposés dans les passeports non Camerounais. « Ce garçon va bien dormir cette nuit. Il a déjà fait plus de mille aller et retour depuis que je suis ici.» lance une voix féminine bien amusée.
En réalité, depuis le 1er janvier 2017, la forme du visa camerounais apposé dans les passeports étrangers a changé. D’un simple cachet à encre qui était ensuite complété au bic, l’on est passé au sticker avec un numéro de série. Le personnel s’adapte au nouveau système non sans difficulté visiblement.
17 heures 15, plusieurs citoyens sont servis. « Tenez vos passeports et vérifiez que tout est OK s’il vous plaît » avise le fonctionnaire consulaire. Une dame reçoit le précieux sésame et jubile : « Le pays-là a changé hein ! Le visa sort directement avec la photo du demandeur. » Calvin G. qui vient de retirer le visa pour tous les membres de sa famille est du même avis : « Mince ! C’est comme le visa Schengen. Les choses ont changé ici ».
Son voisin tempère ses arguments dans un camfranglais propre au Camerounais : « Easy man ! Tu paies pour un visa soit disant express et ils écrivent la mention ordinaire dans ton passeport? Tu as vu comment ta photo est déformée sur ton visa là? On ne peut pas comparer le way ci à un visa Schengen ! Côté normes, pour le timbre de 50 000 FCFA que je vois apposé dans mon pass…., je dis peut mieux faire.»
L’un après l’autre les citoyens reçoivent leurs visas et quittent l’avenue Brugman au fur et à mesure qu’ils sont servis ; avec dans la tête les images du pays d’origine qu’ils vont retrouver très bientôt, la joie des retrouvailles familiales. Vive les vacances !
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