PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE - Aurélien Lechevallier : "Comment Macron voit l'Afrique"
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FRANCE :: PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE - Aurélien Lechevallier : "Comment Macron voit l'Afrique"

L'approche qu'a Emmanuel Macron se veut résolument neuve. Son conseiller aux affaires internationales l'explicite.

Quels sont les éléments novateurs qu'Emmanuel Macron entend introduire dans les relations politiques, économiques et culturelles entre la France et les pays africains ?
Aurélien Lechevallier : Nous en voyons au moins trois, qui s'inscrivent dans une véritable ambition pour renforcer les relations entre l'Afrique et la France. D'abord, Emmanuel Macron propose une vision transversale des liens entre nos pays, qui sont trop segmentés aujourd'hui par thème ou par politique. Les sujets partagés doivent être appréhendés dans leur ensemble, de la sécurité à la francophonie, des migrations au commerce, du développement à la biodiversité, de la culture aux droits humains. Ensuite, Emmanuel Macron veut ancrer cette relation dans une ambition plus large, un grand partenariat entre l'Europe, l'Afrique et la Méditerranée, les « routes de la liberté et de la responsabilité ». Enfin, tous les acteurs engagés dans les relations entre nos pays doivent être mobilisés : les sociétés civiles, les entreprises, les États, les organisations internationales.

Avec les binationaux, l'Afrique est au cœur de la France et la France au cœur de l'Afrique. Comment tirer avantage de cette réalité à la fois sur le plan sociétal et sur le plan économique ?
Oui, les diasporas et les binationaux sont appelés à jouer un rôle beaucoup plus important dans nos relations économiques et culturelles avec l'Afrique. Ils représentent une richesse considérable et connaissent mieux que quiconque la diversité des liens entre la France et toutes les régions d'Afrique. Aujourd'hui, au-delà des relations familiales et commerciales qui sont fortes, nous ne profitons pas assez de ce potentiel humain, linguistique, social, économique et politique. Il faut faciliter les échanges à tous les niveaux : encouragement des investissements franco-africains, travail avec les associations pour porter des projets de développement communs, coopération universitaire et scientifique, saisons culturelles croisées. C'est un levier fondamental de nos échanges. D'ailleurs, je tiens à préciser que nous sommes le mouvement politique français le plus actif à l'étranger. Et en Afrique justement, nos comités au Maroc et en Afrique de l'Ouest font un travail exceptionnel.

L'éducation est au cœur de la démarche d'Emmanuel Macron. Elle est aussi un volet fondamental pour l'Afrique qui a besoin d'avoir de solides partenaires en la matière pour former les futures générations appelées à rester travailler sur le continent. Comment Emmanuel Macron envisage-t-il d'approcher ce partenariat académique ?
Il existe déjà des liens entre les universités françaises et africaines. De nombreux étudiants africains viennent faire leurs études en France. Mais ce n'est pas suffisant et il faut centrer nos efforts sur l'Afrique. Il faudra d'abord renforcer les capacités académiques africaines pour que l'Afrique bénéficie d'universités francophones et de centres de recherche de qualité plus nombreux, plus importants et plus reconnus. Les universités françaises et l'Agence de la francophonie devront nouer des partenariats privilégiés avec ces établissements, à travers des missions de professeurs et de chercheurs. Il est souhaitable que les étudiants africains puissent se former dans leur pays, même si les études en France resteront accessibles, en particulier aux niveaux master et doctorat. Nous sommes également favorables à un programme de type Erasmus entre l'Europe et l'Afrique. Et au-delà de ces échanges, notre politique en faveur de la francophonie et de la formation des enseignants sera consolidée.

Sur le volet économique, il y a la question du franc CFA. Comment Emmanuel Macron appréhende-t-il la suite et le futur du compagnonnage monétaire entre la France et les pays de la zone CFA ?
Le franc CFA est un gage de stabilité économique pour les pays des deux zones monétaires concernées. La question de son avenir dépendra avant tout du souhait des pays africains et de leurs dirigeants politiques et économiques, en lien avec les autorités françaises. Nous ne sommes pas opposés à des discussions et à approfondir la réflexion sur cette question importante, dans un esprit de partenariat. Notre souhait est de renforcer la sécurité des investissements et le cadre juridique stable des relations économiques avec l'Afrique pour favoriser la croissance et la prospérité africaines.

Après ce qu'il a dit sur la colonisation, quelle est la position d'Emmanuel Macron quant aux biens culturels acquis par la France avant et pendant la colonisation ?
Nous partageons avec l'Afrique une longue histoire et une mémoire partagée, faites de moments lumineux comme de parts d'ombre. Le moment est venu de réconcilier nos mémoires et de nous tourner ensemble vers l'avenir, notamment grâce aux nouvelles générations, sans oublier ce qui a tissé nos liens dans le passé. La question des biens culturels doit être examinée dans le respect du droit et des conventions internationales. L'une des dimensions importantes de notre coopération doit porter sur les capacités africaines de conservation et de protection du patrimoine culturel, avec la participation de tous les acteurs concernés.

Sur la question du terrorisme islamiste qui impacte aussi l'Afrique, la France est militairement engagée dans le Sahel. Emmanuel Macron envisage-t-il de maintenir le statu quo ou de retirer les troupes françaises stationnées en Afrique actuellement ?
Le terrorisme est un fléau qui touche l'Afrique et l'Europe. Il faut le combattre ensemble dans toutes ses dimensions, de l'éducation à l'action des services de renseignements, en passant par la coopération de défense. La France est présente militairement en Afrique dans le respect de la souveraineté des pays africains. Elle est intervenue à la demande des États, au Mali et en Centrafrique en particulier, pour protéger les populations civiles. Aux côtés de cette présence partenariale, nous devons consolider le « pilier » développement, en particulier dans les campagnes africaines et dans les zones périurbaines, pour limiter les effets de la désertification rurale et créer des opportunités d'emploi pour la jeunesse contre la menace de la radicalisation.

En résumé, quel regard Emmanuel Macron entend-il poser sur l'Afrique ?
Un regard respectueux, amical et ambitieux. L'avenir de la France et de l'Europe se joue aussi en Afrique, Emmanuel Macron en est convaincu. Élu président de la République, il se donnera tous les moyens de renforcer nos liens et d'ouvrir une nouvelle page dans les relations entre nos pays.

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