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© Integration.org : Engelbert Essomba Bengono
- 21 Feb 2017 00:54:25
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France-Afrique : Pourtant, la colonisation française est un crime contre l’humanité !...
En déclarant la semaine dernière que la colonisation française en Algérie est un crime contre l’humanité, M. Emmanuel Macron, candidat du mouvement «En marche» à l’élection présidentielle en France n’a fait que joindre sa voix aux innombrables autres voix, les unes plus illustres que les autres qui, avant lui, ont relevé le caractère inhumain de la colonisation dont les bases doctrinales sont inhumaines.
C’est en 1870, que les premières conquêtes coloniales sont lancées. M. Jules Ferry, porte-parole de la gauche républicaine française à la Conférence de Berlin déclare: «il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-àvis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures» (discours prononcé le 28 juillet 1885 à la Conférence de Berlin). Accepter la supériorité d’une race par rapport à une autre pose la base essentielle de la domination d’une race. C’est au nom de cette façon de penser que le nazisme et tous ses adeptes ont été traduits au tribunal de Nuremberg, à la fin de la deuxième guerre mondiale. Il n’y a rien d’humain dans le fait de coloniser.
La colonisation procède de l’exploitation. La colonisation procède du nettoyage mental ; la colonisation procède de génocides; la colonisation procède par la dépossession ; la colonisation déshumanise ; la colonisation contraint par la force. Le colon arrache ce à quoi il n’a pas droit. Le colon s’installe là où, en toute raison, il ne devrait pas. Le colon torture ; le colon banni ce qui le gène et le contrarie ; le colon tue celui qui le contrarie.
Le colon domine et discrimine. Qui peut oser nier que de nombreux aspects de la colonisation, surtout à partir de 1885, année où le phénomène devient un enjeu politique international, ne relèvent pas du crime contre l’humanité? Ce qui nous préoccupe, aujourd’hui, c’est le florilège d’injures insensées qui pleuvent sur M. Macron de la part de gens comme Mme Le Pen et M. Fillon qui aspirent à diriger la France. Tous ceux qui s’émeuvent et crient au scandale montrent que la révolution mentale de la repentance est loin d’être une réalité en France.
Tous ceux-là montrent que si la colonisation était à refaire, ils la referaient complètement, intégralement, indiscutablement ! Et l’on comprend mieux que tous ceux-là s’acharnent à maintenir les liens du néocolonialisme qui permettent, sous une forme déguisée, de continuer à dépouiller autrui pour enrichir la France. On comprend mieux que le seul slogan de campagne qui vaille pour ceux-là soit la préférence nationale, avec une différence de niveau ou d’ampleur, entre Le Pen et Fillon. L’essentiel c’est la France ! Tant pis pour les autres. La France seule prévaut, même si, pour cela, il faille recoloniser ! …
Et l’Union africaine doit traduire l’Etat français devant la Cour pénale internationale. La colonisation est un crime contre l’humanité, n’en déplaise à qui pense le contraire. Et des excuses de la France ne suffiraient certainement pas à réparer l’irréparable historique. Non, M. Macron ! Des excuses du président français seul ne suffiraient pas ! La déclaration de M. Macron, ancien ministre français, montre qu’il en sait plus qu’il n’en dit. Nous lui demandons d’aller au bout de la logique pénale du crime commis.
Aussi, s’il est élu président de la république en France le 22 avril d’abord et le 6 mai prochain ensuite, nous le prions de se disposer, en tant que Chef de l’Etat, à apporter tous les éléments que l’Etat français possède pour soutenir, devant la Cour pénale internationale, l’accusation africaine. Bien sûr monsieur ! La Cour pénale internationale doit être saisie. Mme Fatou Ben souda et compagnie, si prompts à juger Laurent Gbagbo et à pourchasser Omar El Béchir doivent se saisir de cette affaire, pour rendre justice historique aux milliers de morts africains de la colonisation. Puisqu’il s’agit de juger un Etat et non des individus, oserions-nous suggérer à l’Union africaine de saisir la Cour pénale internationale, aux noms de millions d’africains qui ont souffert de la colonisation ? Oserions-nous suggérer que M. Macron soit cité comme témoin de l’accusation africaine contre l’Etat français ?
Aucun homme, fût-il président de la république, ne peut fixer la nature et le niveau de la réparation du crime que le colonisateur a commis. Seul un juge impartial et universel comme la Cour pénale internationale, qui revendique d’en être un, peut apprécier la cause et rendre une décision, même symbolique, pour l’Histoire.
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