1er janvier 1960: Le Cameroun ouvre le bal des indépendances africaines
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1er janvier 1960: Le Cameroun ouvre le bal des indépendances africaines :: CAMEROON

18 colonies africaines accèdent en 1960 à l'indépendance. Le Cameroun, ancienne colonie allemande partagée en 1918 entre la France et le Royaume-Uni, inaugure les festivités en devenant indépendant le vendredi 1er janvier 1960 

Jeudi 31 décembre 1959, Yaoundé connaît une effervescence sans pareille. L'on assiste à l'arrivée en vague des invités sur la ville de Yaoundé. Notamment, le secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, le Premier ministre israélien, Golda Meir, le représentant des Etats-Unis d'Amérique, Henry Cabot Lodge, le représentant du gouvernement français, Louis Jacquinot, le Président du Conseil (Premier ministre) du Soudan Français (Mali), Modibo Keita, le résident du Conseil de la Mauritanie, Moktar Ould Dada, Léopold Sedar Senghor, Tombalbaye du Tchad... 

La ville de Yaoundé vit au rythme de cet important évènement qui sera célébrée le 1er janvier. Ce 31 décembre 1959, dans l'après-midi, il y a eu une cérémonie de remise du drapeau français. 

Selon certains historiens camerounais, il se racontait dans les chaumières de yaoundé que l'UPC aurait planifié un massacre sans précédent. Ce qui refroidira les populations restées cloîtrées chez elle pendant qu'une grande fête est organisée à son égard au Cercle municipal.

Vendredi 1er janvier 1960, toute la ville converge vers la Place de l'Indépendance, sise au quartier Hippodrome, le tout premier ambassadeur de France au Cameroun, Jean Bénard, présente ses lettres à Ahmadou Ahidjo vers 7h40 (1). À 9h30, le décor est planté. Les places à la tribune affichent complète,la cérémonie commence avec l'hymne national du Cameroun éxécutée par une chorale constituée de jeunes enfants 

Le secrétaire général de l'Onu prend la parole pour lever officiellement la tutelle des Nations Unies sur le Cameroun. Ensuite, suivront les interventions des représentants des Etats-Unis et de la France. 
Enfin, Ahmadou Ahidjo peut prononcer son discours. 

A la fin du discours, on assiste pour la première fois à un défilé de l'armée camerounaise, avec à sa tête un jeune capitaine du nom de Pierre Semengue. Dans l'après midi, 101 coups de canons sont tirés. L'émotion est au paroxysme parmi les Camerounais. Pendant le reste de la journée, la joie est indescriptible dans tous les foyers, à travers tout le territoire national. 

Ahidjo était-il le choix des Français ou pas ?

Dans une interview accordée au quotidien privé Mutations, Germaine Ahidjo, la veuve de l'ancien président indique à ce sujet: "C'est le haut-commissaire Jean Ramadier qui a manœuvré en faveur d'Ahidjo -contre la position officielle de Paris- afin qu'il devienne Premier ministre. Et Ramadier a été rappelé tout de suite à Paris. Mais la France a fini par s'accommoder d'Ahidjo." Une thèse que semble partager Roland Pré. Lors d'une conversation vers la fin des années 70 avec Jean Jacques Souris et rapportée dans les colonnes du magazine Les Cahiers de Mutations de décembre 2007, l'ancien gouverneur avouait: "Ahmadou Ahidjo nous surprend. Cela fait vingt ans qu'il est au pouvoir. Nous ne lui en donnions pas tant... Mieux, ce Peuhl que nous croyions timide s'est rapidement émancipé de la France... Nous avons appris à vivre avec Ahidjo

Pour Enoh Meyomesse: "Paris avait adopté des critères de sélection de l'individu à qui pouvait être confiée la direction du pays en cas d'octroi de l'Indépendance... La première personne contactée pour lui proposer de devenir Premier ministre à la place d'André-Marie Mbida, avait été Paul Soppo Priso… Face au refus catégorique de Paul Soppo Priso, Jean Ramadier s'était tourné vers Njoya Arouna, Sénateur du Cameroun à Paris. Lui également, après avoir pris connaissance de la "feuille de route", s'était récusé. Ce faisant, il avait toutefois suggéré que l'on posât la question à Ahmadou Ahidjo, vice-premier ministre et ministre de Intérieur d'André-Marie Mbida... Approché, Ahmadou Ahidjo avait accepté sans poser quelque condition que ce soit... Cette rencontre avait eu lieu le samedi 25 janvier 1958 à Paris et Ahmadou Ahidjo avait été de retour au Cameroun dimanche le 26 janvier 1958... Le 11 février 1958, Ahmadou Ahidjo donnait sa démission du gouvernement Mbida, avec tous les ministres..." (2)

A 36 ans, Ahmadou Ahidjo cet homme d'origine modeste a déjà un long passé d'homme politique. Elu de la ville de Garoua, il passe par l'Assemblée de l'Union française avant de devenir d'abord  vice-premier ministre chargé de l’intérieur (du tout premier gouvernement camerounais de mai 1957) et est nommé le 18 février 1958 au Poste de Premier Ministre, par le haut commissaire de France au Cameroun de l’époque, Jean Ramadier.

Bien avant la proclamation de l'indépendance du Cameroun, le programme de Monsieur Ahidjo pour le Cameroun comprenait alors cinq points principaux. D'abord, l'accession à l'autonomie interne totale ; ensuite, la détermination du calendrier devant conduire à l'indépendance du Cameroun, la coopération avec la France dans la liberté, la réunification des deux Cameroun" et la réconciliation nationale. 

Retour sur l'intégralité du discours de proclamation de l'indépendance du Cameroun

1- Histoire du Cameroun, T levesque P-86
2- Jean Calvin Ovono, La Météo, 18 mai 2010

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