Transe : Hystérie générale au lycée technique de Garoua
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Une trentaine de filles a été conduite hier dans des hôpitaux après avoir appris le décès d'une de leur camarade.

Une grosse émotion a parcouru la ville de Garoua hier matin. Il était un peu plus de 9h quand la nouvelle s'est mise à circuler dans la ville. Le bouche à oreille et des réseaux sociaux étaient en surchauffe. « Toutes les filles tombent en transe au lycée technique de Djamboutou. Allez y reconnaître vos enfants si vous en avez d'inscrits là-bas », nous a conseillé un élève de cet établissement.

Vers 10h pourtant tout paraissait calme dans ce lycée de la périphérie de la ville. « Le souspréfet et le délégué départemental des enseignements secondaires ont demandé aux élèves de rentrer chez eux », nous explique un responsable du lycée. Les professeurs atterrés se sont réfugiés sous les arbres de la cour. Ils discutent sur un ton effréné. Ils tentent de comprendre « le phénomène ».

« Avant 8 h on nous a alerté qu'une élève de la classe de 2ème année Économie sociale et familiale (Esf) avait un malaise, une transe. Nous sommes arrivés dans la salle pour savoir ce qui se passait. Nous avons découvert une élève de 15 ans couchée au sol. Elle criait en se débattant », révèle une source dans l'encadrement du lycée. Ce n'était visiblement que le début du drame.

« Subitement sept autres filles de la même classe sont elles aussi tombées à terre et roulant au sol comme des possédées », apprend-on. La crise comme contagieuse s'est propagée dans d'autres classes du lycée. « Alors qu’on essayait de reprendre le contrôle de la situation des cris des élèves nous ont alertés. Des filles tombaient en 3ème année, en classe de 1ère . Ça n'arrêtait plus. Le proviseur déborde a alors décidé d'appeler les parents des enfants. Il a ensuite appelé les autorités. Le sous-préfet et le délégué départemental des enseignements secondaires sont arrivés.

Le sous-préfet a décidé de faire transporter les filles en état de choc dans des hôpitaux. Il a aussi demandé aux autres élèves de rentrer. Les enfants se sont alors pour la plupart réunis à l'entrée du lycée rongés par la curiosité. Dans cet attroupement, d'autres filles sont tombées », a poursuivi notre interlocuteur. Au total une trentaine de filles est tombée affirme notre source. Les enfants ont été conduits à l'hôpital régional de Garoua pour certaines et à celui de l'église baptiste dit « hôpital de l'espérance » au quartier Djamboutou pour la plupart.

Des centaines de parents venus des quatre coins de la ville vous accueillaient à l'entrée de l'hôpital de l'espérance. Les six policiers dépêchés étaient débordés.  Le portail a été fermé aux visiteurs. Le journaliste Leo Messi alerté dès le début de la crise a pu se faufiler. « Il y a eu 26 filles. J'en ai vu plusieurs. Elles sont pour la plupart ici. Elles étaient hystériques. Elles hurlaient des paroles incohérentes, s'agitaient dans tous les sens, étaient difficile à maîtriser. L'on m'a dit que cette situation est survenue quand elle ont appris le décès d'une de leur camarade ».

Notre source à la direction du lycée confirme la révélation du confrère. « Nous avons aussi appris que c'est l'annonce du décès de leur camarade qui les aurait, je le dis au conditionnel parce que je n'ai pas vu le corps, mise en état de choc ». Pour sa part le journaliste confie que des élèves ont prétendus que « la maladie était mystique ». C'est avec cette croyance de possession mystique de jeunes filles que la nouvelle s'est répandue dans la ville et au-delà. Une croyance qui suppose que lors de la période de décrue des rivières, des hommes dotés de pouvoirs magiques recrutent par la sorcellerie des filles robustes pour les faire travailler comme esclaves dans les champs de sorgho Karal.

C'est en effet dans les argiles limoneux, des abords de rivières que le sorgho est planté par des personnes très vigoureuses. Les adeptes du Sahn s'aideraient de recrues zombiifiées pour faire de vastes plantations. Certains d'eux seraient parvenus à se faire de grandes fortunes. Toutefois, ces scènes se répètent chaque année à la fin de la saison pluvieuse. Des professionnels de la santé affirment qu’elles sont causées tantôt par des excès de paludisme.

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