Que vont devenir Barack et Michelle Obama après la Maison Blanche ?
ÉTATS-UNIS :: POLITIQUE

ÉTATS-UNIS :: Que vont devenir Barack et Michelle Obama après la Maison Blanche ? :: UNITED STATES

Barack et Michelle Obama n'ont pas encore quitté la Maison Blanche que déjà se pose la question de leur avenir. Mémoires, discours rémunérés, œuvres caritatives : pour les spécialistes, il n'y a pas de quoi s'inquiéter.

"Il n’y a rien de plus pitoyable dans la vie qu’un ancien président." Pas certain que cette formule, prêtée à John Quincy Adams qui occupa la Maison Blanche de 1825 à 1829, s'applique à Barack Obama. Le chef de l’État américain passera le témoin à Hillary Clinton ou Donald Trump le 20 janvier, à l’âge de 55 ans. S'il a déjà plaisanté sur LinkedIn, le 44e président devrait avoir plus d'un débouché, et pas des moins lucratifs.

"Il aura une vie pleine et active après la Maison Blanche. Il va perdre de son pouvoir mais garder son influence, ici et à l’étranger", prédit Mark Updegrove, directeur de la bibliothèque présidentielle Lyndon Baines Johnson et auteur de "Second Acts : Presidential Lives and Legacies After the White House". Et son épouse, Michelle, passée en quelques années d'"épouse de" à icône de la culture populaire, n'est pas en reste.
 
Une maison à Washington

Le couple a décidé de rester dans un premier temps à Washington, dans une maison de près de 800 mètres carrés évaluée à 5,3 millions de dollars, dans un quartier chic de la capitale fédérale. Leur cadette, Sasha, doit en effet y terminer sa scolarité. "C’est vraiment inhabituel pour un couple présidentiel. Hillary Clinton aura ainsi un ex-président pour mari et un autre vivant à quelques kilomètres de là", constate Kate Andersen Brower, auteure de "First Women : The Grace and Power of America’s Modern First Ladies".

Et ensuite, retourneront-ils à Chicago, leur ville d’origine ? Nombreux sont ceux, comme Burton Kaufman, historien et auteur de "The Post Presidency : From Washington to Clinton", qui en font le pari. Mais selon les sources de la journaliste Kate Andersen Brower, ils pourraient aussi bien s’installer à New York, pour renouer avec un certain anonymat. "Barack Obama passera sans doute aussi du temps à Hawaï, où il est né. C’est un endroit qui tient une grande place dans son cœur", estime de son côté Mark Updegrove.

Des mémoires et des discours

Pour mener à bien tous leurs projets, les Obama auront besoin d’argent. De beaucoup d’argent. Bien sûr, ils sont loin d’être à plaindre. La loi garantit aux anciens présidents un salaire de 205 700 dollars par an, ainsi qu’une myriade d’avantages en nature, comme un bureau et une équipe dédiée. Rien pour Michelle Obama en revanche, qui, en raison du caractère non officiel du statut de Première dame, a dû se passer de salaire pendant ses huit années à la Maison blanche. Un exemple qui illustre, de manière éclatante, l’inégalité salariale entre hommes et femmes, d’autant que Michelle Obama a dû quitter un emploi pour lequel elle était mieux rémunérée que son mari.

La rédaction de Mémoires est l'un des débouchés les plus rémunérateurs s'offrant au candidat sortant. La plupart des ex-présidents se sont pliés à l'exercice, avec un pactole à la clé. Bill Clinton avait ainsi reçu une avance record de 15 millions de dollars pour son livre "My Life", en 2004. Pour Barack Obama, auteur à succès avant d’être président, cela ne devrait pas être trop difficile. "C’est un écrivain très talentueux", souligne l’historien Burton Kaufman. Selon le New York Times, les Obama pourraient signer des contrats d’un montant compris entre 20 et 45 millions de dollars à eux deux pour raconter leur vie. L'éditeur de chez ICM/Sagalyn avance même que Michelle Obama pourrait décrocher le contrat le plus juteux de l’histoire pour une ex-Première dame. "Il est possible que son livre se vende même mieux que celui de son mari. J’ai entendu dire qu’elle était déjà en train de travailler dessus", rapporte Kate Andersen Brower.

Pour arrondir ses fins de mois, il existe un autre moyen, bien connu des Clinton. Ces derniers auraient en effet engrangé quelque 25 millions de dollars pour une centaine de discours rémunérés. "Bill Clinton demandait 250 000 dollars par soirée", rappelle Burton Kaufman. La parole de Barack Obama coûtera sans doute elle aussi très chère à partir de fin janvier : il pourrait lui aussi percevoir des émoluements à six chiffres pour s’exprimer dans des entreprises privées, des universités ou des pays étrangers. Quant à Michelle Obama, son cachet pourrait s'élever à quelque 100 000 dollars pour chaque intervention.

Une librairie et une fondation caritative

Cet argent pourrait servir au projet central du couple : la construction du Obama Presidential Center dans le sud de Chicago. Ce centre, qui sera la trace architecturale et culturelle de la présidence Obama, comprendra une bibliothèque et un musée, et pourrait coûter jusqu’à 1 milliard de dollars, selon le New York Times. "Ils ont déjà le site, ils ont choisi les architectes", indique Burton Kaufman. Le centre sera financé par la Fondation Barack Obama.

On en sait peu sur les causes que servira cette fondation. Mais comme le Carter Center, dévoué à la paix dans le monde, ou la Clinton Global Initiative, consacrée au climat et à la santé, la fondation Obama devra choisir un angle d’attaque. Barack Obama a déjà semé quelques indices en affirmant qu’il aimerait "retourner au type de travail qu’(il) faisait avant, essayer de trouver des moyens d’aider les gens". Pour Burton Kaufman, il est très probable que les Obama se consacrent à de multiples petits projets locaux : "Je ne le vois pas, comme l’ont fait Carter ou Clinton, lever des millions de dollars pour éliminer une maladie en Afrique. Son truc, c’est plutôt d’aider les communautés à s’organiser."

La ville de Chicago, périodiquement secouée de violences, serait un terrain parfait. "Aider à l’éducation des jeunes, aider les gens à trouver du travail, essayer d’attirer les entreprises dans les quartiers qui n’en ont pas assez. C’est le genre de job que j’aimerais vraiment faire", avait déclaré Barack Obama devant des étudiants l’année dernière. Quant à Michelle Obama, Kate Andersen Brower estime qu’elle continuera à soutenir les causes qui lui sont chères, comme l’éducation et la santé, mais qu’elle s’aventurera peut-être aussi sur des terrains plus polémiques, comme le contrôle des armes à feu.

Des cours à la fac pour Barack, un talk show pour Michelle ?

Burton Kaufman n'écarte pas non plus le scénario selon lequel Barack Obama pourrait dispenser des cours de droit, comme il l’a déjà fait avant de devenir président. L’Université de Chicago semble un choix évident, ou Harvard, où il a étudié le droit, ou à Columbia, où il a été diplômé en sciences politiques. Hillary Clinton a même affirmé l’année dernière qu’elle pensait que Barack Obama ferait un "brillant" juge à la Cour suprême. Mais le principal intéressé ne semble pas du même avis.

Les médias américains ont évoqué d’autres plans de carrière, dont certains plutôt loufoques. Dans une interview pour GQ l’an passé, Barack Obama a ainsi affirmé qu’il adorerait posséder une ligue de NBA. D’autres encore s’appuient sur l’intérêt du président américain pour les sciences pour lui prédire un futur dans la Silicon Valley. Mais pour Burton Kaufman et Mark Updegrove, il est peu probable que l’on voie Barack Obama dans le secteur privé, à cause du risque évident de conflit d’intérêts.

Quant à Michelle Obama, certains journalistes la voient déjà présenter un talk show à la Oprah Winfrey. "Une Barbara Bush ou une Nancy Reagan n’y auraient jamais songé. Mais si Michelle Obama se lançait, il faudrait que cela soit pour soutenir une cause, elle ne peut pas juste interviewer des stars", estime Kate Andersen Brower.

La politique, c’est terminé

Il est une chose sur laquelle tout le monde s'accorde : la politique, c’est fini. "C’est la tradition américaine : les ex-présidents s’élèvent au-dessus des partis", confirme Mark Updegrove. Le couple l’a dit et répété, ni l’un ni l’autre ne cherchera à se faire élire. De quoi doucher les espoirs des fans de Michelle Obama, dont le talent oratoire a été salué dans plusieurs discours spectaculaires ces dernières semaines. Mark Updegrove ne croit pas à son entrée dans l’arène politique : "Mais si elle devait un jour se présenter au Sénat, je n’ai aucun doute quant au soutien énorme qu’elle recevrait." "Elle ne va pas disparaître, mais je ne pense pas qu’elle cherchera à se faire élire, tranche Kate Andersen Brower. Elle pourrait être bien plus efficace en dehors du Congrès."

Si les Obama rangent leurs costumes de bêtes politiques, s’effaceront-ils pour autant de la vie médiatique ? "[Barack Obama] restera un homme public, mais il ne tentera pas de s’imposer, surtout si Hillary Clinton gagne", prédit Burton Kaufman. "Il y a une règle non écrite, en ce qui concerne les ex-présidents, qui est de faire profil bas, notamment pour donner l’opportunité à son successeur d’occuper l’espace", confirme Mark Updegrove.

Pour l’instant, Barack Obama envisage sa condition de futur ex-président avec le sourire. Dans une vidéo avec le présentateur Stephen Colbert mi-octobre, le président a simulé un entretien d’embauche pour le moins hilarant.

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Camer.be sur tiktok

Vidéo de la semaine

évènement

Camer.be sur tiktok

Vidéo


L'actualité en vidéo