Investissements : Canal+ dans le cinéma camerounais
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Investissements : Canal+ dans le cinéma camerounais :: CAMEROON

L’entreprise française, bien implantée au Cameroun, diversifie ses activités pour pénétrer un marché complexe.

C’est par mails que Canal + a choisi d’annoncer à ses abonnés l’ouverture d’une salle de cinéma et de spectacle dans la ville de Yaoundé. Une décision courageuse quand on connait le rythme avec lequel toutes les salles de cinéma du Cameroun ont fermé. Pour illustrer les difficultés financières que ces salles rencontraient, Ama Tutu Muna, alors qu’elle dirigeait encore le ministère des Arts et de la culture, rappelait les difficultés financières du cinéma Abbia, qui était alors la plus importante des salles de cinéma du Cameroun.

« Le problème de la fermeture du cinéma Abbia est lié au non-paiement des loyers par les exploitants », expliquait-elle. Canal + n’ignore certainement pas que le marché des salles de cinéma est très étroit au Cameroun. Pire, il est difficilement rentable. C’est la raison pour laquelle Canal +, avant de lancer cet ambitieux projet, a pris le soin d’interroger ses clients. Et tout compte fait, le groupe français, très actif dans la production cinématographique en France, mise sur la qualité de sa programmation pour appâter les clients. Canal +, pour éviter de se fourvoyer, a également interrogé ses abonnés sur leurs préférences cinématographiques.

« Votre contribution nous permettra de proposer une programmation et des évènements qui répondent à vos envies », faisait savoir la direction de Canal+. Mais pour beaucoup, même cette approche ne garantit aucun succès. Un acteur du monde culturel expliquait sur le plateau d’une radio de Yaoundé que l’exploitation des salles de cinéma n’est pas rentable dans le contexte actuel. Pour ce dernier, même en misant sur la programmation, il sera difficile d’inverser la tendance. Tout porte à croire que le problème n’est pas la sousconsommation des films, mais le lieu de consommation.

Une étude faite sur ce sujet, prouve que « plus de la moitié des Camerounais préfèrent voir des films à la maison et dans les vidéos clubs ». Cette attitude de consommation affecte négativement les salles de cinéma. Les échecs des salles Abbia et Le Wouri, à Yaoundé et Douala, sont le témoin de ce que ce marché est difficile.

Ces deux salles de cinéma ont subi le même sort pratiquement à la même période. Et dire qu’elles appartenaient au Groupe Fotso, du milliardaire camerounais Victor Fotso. C’est dire que Le Wouri et Abbia auraient rencontré les mêmes difficultés et menaces. On a aussi enregistré la sortie en jeu de la prestigieuse salle de cinéma de la ville de Bafoussam. Après toutes ces défaites, le Cameroun ne comptait plus de salle de cinéma. Une situation que veut certainement faire oublier Canal +.

C’est aussi une bonne nouvelle pour Canal+, dans la mesure où ce groupe n’aura pas de concurrent. Puisqu’après la fermeture des salles de cinéma Abbia à Yaoundé et Le Wouri à Douala, le secteur est resté vide et muet. L’offre avait disparu (si ce n’est la salle du Centre culturel camerounais) même si la demande est restée factuelle.

L’autre élément porteur qui jouera en faveur de ce projet de Canal+, est sans doute la bonne qualité de sa feuille de route. Pour pénétrer le marché en atténuant le taux de risque, le groupe Canal+ a développé un programme titanesque dénommé : « Programme d’Investissement dans l’Industrie culturelle en Afrique ».

Pour les orfèvres en la matière, un programme bien pensé fini toujours par réussir, même si les imprévus peuvent avec surprise vous conduire vers une quelconque banqueroute. Et justement les résultats attendus par Canal+ en se lançant dans ce secteur ne tarderont pas à venir.

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