Suspendus pour une durée de 90 jours à titre conservatoire par la Commission d’éthique de la Fédération internationale de football association, le président démissionnaire de l’instance et le patron de l’Uefa ont tous deux interjetés appel devant la chambre de recours. Les deux hommes estiment qu’ils paient injustement le prix d’une cabale montée de toutes pièces par certains de leurs détracteurs.

Pas la peine de s’inquiéter pour Sepp Blatter. Rassurez-vous, il tient le choc. «Je vais bien (...), je suis un combattant», a déclaré hier dimanche le président démissionnaire de la Fifa qui écope d’une suspension de 90 jours que lui inflige la commission d'éthique, dans l’hebdomadaire dominical suisse Schweizer am Sonntag. «On peut me détruire, mais on ne peut pas détruire l'œuvre de ma vie», insiste-t-il. Interdit de s'exprimer sur la Fifa et sur toute l'affaire ayant conduit à sa suspension, sur ordre de ladite commission, Blatter explique qu'il a quitté samedi dernier son bureau au siège de l'institution à la tête du football mondial, sur les hauteurs de Zurich.

Dès vendredi, il avait dèjà interjeté appel de sa suspension devant la chambre de recours de la Fifa. Au passage, il a demandé à être à nouveau entendu par la Commission d'éthique, après une première audition le 1er octobre. La requête du désormais ancien homme fort du foot mondial a été placée en examen. En cas de rejet de son appel, le président de la Fifa en exercice depuis 1998 aura ensuite la possibilité de saisir le Tribunal arbitral du sport (Tas) à Lausanne.

Le président de l'Uefa, Michel Platini, également suspendu 90 jours par cette même commission d'éthique, a aussi fait appel de sa suspension, samedi. C'est un paiement de 1,8 million d'euros (2 millions de francs suisses) reçu en 2011 de Sepp Blatter pour un travail de conseiller arrêté en 2002 qui lui vaut cette sanction. Ce même dossier lui avait valu d'être entendu en fin septembre comme témoin assisté par la justice suisse. Objet d'une procédure pénale de la justice suisse, en tant que prévenu, Blatter est visé par ce versement à Platini mais également par un contrat signé avec Jack Warner, le président de la Fédération des Caraïbes, en 2005, par lequel il aurait cédé à des prix très en-dessous de ceux du marché les droits de diffusion des Mondiaux 2010 et 2014. Dès l’annonce de sa sanction, le champion d’Europe des nations 1984 s’était montré combatif, dénonçant une « farce ». « Je rejette dans leur intégralité les allégations qui me sont reprochées et qui reposent sur de simples apparences juridiques, elles-mêmes d’une imprécision stupéfiante. Le libellé (de la sanction, ndlr) se borne en effet à indiquer qu’un manquement au code d’éthique de la Fifa ’semble avoir été commis’ », écrivait-il encore jeudi.

Enquête d’intégrité

Samedi, l’emblématique numéro 10 de l’équipe de France a également reçu une première marque de soutien de poids hors d’Europe : la Confédération sud-américaine de football a ainsi jugé « disproportionnée » cette suspension et en a demandé la révision, jugeant le Français comme « pleinement » à même « de diriger la Fifa ». « La présomption d’innocence est un droit fondamental (et) M. Platini n’a pas été reconnu coupable d’une quelconque charge ; dès lors sa suspension à titre conservatoire met en péril l’intégrité du processus électoral de la présidence de la Fifa pour laquelle M. Platini est candidat », souligne la Conmebol. L'élection présidentielle aura-t-elle bien lieu le 26 février? Qui peut faire le grand ménage attendu au sommet du football mondial? What next ? Platini, était jusqu'ici favori pour succéder à Blatter. Suspendu pour 90 jours, il reste toutefois juridiquement candidat.

Mais, il devra se soumettre à une enquête d'intégrité de la commission électorale, menée par la même commission d'éthique qui vient de le suspendre. Les mises à l'écart, définitives du Dr Chung (ancien vice-président de la Fifa, suspendu 6 ans pour infraction dans le cadre de l'attribution du Mondial-2022) et provisoire de Platini (qui veut faire appel) ne laissent plus que des postulants de second ordre. Comme le prince jordanien Ali bin Al Hussein, qui avait poussé Blatter au second tour le 29 mai, l'ancienne star du foot brésilien Zico ou encore le président de la Fédération du Liberia Mussa Bility. Un outsider pourrait se déclarer: le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela et nommé récemment à la tête du Comité de surveillance de la Fifa pour Israël et la Palestine. La date de remise des dépôts de candidature est fixée au 26 octobre.