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© Correspondance : Arsène Kouamen
- 21 Sep 2015 08:00:33
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BURKINA FASO :: GILBERT DIENDERE, CE STRATÈGE QUI A BERNÉ LE MONDE ENTIER
Le coup d’État récent au Burkina Faso, qui a permis au Général Gilbert Diendere de prendre la tête du pays via Le Conseil National pour la Démocratie (CND) tout en demettant le gouvernement provisoire, est labellisé par une grande partie de l’opinion publique comme « BÊTE » et « INOPPORTUN ». L’un des critiques de ce courant de pensée est Alpha Conde, Président guinéen, sans doute, surpris par le caractère infantile de ce projet, s’est demandé “Comment un homme aussi intelligent que Diendere a pu se mettre dans cette situation”.
Diendere a doré son blazon au fil des crises qui ont secouées la sous region CEDEAO. C’est ainsi qu’on le retrouve comme acteur dans les conflits en Sierra Leone, Mali, Cote d’ivoire, ou Liberia. Certains analystes s’accordent à dire que c’est lui qui était le cerveau du régime de Blaise Compaore dont il a occupé la tête du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) de 1987 à 2014, date de la chute de ce dernier. Ce qui a fait de lui, selon le journal Le monde, “Un fin Stratège ».
Voilà donc ce qui constitue l’anguille sous la roche. Comment un “Fin stratège peut commettre une erreur d’appréciation aussi futile, tout en effectuant un coup de force qui n’aura ni l’assentiment du peuple, ni le soutien de ses pairs africains, encore moins celui de la Communauté Internationale? Et si c’est Diendere qui nous avait mené tous en bateaux en “Faisant du bruit à l’EST pour attaquer l’OUEST” ?
Une fois que l’on se debarrasse de toute l’émotion et l’indignation soulevées par cet acte odieux et suranné qui se doit d’être dénoncé avec toute la violence qui lui est consubstantielle, tout en arborrant concommitament une posture critique dépoussiérée de toute intention populiste, il apparait évident que Diendere, à défaut du but ultime (appropriation du pouvoir) identifié par la masse, a marqué des points importants dans ce putsh. Les éléments qui nous mènent à cette analyse des faits sont les suivants:
1. La Cause
Pour réussir toute insurrection, les insurgés doivent au préalable se munir d’une cause. Cette cause se doit d’être soit légitime, soit juste, soit les deux de facon simultanée. Une cause est marquée par le sceau de la JUSTICE à travers la conscience populaire. Cest de part l’aspect psychologique d’un environnement donné que l’on détermine si une cause est juste ou non. C’est ainsi que les mouvements de résistance dans les colonies étaient justifiés par la population assiégée. L’avantage de cette posture, c’est que l’on bénéficie du soutien d’une importante partie du peuple au sein duquel on peut recruter des sympathisants.
Une cause est par contre légitime, lorsquelle s’appuie sur des mesures légales d’une contrée. Toute tentative de bafouement de ces mesures peut créer un sentiment de mécontentement qui peut déboucher sur une insurrection. Rousseau dans l’esprit des lois s’en était d’ailleurs fait l’écho: “Nul n’est tenu d’obéir à une loi injuste”. Le mouvement de résistance des jeunes patriotes de Côte d’Ivoire a épousé cette logique des choses. Ils ont pris d’assaut les rues parcequ’ils entendaient défendre l’intégrité et l’autonomie de leur pays à travers le principe inalienable de la « Souveraineté ». L’avantage de cette posture, c’est qu’à défaut d’avoir le soutien de la majorite du peuple, elle fera certainement des émus au sein de l’élite dirigeante.
C’est bien évidemment sur le principe de légitimité que le CND s’est arc-bouté. Dans la déclaration qui valide son coup de force, il parle de la démocratie comme étant “le droit de tout citoyen d’être électeur et d’être eligible”. Au paravent, le gouvernement de transition avait manœuvré pour écarter les membres du CDP, parti de Blaise Compaore. L’élite dirigeante s’en était d’ailleurs offusqué. C’est donc logiquement que nous retrouvons dans cette déclaration du CND ceci: “Malgré les recommandations fortes des chefs d’États de la CEDEAO, malgré une condamnation ferme de la Cour de justice de la CEDEAO, enjoignant au Burkina Faso de lever tous les obstacles à la libre participation des candidats aux élections, le Conseil Constitutionnel va être instrumentalisé pour violer cette décision internationale”.
Diendere a certainement compris qu’à défaut de justifier ou de soutenir le coup d’Etat, les dirigeants de la CEDEAO et par ricochet de l’UNION AFRICAINE, le comprendraient. Un jury qui sourit est une condemnation qui s’envole dit-on.
2. « SI VIS PACEM, PARA BELLUM»
L’un des pilliers de la francafrique est le principe des accords de défense entre la France et ses anciennes colonies. C’est dire que si une colonie est attaquée, elle se doit de demander le soutien à la France qui, selon les accords, a le devoir de venir à la rescousse de cette colonie. C’est fort de ce paternalisme millitaire que les anciennes colonies francaises ont toutes des armées moribondes, sous-équipées, mal entraînées, et ne se specialisant que dans le racket de la population. L’exemple récent de l’avancée fulgurante des Touaregs dans le Nord du Mali qui ne rencontrèrent aucune resistance plausible sur leur passage et dont la caravane infernale se dirigeait droit sur Bamako, est un cas d’école. N’eût été l’intervention de la France grâce à l’opération Serval, sous le couvert de l’ONU, le Mali serait aujourd’hui territoire occupé où le Jihad et la Charia auraient été institutionnalisés.
Mais la source véritable de cette incurie millitaire, reside dans l’avidité pouvoiriste des dirigeants africains. Ces derniers, trop jaloux de leur pouvoir, et entretenant le fallacieux désir de s’éterniser au pouvoir, choisissent de délaisser l’armée régulière de leur pays, tout en se composant une millice bien équipée et armée, prêt a à défendre le pouvoir du roi à tous les prix. Voilà la genèse des régiments de sécurité présidentielle, et par conséquent celle du RSP au Burkina Faso.
Cet assemblage de 1300 soldats, sur équipe, est la seule force millitaire du pays. Le reste de l’armée, sont juste des officiers en treillis, mais rien de plus. Cet avantage considérable donne à Diendere et au CND une position confortable en cas de conflit armée. Mais d’avantage c’est le sentiment des soldats du RSP vis à vis de la cause defendu qui est important. Ce régiment après la chute de Blaise Compaore, a vu son avenir être remis en question, car juge trop proche et forcément loyal au Président déchu. La logique voudrait que tout nouveau gouvernement puisse s’en débarrasser.
C’est donc fort de ces frustrations et dans l’optique de sauver ces soldats en détresse, que Gilbert Diendere a fait sienne cette locution latine tirée du livre de stratégie militaire du romain Végèce : “ SI VIS PACEM, PARA BELLUM”. Qui veut dire en francais : “Qui veut la paix, prepare la guerre”. En prenant tout le monde par surprise et fort de sa puissance de feu, il se place donc en acteur majeur et incontournable de toute plateforme de dialogue qui débouchera de la crise ouverte. La preuve s’est vue avec la réception de Macky Sall (Président du Sénégal) et de Yayi Boni (President du Bénin) par notre fin stratège avec les honneurs de l’État du Burkina Faso. C’est Sorro Guillaume qui s’en est fait le principal écho de cette victoire symbollique à travers son livre Pourquoi je suis devenu rebelle. Il dit: “La venue de Dominique De Villepin a pour nous porter l’invitation pour Marcousis afin de discuter des problèmes de la Côté d’Ivoire, fut un grand jour pour la rébellion. Par ce faire, la rébellion était reconnu sur le plan international comme interlocuteur crédible de la crise en Côte d’Ivoire ». La venue de Macky et de Yayi fût une victoire tactique pour Gilbert Diendere.
3. Le refus du pouvoir
Tout mouvement insurrectionnel a pour objectif de renverser le pouvoir loyaliste et de s’installer à la tête de l’État. C’est la raison-d’être de l’insurrection. En passant en revue tous les coups d’États qui ont été opérés en Afrique ou dans le reste du monde à quelques différences prêtes, une fois le coup de force reussi, le meneur de la junte s’installe au pouvoir. C’est toute la différence avec Diendere. Tous les analystes sur la question s’accordent à dire que ce coup de force n’était pas pour lui, mais pour permettre au CDP d’aller aux élections. Ce qui est un fait assez inedit. Ainsi donc, notre Général est moins vu comme un anarchiste, mais plutôt comme une personne qui porte les doléances d’une partie de la population frustrée. Ainsi, il est plus plausible qu’il soit ouvert à la discussion et dans le cas échéant aux compromis, tant que les aspirations de la Cause sont étudiées.
Ce désintéressement du pouvoir se traduit par l’attitude des millitaires du RSP qui ont pris d’assaut les artères de la ville de OUAGADOUGOU en imposant un couvre feu, et dispersant les manifestants tout en “Tirant des balles en l’air” selon le témoignage de ces derniers. Donc, l’utilisation de la force dans ce cas est beaucoup plus dissuasive que répressive. Certes, il y a eu des morts, mais malheuresement pas assez pour en faire un cas de crime contre l’humanité. Cela démontre une fois de plus, la bonne foi du RSP et de Gilbert Diendere, ce qui les différencie de tous les mouvements insurrectionnels classiques.
Conclusion
Au regard de tout ce qui précède, il apparait comme évident que, lors des pourparlers qui sont menés des mains de fers par Macky Sall et Boni Yayi, certaines aspirations du RSP soient prises en compte comme le maintien de ce régiment et même l’autorisation aux membres du CDP de participer à toutes élections démocratiques se tenant sur le territoire du Burkina Faso. Mais, surtout Diendere qui fût un temps déchu, reviendra au devant de la scène via le nouveau gouvernement qui en résultera. Ce qui serait très certainement une victoire pour Gilbert Diendere qui nous aura servi en mondo vision une lecon de stratégie insurrectionnelle dissuasive.
Et c’est le profane et les médias de propagande via la vague d’indignation, qui en auront pris pour leur grade. Comme nous l’avons dit plus haut, pour Gilbert Diendere, il s’agissait de “Faire du Bruit à l’Est pour attaquer l’Ouest”. En d’autres termes, faire un coup d’État pour faire accepter ses motivations politiques. A la fin de ce conflit, il n’aura certainement jamais aussi bien porté son qualificatif de « FIN STRATÈGE ».
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