Cameroun,Questions autour du quatrième recensement de la population
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Cameroun,Questions autour du quatrième recensement de la population :: CAMEROON

Imprécision. Le chef de l’Etat vient de signer un décret instituant le recensement général des populations et de l’habitat sans préciser quand cette opération va commencer. Sur le principe, c’est une bonne nouvelle. L’Etat veut savoir combien sommes-nous pour mieux planifier le développement et prendre
en compte le dividende démographique dans l’élaboration des politiques. 

Bien réalisé, le recensement permet aussi de dresser la carte sociale et celle des infrastructures de base pour les besoins d’aménagement du territoire. Paul Biya a signé hier mardi 15 septembre 2015, un décret instituant sur l’ensemble du territoire national, un recensement général de la population ( 4éme Rgph). 
Dans ce document de cinq chapitres, le président de la République explique que ce recensement vise entre autre à fournir des éléments pour le renforcement des politiques en faveur des femmes, des enfants, des jeunes, des personnes handicapées, des personnes âgées et des autres personnes socialement vulnérables.

Quand aura donc lieu ce dénombrement? Personne ne le sait pour l’instant. Du moins, la réponse n’est pas dans le décret. Paul Biya écrit qu’un décret du Premier ministre va fixer le début et la fin de ces opérations.

L’on ne connaît pas non plus quand ce décret du Pm sera publié.Le texte du chef de l’Etat dit par contre qu’il faut mener d’abord des opérations pré-recensement. Il les cite d’ailleurs. Il s’agit par exemple de l’élaboration des documents techniques, la cartographie censitaire, le recensement pilote, la formation du personnel, la sensibilisation, le dénombrement principal etc. 

Le décret donne aussi des précisions sur ceux qui seront recensés. Il s’agit de « toutes les personnes physiques résidant sur le territoire de la République du Cameroun à l’exception des membres du corps diplomatiques et consulaire et de leurs familles ».

Calendrier inexistant

Sur la conduite de ce recensement, le décret indique que les personnes devant être recensées le seront là ou elles habitent, qu’elles soient présentes en ce lieu le jour de recensement ou en soient temporairement absentes. 

A noter que seront comptés à part, les forces de défenses et de sécurité en casernes, quartiers et camps assimilés, les personnes en traitement médical pour plus de six mois dans les établissements hospitaliers ou des centres de réhabilitation, les détenus dans les établissements pénitentiaires. Pareil pour les élèves et les étudiants vivant en internat, les mineurs encadrés dans les centres de rééducation sociale, les ouvriers logés dans les baraquements des chantiers etc.

Pour ce qui est des organes devant gérer ce recensement,Paul Biya crée quatre superstructures : le conseil national, le comité technique, la coordination nationale, les comités régionaux, départementaux, et d’arrondissement. Le conseil national est une espèce de conseil d’administration en ce sens qu’il est défini dans le texte comme étant un « organe d’orientation ». Il a pour président le « ministre chargé des questions des populations », secondé par le ministre de l’Habitat.

Ses membres, une vingtaine, viennent de diverses administrations, mais aussi du groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), et le Mouvement des entreprises du Cameroun (Mecam). L’autre instance, le comité technique est l’organe opérationnel, présidé par le secrétaire général du ministère en charge des questions des populations. Ensuite, il y a la coordination nationale, chargée de la conduite des opérations de recensement. C’est elle qui doit préparer les réunions du comité technique et du conseil national dont elle suit l’exécution des décisions. Cette coordination est assurée par le bureau des recensements et des études de population (Bucrep).

A rappeler que le budget de ce quatrième recensement provient des dotations de l’Etat, des financements extérieurs, des dons et legs.

Ce décret appelle au moins trois observations: d’abord l’absence d’un calendrier détaillé des opérations de ce recensement. Ensuite l’absence des financements.

Comment peut-on organiser une telle opération sans avoir une ligne budgétaire prévue à cet effet dans la loi de finances. Préciser dans un décret que l’opération sera aussi financée par de dons est curieux.

Ce décret recèle aussi des tares contenues dans l’organisation des nos structures. Il est difficile de justifier la pertinence de créer autant de structures pour un même objet, d’ailleurs ponctuel. Le conseil national, le comité technique, la coordination national, les comités régionaux, départementaux etc ont les mêmes missions pourtant dévolues au bureau des recensements et des études de population (Bucrep).

Enfin, en lisant ce décret, l’on a comme impression que ce recensement va démarrer après un remaniement gouvernemental qui verra la création d’un « ministère chargé des populations».

© Le Jour : Younoussa Ben Moussa

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