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- 14 Sep 2015 23:31:47
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Canada - Dr. Alain Ngouem : "Investir davantage dans les technologies de l’information et de l’apprentissage"
Analyste des politiques et des programmes, économiste et sociologue à Toronto, au Canada, le Dr. Alain Ngouem se consacre depuis plus de deux décennies à la recherche sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’économie sociale, l’éducation, et les mouvements sociaux internationaux.
Dans cet ordre, son nouvel ouvrage intitulé " Les nouvelles technologies dans l´enseignement et l´apprentissage. Besoins, utilisations et rentabilités", publié aux éditions Academia est une aubaine pour l´enseignant et l´apprenant. IL revient ici sur quelques grandes lignes de l´ouvrage, ainsi que sur le sujet d´actualité qu´est l´immigration "meurtrière".
Vous venez de commettre un nouvel ouvrage intitulé " Les nouvelles technologies dans l´enseignement et l´apprentissage. Besoins, utilisations et rentabilités". Que doit retenir l´apprenant de ce livre?
Merci tout d’abord de m’accorder cette entrevue. Mon dernier ouvrage dont vous citez le titre parfaitement est destiné en premier aux techno pédagogues et pédagogues, c’est-à-dire aux personnes qui distillent le savoir avec ou sans outils technologiques. Il est enfin destiné aux élèves, étudiants, et apprenants de tout cycle et de tout âge, c’est-à-dire aux personnes qui absorbent le savoir. Ces deux grands groupes de personnes apprennent de ce livre que les nouvelles technologies peuvent être mises à la disposition des techniques de transfert et d’acquisition du savoir.
Les enseignants apprendront que la pédagogie doit prendre en considération les nouvelles technologies qui entrent avec force à l’école, et les apprenants devront se réjouir du fait qu’avec les nouvelles technologies, ils sont capables de les utiliser non pas seulement pour créer un réseau social compact et virtuel, mais pour étudier. Pour être plus concis, les explications de l’apport des MOOC et de l’utilisation de Wikipédia dans l’enseignement et l’apprentissage sont une partie essentielle de ce livre.
Quels dangers court-on et comment s´en prémunir?
Le danger se trouve au niveau de la pléthore des objets d’apprentissage électronique. Evidemment, il faut s’attendre à prendre une décision définitive entre l’enseignement pour les nouvelles technologies ou l’enseignement par les nouvelles technologies. En d’autre terme, le dilemme des nouvelles technologies comme étant un instrument d’enseignement ou l’enseignement entièrement fait avec les nouvelles technologies doit être clarifié.
Si non nous risquons d’assister à une cacophonie dans les établissements d’enseignement, où certains vont tenter d’imposer les nouvelles technologies dans tout le processus d’enseignement, et d’autres vont les exclure alors que les apprenants portent les téléphones cellulaires comme des cartables. Il faut donc trouver le juste milieu. D’où ce livre qui présente ce juste milieu.
Au regard de taux élevé de paupérisation, les nouvelles technologies n´exclut-elle pas les pays du Sud ?
Non et non ! Il est vrai que la pauvreté rampante dans un pays quelconque du Sud oriente les gouvernements de ces pays vers d’autres priorités, mais l’éducation se trouve être la première priorité de chaque peuple si l’on veut justement quitter le cercle vicieux de la pauvreté. La qualité de l’enseignement est un facteur important pour le devenir des peuples.
Alors si ces États du Sud veulent s’arrimer à la société du savoir et sortir leurs peuples de la caverne, ils doivent investir davantage dans les technologies de l’information et de l’apprentissage. Chacun de ces pays a au moins une université ! Alors, si ces universités n’ont pas du contenant ou du contenu informationnel, il faut investir pour l’acquérir. J’ai pourtant fait des propositions à ce sujet dans un de mes précédents ouvrages sur les nouvelles technologies et le développement en Afrique publié chez L’Harmattan à Paris en 2007.
Comment enseignants et apprenant peuvent-ils rentabiliser ces nouvelles technologiques?
Les enseignants et les apprenants de notre ère doivent considérer les nouvelles technologies comme étant des objets d’apprentissage créateurs de valeur ajoutée dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage. Ce livre est pertinent à la fois pour les pédagogues et les apprenants, car il présente une nouvelle approche de l’utilisation des technologies dans le transfert et l’acquisition du savoir.
En fait, depuis que les technologies de l’information et de la communication font débat, les enseignants et les apprenants rêvent aussi de les utiliser. Pour eux, transmettre et recevoir des connaissances avec la technologie en continuant de faire partie du système éducatif sans être confiné dans quatre murs d’une salle de classe sont des objectifs essentiels à atteindre. Ce livre porte à réfléchir comment les technologies peuvent permettre d’enseigner et d’apprendre à tout temps et partout sauf dans un campus.
En réalité l’enseignement et l’apprentissage continuent de se faire, mais sous une forme traditionnelle mixée aux technologies. Puisque, par exemple, enseignants et apprenants n’hésitent plus à distiller le savoir et à s’en abreuver à travers Wikipédia, YouTube, Google et d’autres gadgets technologiques modernes.
Peut-on parler d´équilibre de l´information en matière de nouvelles technologies?
Oui et Oui ! Toujours dans un de mes précédents ouvrages sur les nouvelles technologies et le développement en Afrique publié chez L’Harmattan à Paris, je précisais qu’il s’agit en réalité d’une question de contenant et de contenu. Dans ce livre je précisais que le Rapport Sean MacBride commandité par Amadou-Mahtar M'Bow, alors directeur général de l'UNESCO de 1974 à 1987, recommandait l’équilibre des flux et reflux d’information entre le Centre et la périphérie, le Nord et le Sud si vous voulez.
Mais, alors que ce Rapport se basait sur les médias classiques, radios, télé et autres journaux papiers qui orientaient ou censuraient l’information vers le Sud et vice versa, j’expliquais qu’avec Internet, toute l’Information du monde se trouve partout au même moment. Il suffisait seulement d’avoir les contenants, puisque le contenu n’est ni censuré, ni orienté. Les WikiLeaks me donnent raison aujourd’hui ! Les logiciels espions peuvent me permettre aujourd’hui d’accéder à l’information même si elle est hautement censurée.
Certains peuvent être déployés à distance à partir d’un compte web sécurisé, à l’insu de l’utilisateur de l’ordinateur, c’est la cas par exemple des logiciels Spyrix Monitor et mSpy. D’autres envoient plutôt des rapports de surveillance par mails comme All in One Keylogger et Refog Monitor. Mais il y a aussi certains qui defis Google et peuvent aller chercher des pages Web cachés que Google ne peut pas accéder. Tout cela signifie que l’information est partout. Il suffit de la chercher où qu’on se trouve.
Quel rôle doivent jouer les Etats dans ce cas?
Comme je l’ai dit plus haut, les États, tous les États doivent investir davantage dans les nouvelles technologies. Tout État doit avoir un budget pour les infrastructures technologiques. Les dépenses pourront accroitre dans le domaine de l’éducation avec les nouvelles technologies, les réseaux et les systèmes d’information.
Etes-vous d´avis que l´équilibre de l´information entre le Nord et le Sud n´est qu´une vue de l´esprit? Si oui, que devrait-on faire?
Je ne suis pas de cet avis ! Internet a équilibré le flux d’information entre le Nord et le Sud et vice-versa. Le déséquilibre était causé par la censure ou le ciblage d’information propagandiste. Aujourd’hui, Étant à Toronto (Canada) ou à Éseka (Cameroun), je suis toutes les informations possibles de toutes mes chaines de télé ou de radio habituelles sans m’apercevoir que j’ai changé de lieu. J’ai même enseigné mon cours avec un étudiant qui était dans sa voiture à Chicago pendant que je m’étais déplacé pour une conférence en Europe. Les MOOC offerts par l’Université Harvard, ou Coursera sont suivis par tous les habitants de la terre sans se déplacer aux Etats-Unis d’Amérique.
Où se trouve le déséquilibre ou le mythe à cela ? C’est la réalité ! Les pédagogues et les décideurs doivent simplement considérer les nouvelles technologies comme une nouvelle donne et les insérer dans les processus d’échanges informationnels indépendamment du lieu des acteurs. Toutes ces hypothèses sont justifiées dans mon nouveau livre en ce qui concerne l’enseignement et de l’apprentissage. L’On peut être à Yaoundé et étudier à Harvard sans se déplacer.
"Mondialisation et immigration meurtrière" est votre dernière contribution sur les sujets de l´heure dans la société. Quelle(s) relation(s) établissez-vous entre ces deux vocables?
Je dis que c’est la mondialisation qui dévore ses fils par le biais de l’immigration. Le lien fondamental est établi par la férocité des deux vocables. En d’autres termes, je dis que ; plus la mondialisation devient féroce, plus l’immigration devient féroce. Ainsi, la résultante logique des morts dans le méditerrané est l’actuelle défaillance du système instauré par les Accords de Bretton Woods. Il faut donc repenser un nouveau système où le bien-être de l’homme est au centre des préoccupations des jeux et enjeux internationaux…pas le capital !
Parlant de l´immigration, est-elle meurtrière parce qu´elle est clandestine?
Non et non ! Pour moi l’immigration clandestine n’hésite pas. Il y a migration lorsque les populations se déplacent d’une zone géographique d’origine à une nouvelle zone géographique. C’est cela et rien que cela. Les juristes vont parler de qui a droit à l’immigration. L’économiste ou le sociologue que je suis va parler des causes et conséquences du déplacement et de l’intégration des immigrants.
Alors, l’immigration tue parce que les causes et les conséquences du déplacement sont meurtrières. C’est tout. Ce n’est pas la clandestinité qui tue ! L’aspect social de la mondialisation devrait donc exister pour anéantir ces causes et conséquences meurtrières de la mondialisation.
Les nouvelles technologies ne sont-elle pas l´une cause de l´immigration meurtrière?
Non ! Je m’insurge contre ceux qui pensent que les nouvelles technologies de l’information et de la communication diffusent les rêves de paradis en occident. Au contraire ! Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, je peux remplir mon dossier d’immigration et le soumettre automatiquement par un clic à un bureau de traitement de demande de visa. Les délais sont réduits et je peux suivre le parcours de mon dossier d’immigration.
Il faut prendre les nouvelles technologies comme un bon serviteur, mais pas comme un mauvais maitre. Il est vrai que ces deux fonctions des nouvelles technologies se bousculent, mais si nous utilisons les nouvelles technologies, nous gagnerons plus que si les nouvelles technologies nous dictent la ligne à suivre. Personnellement, avec les nouvelles technologies, je ne me suis plus jamais présenté à un bureau pour demander le visa d’entrée dans un pays. Je n’ai pas que visité 20 pays dans ce monde !
Pour être plus sérieux, lorsque les bombes tombent à Damas parce qu’on veut « faire partir » le président syrien Bachar el-Assad ou parce qu’on veut « contrôler les pipes line, du pétrole », les nouvelles technologies ne serviront pas à garantir une immigration tranquille. Ce chaos suivra l’immigrant et le rendra plus nerveux lorsque les médias « mensonges » ou « dominants » tenteront de dissimuler la vraie cause de leur déplacement. Internet va nous décrire les vraies causes et conséquences de l’immigration meurtrière. Cette information vraie peut même à la limite dissuader les immigrants qui partent en aventure. Ne soyons pas dupe !
Avant de voyager, ou même d’aller en mission dans un pays étranger, il faut faire une fiche pays, c’est-à-dire compiler les informations essentielles d’un pays comme la monnaie utilisée, l’économie, les principales villes…etc. en 1995 lorsque j’étais à l’IRIC, cela me prenait au moins un mois pour monter une fiche pays. Aujourd’hui il faut quelques minutes. J’imagine que les immigrants syriens qui préfèrent se rendre en Allemagne plutôt que de rester en Hongrie ont consulté Internet pour fonder leur critère de choix.
Une mondialisation à "visage humain" est-elle la solution comme pensent certains, dont les altermondialistes?
Je pense, comme je l’ai dit plus haut, que l’homme ou la société doit être au centre de la reformulation des principes qui gouverneront le monde à venir. Si non, nous allons tout droit au mur. L’Allemagne suspend aujourd’hui, de façon unilatérale, l’application des Accord Schengen, ayant essayé d’accommoder certains immigrants. Elle a compris que les vrais responsables de cet afflux d’immigrant refusent leurs responsabilités. C’est dire qu’avant de commencer une guerre, fut-elle à frappe chirurgicale, il faut penser au devenir des populations qui n’ont rien à voir à la raison avancée du conflit armé.
Cela, pour dire que c’est la société ou l’être humain qui définit le droit de vivre et non l’inverse. C’est ce que pensent les altermondialistes. Pour eux, ce n’est pas un chef d’État qui doit décider de bombarder un pays et interdire les populations du pays bombardé de se déplacer pour fuir les bombardements au risque de devenir des immigrants « clandestins ». Ils reviennent au marxisme. Ce n’est pas une mauvaise idée !
Comment se déroule la promotion de votre livre; surtout où se le procurer?
La maison d’édition Académia s’occupe de la promotion du livre. Elle m’a créé une page Internet sur son Site Internet
http://www.editions-academia.be/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=13900
Académia s’occupe de la distribution à partir des librairies et bibliothèques. Je pense aussi que l’on peut se procurer une copie du livre à partir d’Amazone.
http://www.amazon.de/nouvelles-technologies-dans-lenseignement-lapprentissage/dp/2806102294
Un mot sur la personne d´Alain Ngouem, en guise de mot de fin.
Ancien et diplômé de l’Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC), je suis docteur en Économie et Sciences sociales de l’Université Technique de Dortmund – République Fédérale d’Allemagne. Je m’intéresse depuis plus de deux décennies à la recherche sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’économie sociale, l’éducation, et les mouvements sociaux internationaux. J’ai été chargé de cours au département de sociologie et de l’équité en éducation à l’Institut d’Étude pédagogique de l’Ontario de l’Université de Toronto et je suis actuellement analyste des politiques et des programmes à Toronto-province de l’Ontario au Canada. Je vous remercie beaucoup pour votre attention et j’attends vos réactions et commentaires sur le net.
Du même auteur:
Livre
Nouvelle Donne du Système mondial de l´information et redéfinition du développement en Afrique
Lien: http://www.editions-academia.be/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=47744
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