Cameroun:Comment devient-on général dans l’armée ?
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Il vous est sûrement arrivé de passer devant l’une de ces institutions nationales et vous demander intérieurement, ou à haute voix, comment ses habitants ont fait pour en arriver là. En effet, au Cameroun, les choses les plus simples s’avèrent être les plus compliquées : se faire recruter dans la fonction publique, être proviseur de lycée, gérer l’argent du « payage », devenir général de l’armée, faire payer ses factures à l’Etat, etc… Cette série entend vous édifier quelque peu sur ces « petites questions » typiquement Camerounaises.

N’est pas général qui peut, mais qui on veut

Les biographies des cinq généraux tapissent encore les murs de certaines casernes militaires. Des états de service, les commandements qu’ils ont effectués, les diplômes qu’ils ont obtenus, leurs distinctions honorifiques et quelques faits d’armes y sont exposés. L’armée semble vouloir promouvoir le mérite. Il suffit de le dire à des militaires pour archer soit de l’hilarité, soit de l’agacement. Mais, presque tous s’interrogent à l’unisson de l’opinion : « Au fait comment on fait pour devenir général au Cameroun? »

L’officier de rêve

De prime abord, il est bon de retenir que suivant les textes en vigueur, l'avancement dans toutes les Armées (Gendarmerie,Armée de Terre, Armée de l'Air et Marine nationale) est "au choix" du haut commandement.

Tout comme les autres récompenses (Médailles,témoignages de satisfaction, etc). Le choix se fait néanmoins parmi les officiers qui remplissant les conditions requises pour l'avancement dans chaque grade.

En ce qui concerne le corps des Officiers par exemple, on peut y accéder soit par le biais des Écoles (Emia du Cameroun ou autres écoles étrangères reconnues), soit par les rangs (Jeu des avancements à partir du grade d'Adjudant-chef).

Le cas le plus classique est celui d'un Sous-lieutenant de 20 ans d'âge. Si ce jeune remplit à chaque fois les conditions requises pour prétendre au « choix » du haut commandement, il peut être promu aux grades ci-après : Lieutenant après deux années de grade de Sous-lieutenant ; Capitaine après six mois au 3ème échelon de grade de Lieutenant. 

Il est alors proposable au grade supérieur. En 4 ans et 6 mois il peut être capitaine et; Chef de Bataillon ou Chef d'Escadron après quatre années et demi de grade de Capitaine ; Lieutenant-colonel après quatre années et demi de grade de Chef de Bataillon ; Colonel après quatre années et demi de grade de Lieutenant-colonel ; Général de Brigade après quatre années et demi de grade de Colonel.

Les textes en vigueur prévoient aussi des dispositions permettant de passer d'un grade à un autre après seulement trois années d'ancienneté. On parle alors d'Officier « particulièrement méritant». Ce qui suppose un rapport circonstancié du chef employeur pour appuyer la proposition de son subordonné. 

L'avancement peut aussi s'obtenir avant terme pour " faits d’armes" ou "actions d’éclat", ce qui renvoie à un rapport relatant les circonstances (Théâtre des opérations, victoires engrangées, etc.)

Si les calculs sont bons, notre jeune Sous-lieutenant de 20 ans peut donc arriver au grade de Général de Brigade dans les conditions normales à l'âge de 45 ans. A condition qu'il remplisse les conditions requises et qu'il ait la chance d'être chaque fois choisi par le haut commandement parmi ses camarades.

Outre les valeurs de discipline faisant la « force principale des armées », le chemin reste truffé d'autres obstacles en termes de stages et autres cours dont les plus incontournables sont: le cours d'application pour la spécialisation du jeune Officier ; le cours de perfectionnement pour son aguerrissement ; les cours d'état-major pour son affermissement; le cours interarmées de défense (École de guerre) pour son accomplissement.

Une rude sélection

Ce portrait-robot décrit un être exceptionnel. Il s’agit d’un jeune Camerounais ou d’une jeune camerounaise qui est admis en deuxième année d’université à juste 17 ans. A cet âge-là, il aurait bravé les rudes épreuves du concours d’entrée à l’Emia. Des tests physiques et intellectuels qui requièrent une solide formation. Un concours rendu d’autant difficile d’accès et prestigieux que les candidats qui y prennent pat sont si nombreux qu’on en compte au moins 20 pour chaque place. Le portrait-robot ne prend pas en compte les corps techniques comme ceux de la médecine, de la magistrature, du commissariat etc…

L’armée camerounaise, surtout depuis les réformes de 2001, se veut une armée moderne.

Ainsi la notion d’officier «particulièrement méritant » est-elle tombée en désuétude.Des militaires des métiers du génie civil, des corps médicaux, des télécommunications et surtout de médecine y sont de plus en plus admis. Mais, pour que l’un d’eux, surtout pour ce qui concerne le corps médical qui de cette élite est le plus nombreux, il faut des infrastructures de plus grande taille que celles dont on dispose actuellement.

« Un général médecin va commander quoi ? Ils sont combien dans le corps médical ? Il faut pour que logiquement un général soit nommé au moins un hôpital militaire de référence ou que nos officiers médecins qui une fois qu’ils sont sortis de l’Emia après leur spécialisation poursuivent leurs études pour être des professeurs. Or, il n’en a pas à ma connaissance ou il n’y en a que très peu », remarque un militaire. Un autre dit pour sa part que, « c’est un faux problème. Il y a bien un colonel médecin professeur de rang magistral. Il pourrait bien être directeur de la santé militaire.». Une constante demeure en tout cas avec les spécialistes qu’elle recrute l’armée est obligée de prendre en considération leurs diplômes civils et de leur donner des situations en gardes et avantages conséquents. 

Le 23 avril 2014 le ministre de la défense a pris un texte dans ce sens.En résumé, Edgard Alain Mebe Ngo’o posait pour conditions que pour qu’un militaire avance en grade ou en échelon, il doive désormais faire valoir des diplômes militaires ou des équivalents civils. La seule équivalence que la note ministérielle comportait mettait d’égal à égal le détenteur d’un doctorat d’Etat ou un médecin spécialiste, au titulaire d’un diplôme d’état-major (Dem). Grade Le Dem est un diplôme auquel des officiers titulaires d’un certificat d’état-major (Cem) qu’ils obtiennent en général au de Capitaine ; peuvent faire en quatre mois à l’école d’Etat-major. Une grogne naissante a accueilli cette décision que le Mindef a dû retirer juste quelques jours après.

Critères objectifs et subjectifs

En réalité dans l’armée camerounaise, il existe des critères objectifs d’avancements aux grades. L’âge du candidat, sa formation professionnelle, ses états de service et des faits ‘armes. Des tableaux d’avancements sont minutieusement tenus à jour. Ils vont jusqu’au grade de colonel troisième échelon et puis plus rien. Il ne reste plus alors pour l’officier supérieur parvenu à ce grade d’attendre patiemment la mise à la retraite ou pour les plus ambitieux de frapper à l’œil du haut commandement pour espérer être promu général de brigade.

C’est dans le « choix » que les officiers camerounais espèrent que se glissent les critères subjectifs. La planification une orientation de la politique de défense peut décider par exemple que pour une telle ou une telle autre mission une brigade doit être engagée et que pour la commander il faut un général de brigade comme on suppose que les récents généraux affectés à la force multinationale mixte ont acquis leurs étoiles.

Certaines brigades ou unité de la même importance en effectif sont commandées par des colonels tandis que d’autres ont à leurs têtes des généraux de brigade ainsi qu’il se doit. De l’amitié avec les chefs, les officiers au caractère très affirmés sont considérés comme imprévisibles.Mais, surtout le tribalisme.

Selon des sources, beaucoup de généraux ne doivent leurs étoiles ou la conservation de celles-ci qu’à l’appartenance à la tribu du chef des armées. Des nominations de la dernière minute Un état de fait qui a brisé bien des carrières d’officiers qui se sont distingués sur des champs de batailles ou dans de prestigieuses écoles militaires de par le monde. La conséquence de cette considération est que, pour bien être représentée dans la Fmm, le Cameroun a dû promouvoir comme contraint des officiers au grade de général de brigade. De même que le général de brigade à l’époque, Martin Tumenta, qui s’était pourtant particulièrement illustré par de nombreux faits d’armes. Notamment dans le conflit opposant le Cameroun au Nigéria pour la péninsule de Bakassi. Il a fallu qu’il se fasse remarquer lors d’une mission de maintien de la paix. Nommé commandant opérationnel de la mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca), le général camerounais a démontré une grande maîtrise. Quand la mission est passée sous le mandat de l’Onu, il a été naturellement reconduit.

Mais, Yaoundé comme à reculons a été obligé de lui accrocher une étoile supplémentaire aux épaulettes. Il est devenu général de division ainsi que l’imposait sa nouvelle fonction de commandant de la mission des nations unies en République Centrafricaine (Minusca).La cérémonie de remise des épaulettes ‘est déroulée sans tambours ni trompettes.

Les nouvelles menaces

Dans le principe, une armée est structurée en fonction des menaces réelles ou supposées qui pèsent sur un Etat. L’armée camerounaise notamment avait été structurée d’abord pour réprimer une « insurrection » (débuts années 1960) ,qui, pour prévenir la menace qui pourrait survenir du Nigeria lors des évènements de la guerre du Biafra(fin des années 1970), ensuite pour étanchéifier les frontières des invasions éventuelles des Etats voisins lors de l’embellie économique consécutive à l’exploitation pétrolière (années 1970 début années 80), mais un changement dans sa structuration s’est observée entre 1982 et 1984 lors du changement à la tête de l’Etat.

Le nombre des généraux a alors explosé. . D’un, ils sont devenus quatre et n’ont cessé d’augmenter au fil des ans. Pourtant, les recrutements des personnels ont été gelés pendant une bonne dizaine d’années.

Après le pustch manqué du 06 avril 1984, la majeure partie des forces militaires ont été concentrées à la seule protection du chef de l’Etat et des autres dirigeants. On a lors commencé à trouver des réponses aux problèmes ponctuels.

La garde présidentielle (4564 hommes) a été créée en 1985. Puis le bataillon léger d’infanterie (Bli ) pour résoudre le problème des coupeurs de routes. Le bataillon spécial amphibie(Bsa) pour combattre la contrebande maritime et une piraterie embryonnaire.

Combattre des nouvelles menaces

Seulement, les menaces dans le monde n’ont cessé d’évoluer. Après la chute du mur de Berlin en 1989 et la dislocation de l’Urss, des armes de tous les calibres ont commencées à proliférer. Le monde univoque a commencé à imposer la globalisation de l’économie et les écarts se snt accrus entre pauvres et riches de la planète.Cela a entraîné des irrédentismes.

En Afrique la dislocation de la Lybie qui était une véritable armurerie a permis aux masses mécontentes des régions voisines de cet immense pays de se fournir en armes.

Parmi eux des trafiquants de drogues et des professionnels du djihad. La menace a changé. Une méthode a été reconnue efficace pour venir à bout de ces menaces transnationales :les coalitions d’Etats. Le Cameroun se doit aussi de faire des ajustements qu’impose l’imbrication de plusieurs armées. Il faut renouveler la troupe de fond en comble pour correspondre aux standards internationaux notamment ceux de l’Otan. Il faut des hommes bien formés au bagage intellectuel conséquent pour comprendre et égaler leurs homologues des pays alliés sur le théâtre des opérations. Les officiers nigérians par exemple réputés très instruits, et les généraux sont tous très jeunes. D’ailleurs dans ce pays les plus vieux généraux n’excèdent pas les 60 ans.

Mieux, le passage de colonel à général est un passage de grade normal comme celui de lieutenant à capitaine par exemple. La seule condition exigée c’est d’avoir des faits d’armes conséquents. Des faits d’armes président aussi le passage au grade de général en Tanzanie et dans la majeure partie des Etats de l’Afrique australe, de l’Est, du Nord et de L’ouest. Pareil dans les armées occidentales et dans presque toutes les autres du monde.

Toutefois, le modèle le plus abouti semble être celui en vigueur dans l’armée des Usa. Là-bas, les candidats officiers se présentent à l’entrée à des académies militaires. Ils poursuivent un cursus académique bien qu’étant des militaires.

L’obtention de licences (bachellor au collège), ouvre la carrière d’officier. Par la suite, l’officier va poursuivre une carrière militaire ponctuée de missions sur le terrain et de retour pour un cursus universitaire. On y est officier supérieur après s’être nanti d’un master et on n’imagine pas un général sans au moins un Phd. Les généraux Us, sont alors à la fois d’es stratèges par leur expérience du terrain engrangéelors des missions de terrain et stratégiste par leur connaissance académique.« Mais, beaucoup de colonels camerounais n’ont pas entendus un coup de feu de leur carrière en dehors des entrainements», s’indigne un militaire.

© Le Jour : Aziz Salatou

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