

-
© L’Oeil du Sahel : JEAN AREGUEMA ET ABAKACHI ALIFA
- 02 Feb 2015 18:38:02
- |
- 14936
- |
CAMEROUN :: KOUSSERI – MAROUA : Parcours de combattant en plein territoire tchadien :: CAMEROON
A la suite des mesures de restriction de la circulation des personnes et des biens sur l’axe Maroua-Mora, les voyageurs sont obligés de passer par Bongor (Tchad) au prix des tracasseries interminables, pour rallier le chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord.
A cause des attaques répétitives de Boko Haram sur l’axe Maroua-Kousseri, les autorités administratives ont dû se résoudre à y interdire la circulation des personnes et des biens. Bilan des courses : les usagers sont obligés, pour rallier les deux villes, de faire un grand détour par le Tchad, avant de rentrer à nouveau au Cameroun. «C’est la seule route qui soit relativement sûre, quand on sait que les gens se font égorger non loin de Waza ou à Doublé. On a encore en mémoire le car transportant une quinzaine de personnes et qui a été pris dans une embuscade par les éléments de Boko Haram», renseigne Alamdou Ahmet, commerçant à Kousseri.
Et celui-ci de révéler que depuis son engagement sur le front de la guerre contre la secte islamiste, le Tchad a renforcé les mesures de sécurité. Entre rafles et contrôles multiples, le trafic entre le Cameroun et le Tchad est devenu difficile. Et c’est dans des conditions drastiques que des centaines de Camerounais doivent faire une journée de voyage, essentiellement en territoire tchadien pour rejoindre Kousseri ou Maroua.
C’est aux premières heures de la journée que les premiers cars bondés de Camerounais arrivent au premier check-point sur le pont N’gueli. Le périple peut commencer. Entre concours administratifs, affectations, besoins de santé ou même études… chacun y va de son impératif de voyage. «Les autorités tchadiennes interdisent toute entrée à Ndjamena par pirogue. Dès que les forces de l’ordre te voient, elles n’hésitent pas à tirer», confie un policier camerounais posté du côté camerounais du pont N’gueli. Lequel conseille à ses concitoyens de montrer patte blanche devant toute prescription de la partie tchadienne.
Une fois les contrôles de routine terminés du côté camerounais, le calvaire commence pour les voyageurs, par une kyrielle de procédures aussi curieuses les unes que les autres. Abakar Mahamat, professeur au lycée bilingue de Kousseri en sait quelque chose: «J’ai voulu regagner mon poste après les congés en quittant Ngaoundéré pour Ndjamena en passant par Yagoua, je ne savais pas que cette route est un véritable chemin de croix. D’abord le transport coûte extrêmement cher. Ensuite, les tracasseries policières s’ajoutent. J’ai payé la somme de 6 000 FCFA sans aucun reçu pour établir un document de voyage appelé «sauf conduit». J’ai payé encore 6 000 FCFA pour défaut de carnet de vaccination, pourtant c’est le même programme de vaccination qui existe dans nos deux pays.
Pour viser ce document à l’entrée, j’ai payé 2000 francs, à la sortie j’ai encore payé 6 000 Fcfa pour l’enregistrement. En tout, j’ai dépensé 20 000 FCFA sans aucun reçu. Quand j’ai voulu expliquer aux policiers tchadiens les lois de mon pays et de la Cemac, ces derniers ont tout simplement menacé de me refouler». Hamid, élève en classe de seconde au Lycée mixte de Kousseri a, lui aussi, connu un parcours laborieux. «Je suis allé pour déposer mon dossier pour le concours de la police à Maroua. Après y avoir légalisé mes documents, les policiers m’ont demandé beaucoup d’argent au retour. Je n’en n’avais plus assez. Ce sont les passagers qui se sont cotisés pour moi, afin de payer ce sauf conduit», témoigne-t- il.
Les usagers n’arrivent pas à compter ce qu’ils déboursent de Ndjamena à Bongor, la dernière ville tchadienne avant Yagoua, en plus des frais de transports qui oscillent autour de 6000 Fcfa. «De Ndjamena à Bongor, nous avons eu près d’une dizaine de contrôles aussi strictes les uns que les autres», explique Hadja, qui assure néanmoins que le voyage était tranquille. Mais une fois à Bongor après plusieurs heures de route, c’est une autre paire de manche qui attend les voyageurs. Du centre ville de Bongor au débarcadère sur le fleuve Logone situé à un jet de pierre, les motos taximen se frottent les mains puisqu’ils imposent 1000 Fcfa par passager. Mais avant d’y parvenir, chacun doit verser 2000 FCFA au poste de gendarmerie et 1000 Fcfa au poste de police. Une fois ces procédures achevées, il faut maintenant emprunter l’une des 14 pirogues assurant le transport des passagers sur le fleuve Logone. Et les piroguiers ne manquent pas d’occupation depuis que les Camerounais sont obligés d’effectuer ce détour en terre tchadienne.
«14 pirogues sont chargées de transporter les passagers. 9 autres grandes pirogues sont spécialisées dans le transport des marchandises du côté camerounais vers le côté tchadien», révèle Mamat Dinga, responsable du débarcadère du côté camerounais. C’est grâce à ces jeunes gens, rompus à la tâche, que près de 500 personnes traversent la frontière chaque jour. Cette explosion du trafic fait le bonheur de certaines personnes, comme celui des agents de la commune, qui perçoivent 1000 Fcfa sur chaque tour effectué par une pirogue. «Nous percevons 250 FCFA par passager. Et avant le début de cette crise, j’avais environs 5000 Fcfa par jour.
Aujourd’hui, on roule entre 15.000 et 20.000 Fcfa», détaille t-il. Une fois les pieds en territoire camerounais, les voyageurs doivent négocier avec les chauffeurs des bus qui doivent les transporter de Yagoua à Maroua. Il faut à nouveau 3000 Fcfa pour parcourir 196 km séparant Yagoua du chef lieu de l’Extrême-Nord. En tout, il aura fallu environs 440 Kilomètres de route et une petite virée par pirogue sur le Logone à Bongor, pour rallier Maroua et Kousseri par Ndjamena, au lieu des 280 Kilomètres par voie directe.
Lire aussi dans la rubrique SOCIETE
Les + récents
Accusé de viol et d'inceste, Saint Désir Atango incarcéré à la prison de Mfou
Eric Chinje dément catégoriquement une déclaration falsifiée post-meeting de Kamto à Paris
12 juin 2020- 12 juin 2025: Il y a 5 ans mourait Claude NDAM
Retour sur le Dimanche chaud à Douala
Dossier Mme Nembot : Shanda Tonme félicite le secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Défense
SOCIETE :: les + lus

26 élèves surpris en train de tourner un film osé à Bafoussam
- 30 April 2015
- /
- 1007034

Brenda biya sème la terreur en boîte de nuit à Yaoundé
- 15 July 2015
- /
- 545967

Menacée de mort par sa famille car elle est lesbienne
- 03 March 2016
- /
- 432686

Oyom-Abang : une femme marche nue à Yaoundé VII
- 09 July 2015
- /
- 383388

LE DéBAT




Afrique : Quel droit à l'image pour les défunts au Cameroun ?
- 17 December 2017
- /
- 199461

Vidéo de la semaine
évènement
