« Au Congo, il n’y a ni télé ni radio pour les matchs de championnat »
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« Au Congo, il n’y a ni télé ni radio pour les matchs de championnat »

La plupart des joueurs qui disputent la Coupe d’Afrique des nations 2015 évoluent en Europe. Le contingent le plus important – soizante-quatorze d’entre eux – provient du championnat de France. Mais certains internationaux africains défendent encore les couleurs d’un club de leur pays natal. Le Monde leur donne la parole à l’occasion de cette compétition, qui se tient jusqu’au 8 février en Guinée équatoriale.

Chancel Massa, lui, joue pour le Congo. Sur les vingt-trois joueurs de sa sélection, il est l’un des sept à évoluer encore au pays, dans le club des Léopards de Dolisie. Alors que les Diables rouges ont déjà disputé deux matchs et affrontent le Burkina Faso, dimanche 25 janvier, le gardien de but remplaçant de vingt-huit ans raconte son quotidien.

5 000 EUROS PAR MOIS

« Au pays, certains joueurs du championnat gagnent 200 ou 300 euros par mois. Dans les clubs, même en première division, on compte aussi pas mal d’étudiants. Certains week-ends, s’ils ont trop de boulot avec leurs études, ils ne viennent d’ailleurs pas jouer avec nous.

D’autres personnes touchent gros, même s’il n’y a pas encore de statut pro. Nous, les cadres de l’équipe nationale qui jouent encore dans notre championnat, on est un peu au-dessus des autres. Moi, je touche 5 000 euros par mois. Je joue aux Léopards de Dolisie, le club le plus riche du pays. Notre président est un homme d’affaires. Et maintenant, chaque fois que je vais en équipe nationale pour un match, je touche des primes de présence aussi importante que les joueurs de la sélection qui viennent de clubs étrangers. Alors qu’autrefois, les pros venus d’Europe recevaient par exemple 1 000, deux fois plus que les locaux. »

DES TRUCS BIZARRES

« Chez nous, le championnat du Congo n’est pas trop actif. Parfois, ça s’arrête à cause de problèmes entre la Fédération congolaise de football et nos clubs. Et à ce moment-là, les présidents de clubs ne nous versent plus aucun salaire ! La saison dernière, le championnat s’était interrompu pendant deux à trois mois : les clubs disaient qu’ils n’avaient pas reçu les subventions nécessaires et qu’ils n’avaient pas assez d’argent. Cette année, heureusement, notre championnat a repris.

Bien sûr, il peut parfois se produire des trucs bizarres. Un club va par exemple porter des réserves lorsqu’il pense qu’un joueur adverse n’est pas réglo. Si un joueur est passé dans un club du Gabon et qu’il vient d’arriver dans le championnat gabonais, il doit attendre le début de son contrat pour commencer à jouer chez nous…

NI TÉLÉ NI RADIO

« Tous les mois, je pense à mon avenir, je garde des sous de côté et j’en donne aussi aux membres de ma famille ou à un orphelinat. Dès que j’ai la possibilité d’aider, je fais des dons. C’est aussi pour ça je voudrais toucher encore un peu plus et jouer à l’étranger.

Pour aller où ? Le footballeur ne choisit pas. Je m’imaginerais très bien même dans un club dans un autre pays d’Afrique, au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Egypte, là-bas, les infrastructures sont de meilleure qualité.

Avant, les clubs congolais étaient plus populaires que l’équipe nationale, mais maintenant, c’est l’inverse. Bien sûr, il y a encore du monde au stade pour les rencontres entre les Léopards de Dolisie et les Diables noirs.

Mais la plupart des matchs entre clubs congolais ne sont même pas télévisés, ni même retransmis à la radio, sauf peut-être pour la finale de la Coupe du Congo. L’Etat n’a pas les moyens pour payer la diffusion de tous ces matchs-là. En fait, les gens se tiennent beaucoup au courant par téléphone. »

PETITS PAS DE CÔTÉ

« Malheureusement, nos vestiaires manquent parfois également d’entretien. Il n’y a pas vraiment de personnel pour nettoyer après chaque match, et il nous arrive parfois d’avoir des problèmes de pénurie d’eau dans les douches.

Moi, j’ai commencé tout petit, à l’âge de 13 ans. J’étais déjà gardien réserviste dans un club de deuxième division. Un club de quartier où il n’avait pas vraiment d’argent pour recruter un gardien remplaçant. Et à partir de l’année suivante, j’ai même joué titulaire !

Pour un gardien, jouer au Congo, c’est souvent compliqué. Quand la pelouse n’est pas très bonne, tu n’as pas trop de repères, tu fais un plongeon à gauche, tu mets les mains… mais la balle prend un faux rebond et change alors de trajectoire ! Quand la pelouse est trop sèche et pas assez arrosée, il est alors compliqué de plonger. Bon, maintenant, avec l’expérience, quand ce n’est pas la peine de plonger, je fais plutôt des petits pas de côté pour capter le ballon. »

© Source : lemonde.fr

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