SÉNÉGAL : APRÈS LE FILS, LE FRÈRE DU…?
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SÉNÉGAL : APRÈS LE FILS, LE FRÈRE DU…? :: SENEGAL

Guediawaye. Située au nord de la capitale sénégalaise, cette cité peuplée de quelque 300 000 habitants se trouve être le chef-lieu du département du même nom. Elle constitue, avec d’autres subdivisions administratives telles que Pikine et Rufisque, la région de Dakar. Voilà pour les présentations. Jusque-là rien de bien spécial, sauf que depuis dimanche dernier la ville qui longe le littoral se retrouve sous les feux de l’actualité au pays de la Téranga. En effet, son édile, Aliou Sall, qui n’est autre que le frère du chef de l’Etat, Macky, a été élu à une écrasante majorité président de l’Association des maires du Sénégal (AMS). Candidat unique de l’Apr (Alliance pour la république), parti au pouvoir, il a bénéficié du soutien du Parti socialiste, de l’Afp de Moustapha Niasse et de bien d’autres partis de la mouvance présidentielle.

Bien sûr, si l’on se place d’un point de vue purement formel et légal, il n’y a rien, absolument rien à y redire. Ce n’est pas parce que l’on est fils ou frère de chef d’Etat que l’on doit se voir interdire tout mandat électif ou associatif. Cela se comprend aisément, et l’on ferait un mauvais procès à l’actuel maire de Guediawaye qui, somme toute, se sera contenté, à la suite de son illustre frère, d’embrasser la carrière politique, si l’on ergotait trop sur la question.

Un état de fait qui, il faut bien le reconnaître, est loin d’être l’apanage de nos pays africains. En effet, combien de fois même dans des démocraties dites bien ancrées, on a vu aux plus hauts sommets de l’Etat des tandems père- fils ou frères, sans que cela n’émeuve grand-monde. On se souviendra des frères Kennedy aux Etats-Unis ou de François et de son fils Jean-Christophe Mitterrand en France. Bien sûr, dira-t-on, cela n’a été possible que dans un cadre bien strict et pourvu d’un certain nombre de contre-pouvoirs suffisamment solides pour éviter le moindre dérapage.

Mais il faudra pourtant se rendre à l’évidence, dans le cas sénégalais, ce devrait être un peu, pour ne pas dire très gênant pour le successeur d’Abdoulaye Wade, même si à en croire le porte-parole du Parti, « le président Macky Sall n’a pas été impliqué » dans le choix de ce candidat de consensus qui, par miracle, se trouve être du même sang que lui et s’il n’y avait que ça ! Car le président sénégalais est bien placé pour savoir à quel point il est périlleux, surtout dans nos démocratures, de méler affaires d’Etat et affaires de famille, lui qui, à l’époque où il était au perchoir, avait eu maille à partir avec Gorgui lui-même soupçonné de vouloir dérouler le tapis rouge à son fils, le tout-puissant ministre du ciel et de la terre. Aujourd’hui, ironie de l’histoire Macky Sall est aux affaires tandis que Karim Wade reste depuis bientôt deux ans l’hôte le plus célèbre de la prison de Rebeuss.

Ainsi, après le fils de l’un, voici le frère de l’autre, pourraient persiffler les mauvais esprits. Attention donc, danger de dérive, car les risques de clanisation du pouvoir commencent par des petits riens. Karim Wade n’avait-t-il pas débuté sa carrière au près de son père en toute simplicité avant de devenir son dauphin putatif ! Nous au Burkina en savons quelque chose, qui avons vu comment de simple conseiller un frère cadet en vient à devenir « petit président ».

© L'Observateur Paalga : Marie Ouédraogo

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