Cameroun :: Droits de l'Homme : Le cri de détresse des femmes subissant des violences autour des plantations industrielles de mono culture
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Cameroun :: Droits de l'Homme : Le cri de détresse des femmes subissant des violences autour des plantations industrielles de mono culture :: CAMEROON

Saisissant l’occasion de la dernière Journée internationale des droits de la femme, les victimes, réunies sous le vocable de Réseau des acteurs du développement durable (Rado), en ont appelé à la cessation des viols, maltraitances et autres accaparements des terres autour des grandes plantations de canne à sucre de palmier à huile, d’hévéa.

Tandis que la trop grande majorité des femmes camerounaises se préparaient aux agapes de la Journée internationale de la femme du 08 mars 2018, les femmes riveraines des grandes firmes agricoles, choisissaient un jour plus tôt, de porter sur la place publique, les multiples viols, violences, accaparements des terres et autres maltraitances dont elles sont régulièrement victimes de la part des grandes plantations de mono culture appartenant aux multinationales.

Est ainsi singulièrement mise en index, la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm) du Groupe Bolloré. A côté de Socapalm, CDC, PHB ainsi que d’autres, sont aussi accusées par les femmes riveraines, de violations de toutes sortes. « Socapalm viole tous les droits exigés par l’Etat, en occupant des espaces non compris dans le contrat de bail. Socapalm utilisait d’abord les sociétés de gardiennage. Maintenant, elle emploie des militaires. Incapables de mettre la main sur ceux qui viennent chercher des noix pour manger, ces derniers viennent détruire nos maisons en représailles », confie Killeng Agathe, riveraine de Mbongo dans l’arrondissement de Dizangue, non loin de Douala.

Marie Noelle Etondé Mbella, présidente des femmes de Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun

« Ces firmes agricoles confondent volontairement leurs plantations avec celles des populations riveraines, en récoltant tout. Lorsque les femmes sont attrapées, elles sont violées par les vigiles. Triste situation qui fait que bien de couples, se retrouvent avec des enfants Toupouri, ainsi de plusieurs autres ethnies étrangères au coin. C’est ainsi que plusieurs foyers sont brisés, le mari ne se reconnaissant point à l’enfant né. Qu’il s’agisse des autorités administratives ou traditionnelles, toutes, sont de connivence avec ces grandes exploitations agricoles industrielles, nous demandent de nous taire, arguant que ces dernières payent les impôts à l’Etat. Les routes ne sont pas arrangées. Tout ce qui les intéresse, c’est le profit. Le préfet dit qu’il ne peut rien pour nous, que tout se décide et se passe à Yaoundé.

Brutalisée et tabassée par des militaires à Dibombari en 2014, une femme a perdu son enfant, et nous avons porté l’affaire au tribunal de Mbanga. Mais lorsque ses gardiens sont condamnés, Socapalm a toujours l’astuce de les en épargner, en les affectant ailleurs ».

Leke Madeleine, riveraine de Socapalm à Babou (région de l’Ouest)

« La Socapalm a pris toutes nos terres. Nous n’avons plus où cultiver, et même où construire nos latrines. La Socapalm nous a poursuivies sur nos nouvelles terres acquises, et est venue installer son usine sur celles-ci. Le château d’eau qu’ils utilisent pour nous donner de l’eau, est plein de rouille. La Socapalm prend les citernes qu’elle utilise pour ses produits chimiques, pour nous servir l’eau. Privées de nos terres, nous sommes obligées d’aller à cinq kilomètres de nos villages, pour cultiver, portant des enfants affamés au dos. Un accaparement de terres qui rend tous nos garçons délinquants, et les filles mineures, exposées au viol et actes sexuels précoces, à cause de l’extrême misère ».

Qu’il s’agisse des hommes qui militent dans ces Associations de défense des droits des femmes riveraines contre les firmes industrielles notamment françaises, le constat est le même : Responsabilité sociétale royalement ignorée. A ce sujet, l’on apprend par exemple pour ce qui est de la Socapalm à Eséka (région du Centre), la borne fontaine promise, n’a jamais été réalisée. Et pourtant, les rivières demeurent polluées par l’activité de la firme agricole. Pis encore, nous confie-t-on avec dépit et amertume, la route qui même à Socapalm, est dans un état frôlant la catastrophe. Les cases de santé promises aux populations, jamais construites. « Nous allons nous faire soigner à Eséka, à 10 km de la Socapalm », affirme un riverain qui interrogé sur la responsabilité des autorités administratives, répond sèchement que « c’est les mêmes gens ».

Il est donc plus jamais temps que l’Exécutif camerounais, le parlement, la Justice, les partis politiques, les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’Homme, notamment celles du système des Nations unies, se penchent sans complaisance sur la catastrophe humanitaire que vivent les femmes riveraines des fermes agricoles françaises au Cameroun, et même de la Cameroon Development Corporation (CDC), une firme à capitaux camerounais (paradoxalement), avec des viols des femmes, des incarcérations abusives de leurs maris, les accaparements des terres, la démolition des maisons par des militaires chargés de la sécurité de Socapalm, la pollution des plantations et des rivières.

Au secours, ces femmes sont traitées comme des animaux, dans l’indifférence totale. Give Dignity a chance !

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