Pagaille à Sangmélima : Des centaines de tracteurs dans la broussaille
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L’image de ces tracteurs indiens de la marque Sonalika, a fait le tour du monde dans les réseaux sociaux.

Choqué voire scandalisé, l’ingénieur agronome et homme politique camerounais Bernard Njonga, pour prendre à témoins l’opinion publique nationale et internationale, a filmé la «macabre» scène qui permet aujourd’hui de comprendre combien de fois la gabegie et la corruption sont enracinées dans les mœurs de ceux qui gouvernent le Cameroun. Des centaines de tracteurs dans la broussaille à Sangmélima, «quelle image !». On se permet à penser au célèbre journaliste Jean Lambert Nang qui s’écria en voyant Marc Vivien Foé s’écrouler au stade de Gerlin à Lyon en France le 23 juin 2003 à l’occasion de la Coupe des Confédérations. 

Quelle image ! Dans un pays sérieux où les responsables sont payés pour leur travail, des têtes seraient déjà «tombées». Ce n’est malheureusement pas le cas au Cameroun où les scandales n’émeuvent plus, et où les sanctions attendent toujours le pourrissement. C’est aussi cela le sens à donner au dicton «Le Cameroun, c’est le Cameroun » du président Biya. Mais comment comprendre qu’un pays où plus de la moitié de la population vit grâce à l’agriculture, qu’on retrouve des tracteurs dans la broussaille ? Rien ne justifie un tel cynisme. Doit-on conclure que l’agriculture de seconde génération envisagée à travers le volet de la mécanisation, et tant vantée par les pouvoirs publics, se fera avec les houes et machettes ? Que non ! 

L’usine des tracteurs d’Ebolowa dans la région du Sud avait pourtant suscité de nombreux espoirs auprès des populations qui avaient tôt fait d’enterrer la houe. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les populations avaient poussé un ouf de soulagement, oubliant que «le Cameroun, c’est le Cameroun». L’image des tracteurs dans la broussaille de Sangmélima incite à penser qu’il s’agit là d’un complot contre le président Biya et au peuple à qui il doit sa souveraineté. Un peuple qui, depuis des décennies, consent d’énormes sacrifices, même quand leur pays ne connaît pas de récession économique. Cette déshonorante situation devrait donner des tourniquets aux départements ministériels compétents. 

Aberration

Certaines mairies ont achetés ces tracteurs pour les laisser «moisir» devant leurs cours. C’est le cas de la commune de Dimako dans la région de l’Est. Pire, certains de ces tracteurs qui devraient favoriser une plus grande mécanisation de l’agriculture, se retrouvent dans des domiciles privés, couverts de bâches. Pourquoi faut-il toujours apprendre par la douleur ce qu’on aurait pu apprendre par la sagesse ?

La région du Nord, pour ne citer que celle-ci, dispose des milliers d’hectares de sols plats et très riches. L’usage des tracteurs pourrait alors augmenter la production agricole dans cette région et permettre ainsi aux pouvoirs publics de nourrir des centaines de milliers de déplacés de la région de  l’Extrême-nord, victimes de la guerre contre Boko Haram. 

En attendant, les tracteurs de Sangmélima continuent de «moisir» dans la broussaille, à la merci des intempéries. Quel gâchis ! Quelle gabegie et quelle irresponsabilité ! C’est en 2011, alors que l’unité de montage des tracteurs indiens de la marque Sonalika, construite sur le site ayant abrité le Comice agropastoral d’Ebolowa - la capitale de la région du Sud-Cameroun, avait été au centre d’un scandale.

«En effet, cette année-là, une centaine de tracteurs montés pendant la phase de test, avaient été abandonnés dans la broussaille, sous les intempéries, à cause de l’arrêt des travaux de construction des hangars devant les abriter», rappelle-t-on.

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