PR. ABOYA MANASSE : « Le parti a naturellement mal géré la situation »
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Invité du 13 heures de la Crtv radio, le politologue revient sur la crise qui a secoué le processus électoral à la mairie de Yaoundé VI, qui s’est soldé par l’élection de Jacques Yoki Onana comme nouveau maire de cette commune.

La mairie de Yaoundé VI est au cœur de la polémique depuis le décès de l’ancien magistrat municipal, le chat parti, les souris dansent ?
Naturellement, le chat parti, les souris non seulement elles dansent, mais elles s’agitent, question de succéder au maire sortant. Et donc les ambitions se dévoilent.

Quel regard portez-vous sur la bataille pour l’exécutif municipal, est-ce l’indiscipline ou l’illégalité selon vous ?
Je pense que c’est un problème extrêmement subtil sur le plan juridique. Parce que jusque-là, on a respecté scrupuleusement les dispositions de la loi qui indiquent qu’en cas de vacance, de démission ou de décès entre autres, on a soixante jours pour organiser de nouvelles élections. On doit convoquer un conseil municipal pour élire un nouveau maire, après constat fait par l’autorité administrative. Jusque-là, tout s’est bien passé parce que les dispositions de la loi ont été respectées. Maintenant le problème est venu à l’intérieur du RDPC   où les candidats n’ont pas pu s’entendre sur l’homme à présenter pour le compte du parti.

Parlant justement du RDPC   Professeur, le 1er et le 2ème adjoints au maire, l’un soutenu par les conseillers municipaux et l’autre par les militants d’en haut, c’est le parti qui en pâtit ?
Le parti a naturellement mal géré la situation. Ce d’autant plus qu’il n’a pas mis en évidence la légitimité convoquée au sein du conseil municipal, et c’est pour cela qu’un candidat a cru avoir derrière lui, la majorité des militants qui pouvaient porter ses ambitions et lui permettre de gagner le fauteuil de maire. En ce moment-là, le parti devait encadrer cette situation pour ne pas se laisser déborder et perdre la face devant la légitimité criarde du candidat qui s’est déclaré et qui a pu mobiliser comme on l’a vu, 25 voix sur les 39. C’est extrêmement important parce que là, le parti a perdu la face.

Professeur, vous êtes un observateur de la vie politique nationale, nous parlons du cas de la mairie de Yaoundé VI, mais il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’on assiste à ce type de rivalités entre militants d’un même parti pour des postes électifs ?
On l’a vu ici et là lors des dernières municipales, mais on a connu un cas assez flagrant, assez retentissant à Douala V où Emmanuel Simo s’était manifestement opposé contre Mme Foning qui était investie par le parti, qui avait autour d’elle tous les barons de Yaoundé. Et Emmanuel Simo a maintenu sa candidature jusqu’à la veille de l’élection. Après tractations, il a réussi in extrémiste à retirer sa candidature pour laisser Mme Foning. Ce genre de cas va devenir de plus en plus légion avec des considérations électorales à venir. Parce que de plus en plus les gens ne supportent plus d’être imposés dans leur choix de la base par le sommet du parti.

Dans cet environnement, que dire de l’arrêté du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation pour le cas de Yaoundé VI, force est revenue à la loi ?
Dans le cas de l’élection de M. Yoki Onana Jacques, l’autorité administrative a joué franc jeu, du début jusqu’à la fin. Le préfet a pris acte de l’élection du maire, a transmis le procès- verbal à sa hiérarchie notamment le Minadt qui a observé les délais requis et lui aussi a publié un arrêté constatant l’élection du maire de Yaoundé VI. Cela veut dire que tout le monde s’est accordé sur le fait que les dispositions internes du parti ne doivent pas transcender la bonne lisibilité de la loi. C’est de cela qu’il s’agit. Dans le cas d’espèce, c’est un problème tellement difficile à articuler qu’en réalité, M. Yoki Onana avait déjà été investi comme candidat du RDPC   pour être conseiller municipal. Maintenant, selon la loi, il s’agit de faire réunir les conseillers municipaux pour élire librement le maire, on peut dire qu’il est indiscipliné parce qu’il est toujours du RDPC   qui l’a investi comme conseiller municipal, il ne peut pas cesser d’être membre du RDPC   parce qu’il se rebelle pour exprimer la liberté qui s’inscrit dans la loi. Je crois que l’autorité administrative a joué franc jeu jusqu’à l’acte entérinant cette élection.

En clair, voulez-vous dire, on peut être fort, très fort dans le parti, mais faible face à la loi ?
Vous savez dans une République, il y a deux choses : il y a les lois et les procédures. Je crois que Yoki Onana a eu l’intelligence de convoquer et la loi et les procédures pour contourner la pression partisane. Mais jusque-là c’est au parti d’essayer de faire concorder la légalité et la légitimité. Et là force est revenue à la loi. Heureusement que cette loi est conforme à la légitimité qui s’est dégagée à l’issue de cette élection à Yaoundé VI.

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