Cameroun, POINT VIRGULE D’Edouard Kingue : En attendant la présidentielle
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Cameroun, POINT VIRGULE D’Edouard Kingue : En attendant la présidentielle :: CAMEROON

Exit l’enterrement de l’évêque de Bafia dont la tragique disparition n’a pas fini de faire des vagues, tant auprès du clergé catholique que de l’opinion publique qui croient dur comme fer qu’il s’agit moins d’un suicide selon la version officielle que d’un meurtre, deux sujets d’actualité focalisent l’attention sur le Cameroun en ce moment. Deux affaires d’intensité variable qui pourraient ‘arbitrer’ ou déteindre sur la présidentielle prévue en 2018 : la crise anglophone et la Can 2019.

On observe en ce moment, décriée par la communauté nationale, ce qu’on peut appeler les tâtonnements du pouvoir, qui a du mal à déclencher un processus visant à ouvrir des pourparlers avec les acteurs de ce qu’il est convenu d’appeler la crise anglophone. Le ‘vivre-ensemble’ prôné par le chef de l’Etat camerounais en prend par conséquent un sérieux coup dans l’aile.

Le 5 août 2017 le parti Ni John Fru Ndi a tenu son Comité exécutif national à Bamenda dans la Région du Nord-Ouest. Au cours de cette réunion les membres du parti ont dit être insatisfaits des différentes mesures prises par le Gouvernement pour résoudre la crise anglophone. La situation socio-politique dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays demeure inquiétante. Pour le Sdf, principal parti de l’opposition qui a longtemps frayé avec le pouvoir, «L’incompétence, la négligence, le laxisme et l’inertie du régime Biya sont la raison même de la poursuite de cette crise qui plonge le Cameroun dans les abysses.», a déclaré Ni John Fru Ndi qui accuse l’Etat du Cameroun de refuser un dialogue significatif sur la forme et la nature du pays mais préfère «envoyer des délégations à l’étranger » pour une démarche jugée incompréhensible, car écartant les acteurs de l’intérieur dont certains sont en détention.

L’apaisement propice au dialogue souhaité passe par, selon le Sdf, la libération des personnes détenues dans le cadre de cette crise ; la résolution des problèmes présentés par les enseignants du sous-système éducatif anglophone ; la démilitarisation des régions anglophones, entre autres.

A ce propos, l’envoi des missions à l’étranger «aux fins de fournir aux Camerounais y résidant et aux autorités de votre pays d’accréditation des clarifications sur la situation qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest», comme indiqué dans une lettre du directeur du cabinet du Premier ministre, Paul Ghogomu Mingo, datée du 31 juillet 2017, est apparu comme un flop là où le gouvernement espérait gagner le soutien des compatriotes vivants à l’extérieur. Les «missions d’explications» n’ont rien produit, sinon des actes inconsidérés de certains compatriotes tels que bruler le drapeau national.

Pourquoi se tromper de cible ? C’est la deuxième fois que le pouvoir tente d’obtenir le soutien de l’étranger. En janvier dernier, le ministre des Relations extérieures avait organisé une rencontre avec les chefs de représentations diplomatiques au Cameroun. La rencontre s’était tenue aux lendemains de l’adoption d’une mesure de nullité de deux mouvements sécessionnistes et de l’arrestation de leurs principaux leaders. Lesdites assises portaient sur la flambée des violences dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest et les initiatives du gouvernement pour un retour à la paix. En l’absence des principaux acteurs, superbement ignorés. Et toujours sous clef !!!

Offensive diplomatique donc. Celle relative à la Can de toutes les incertitudes sera t-elle plus heureuse ? Suite à la déclaration du président de la Confédération africaine du football, M. Ahmad Ahmad, sur la non-préparation du Cameroun pour accueillir la CAN de football 2019,

le Ministre délégué auprès du Ministre des Relations Extérieures chargé des relations avec le Monde Islamique, le très discret M. ADOUM GARGOUM a reçu récemment en audience, les chefs des missions diplomatiques du Maroc, de l'Egypte et de l'Algérie à Yaoundé.

Il s’est agit pour le plénipotentiaire camerounais de réfuter l’incrédulité de M. Ahmad Ahmad, et le probable transfert de l'organisation la Can vers un des pays suscités. Le Cameroun a affiché sa détermination à accueillir la compétition africaine qui demeure au stade de chantier, avec l'aide de ses partenaires, notamment l'Italie, le Royaume-Uni, la Turquie, les États-Unis et la France.

C’est la partie visible de l’iceberg. Construire une trentaine de stades pour accueillir la Can dans un an ? Refaire les routes cabossées de l’itinéraire ? Les hôtels acceptables ? L’éclairage ? Pour l’instant tout ceci ressemble aux 12 travaux d’hercule. Et si l’on construisait à la place juste quelques bibliothèques, dispensaires et salles de culture, adduction d’eau et connexion électrique, entre autres besoins urgents ? se demande un internaute. Le débat est ouvert : à quoi sert la Can dont nous sommes sevrés depuis …1972 ? Entre l’utile et l’accessoire, ou se situent les priorités ?

« Il y a des questions qui sont au-dessus de nos divergences politiques et idéologiques. Il y des luttes qui transgressent nos critiques à l’égard de Paul Biya, tout comme il y a des victoires qui ont un goût amer. L’organisation de la CAN 2019 est d’abord une question de fierté patriotique », tranche certains, qui pensent que notre engagement à organiser la Can nous oblige à ne pas être la risée de la planète. Il s’agit de « transgresser leurs peines, leurs douleurs, leurs souffrances, leurs colère pour affirmer leur fierté à l’égard de la terre qui pour certains les a vu naître. Nous devons organiser la CAN 2019 ».

Mais pourquoi cette fébrilité à moins de 24 mois du rendez-vous continental ? Pourquoi ce retard sur le programme des infrastructures « prioritaires » destinées à accueillir la fête de foot ? Les dénonciations fusent : « Des fonctionnaires ont délibérément bloqué des projets pour pousser l’Etat à se lancer dans des programmes d’urgence afin de bénéficier de juteux marchés passés de gré à gré. Certains ont déjà détourné des centaines de millions destinés aux infrastructures. D’autres sont en train de bâtir à toute hâte des gigantesques projets hôteliers aux abords des futurs stades. Ils ont créé les conditions de l’incertitude, ils ont fourni au président de la CAF des arguments pour décrédibiliser à l’échelle internationale notre pays, ils ont commis des crimes contre la République, contre la Nation ». Envers et malgré tout ? « Nous devons dénoncer tous ceux qui ont retardé les chantiers de la CAN mais interpeller ce gouvernement et le pousser à réaliser l’une des rares choses que Paul Biya ait pu faire depuis qu’il est au pouvoir », écrit un cyber journaliste.

Pour le président de la République camerounaise Paul Biya, son pays «sera prêt le jour dit» pour l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations 2019. «J'en prends l'engagement», a-t-il affirmé lors de la réception au Palais présidentiel à Yaoundé des athlètes camerounais ayant pris part aux derniers jeux de la Francophonie de Côte d'Ivoire. Le doute n’est donc pas de mise. Les enjeux sont énormes. Les derniers préparatifs de la Can pourraient se passer en pleine campagne de 2018. Ce qui pourrait servir d’argument électoral au parti présidentiel…

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