Lutte contre Boko Haram : Amnesty international remet le couvert
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L'Ong a publié un rapport qui accable des forces de défense.

Le dernier rapport d’Amnesty international fait beaucoup de bruits sur les réseaux sociaux. L'Ong spécialisée dans la défense des droits de l'homme, revient dans ce document sur la gestion que les militaires camerounais feraient des personnes détenues dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. Cette fois, les experts d’Amnesty international font valoir des témoignages de personnes qui auraient été détenues par des militaires.

Le rapport  dévoile alors, un système de tortures très élaboré. Selon lui, le camp du Bataillon d'intervention rapide à Salak, abriterait un centre de détention où les pires sévices sont commis. Amnesty international met en évidence la position géographique de ces salles d'interrogatoires situées non loin du bureau d'un officier supérieur. L'Ong veut par là démontrer que les séances de tortures ne peuvent être ignorées de cet officier, peut-être le commandant de camp, qui, implicitement les encouragerait.

Selon le rapport, il n'y a pas que la hiérarchie militaire camerounaise à "savoir". Des militaires étrangers, partenaires américains et français qui y sont souvent nombreux ne peuvent ignorer ces horreurs. Tant des cris de suppliciés doivent leur parvenir. Les activistes des droits de l'homme voudraient décourager les puissances occidentales de prêter assistance aux forces de défense du Cameroun qu'ils ne s'y prendraient pas plus subtilement. Le rapport d’Amnesty international, semble en effet destiné aux opinions de ces pays qui soutiennent le Cameroun dans la lutte qu'il mène à Boko Haram avec un brio salué de par le monde.

«Ils veulent que cette guerre perdure. On ne les gère même plus sinon on aurait déjà perdu cette guerre. Ils comprennent que c'est en train de finir et ça ne les arrange pas. Pourquoi ne se plaignent-ils pas des attentats kamikazes qui tuent des civils chaque jour? », s'indigne un militaire. Un autre témoigne que les représentants des ONG ont souvent fait des visites à Salak. «Nous les avons accueilli et avons répondu à leurs sollicitations. Ils savent que ce n'est pas un centre de détention.

Ils savent que les personnes interpellées sont interrogées par des officiers de renseignements civils, puis remises à la gendarmerie nationale qui travaille avec nous. Ils savent que nous les interrogeons ici pour des raisons de sécurité », poursuit un de ses collègues. Il explique que depuis l'attaque sur la gendarmerie de Kousseri en mai 2015, il a été convenu de déplacer les détenus "influents" de Boko Haram loin de la frontière. Des combattants de la secte étant venus un soir à Kousseri délivrer Alhadji Moustapha, l'un des pontes de la secte. Ils avaient alors fait un carnage à la brigade de gendarmerie de Kousseri.

Des gendarmes avaient été tués et des détenus élargis. Depuis, les suspects arrêtés à la frontière sont conduits à Salak. Ce camp du Bir où l'opération Alpha a logé son état-major est une forteresse inexpugnable. Selon notre source, les détenus y passent rarement plus de trois jours. «C'est vrai qu'il y'a des militaires qui même au sein de l'étatmajor pensent que la torture peut résoudre le problème. Mais, à l'opération Alpha, on pense que c'est totalement inefficace et contre-productif. Notre objectif est de restaurer la sécurité d'avant le conflit», expose une source proche de l'opération Alpha.

«Nous savons que les terroristes sont des êtres humains qui ont des problèmes qu'ils croient ne pouvoir exprimer que par la violence. Ils sont préparés à commettre la violence et à la subir. Tuer ou torturer un terroriste ne fait pas avancer notre mission. Au contraire. Si vous tuez un terroriste, vous en produisez à coup sûr au moins cinq autres. Des membres de sa famille et ses amis vont par vengeance se radicaliser et aider l'ennemi. Si au contraire vous parvenez à convertir un terroriste vous en gagnez dix voire au moins cent autres.

C'est tellement simple de parler avec eux, de les comprendre, de s'apercevoir que ce sont des personnes mal informées, converties à une idéologie qu'ils ne comprennent pas très bien. C'est ce paradigme de reconversion par le dialogue qui est en vigueur au sein de l'opération Alpha. C'est ce qui nous a valu beaucoup d'avancées dans la guerre et non la violence gratuite et contre-productive que nous prête ce rapport», déclare notre source. Il n'empêche que des vidéos produites par des militaires sont postées sur des réseaux sociaux par eux.

«De mauvais militaires. Une fois que nous identifions ces militaires exhibitionnistes, nous les sanctionnons. La punition peut aller de la sanction financière à l'emprisonnement. Le plus souvent ils sont reversés, car ce comportement n'est pas digne de militaires, pis de militaires d'élites». Les accusations portées par Amnesty International se fondent sur le droit humanitaire international. Ce corpus de texte comporte les quatre conventions de Genève de 1947 et leurs deux protocoles additionnels de 1977. «Il existe une série d'autres traités de droit humanitaire dont le but est d'atténuer les souffrances humaines en temps de guerre tel que le traité d'Ottawa», explique le CICR, garant du droit humanitaire international.

L'ONG présente au Cameroun pour observer le respect scrupuleux du droit international humanitaire a un avis nuancé sur Boko Haram. «Le droit international humanitaire n'est applicable qu'en cas de conflit armé. Un élément fondamental de la notion de conflit armé est l'existence de deux "parties" belligérantes. Or, bien des actes qui sont qualifiés de " terroristes "sont le fait de groupes (réseaux) peu organisés ou d'individus qui, au mieux, ont une idéologie commune. Au vu des preuves factuelles aujourd'hui disponibles, il est permis de douter que ces groupes ou réseaux puissent être définis comme des "parties" à un conflit armé de quelque nature que ce soit, y compris un conflit armé à caractère transnational. Même si le droit humanitaire international ne s'applique pas à de tels actes, ceux-ci restent néanmoins assujettis au droit.

Quelles que soient  les motivations de leurs auteurs, les actes terroristes commis hors du cadre d'un conflit armé relèvent du droit national et du droit international», édicte le Cicr. Pour lui, le terrorisme est un phénomène. Or, tant dans la pratique que du point de vue juridique, on ne peut pas livrer une guerre contre un phénomène. On peut seulement combattre une partie identifiable à un conflit. Pour toutes ces raisons il serait convenable de parler de "lutte contre le terrorisme" plutôt que de "guerre contre le terrorisme", la première revêtant de multiples facettes.

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