Cameroun: Pr Kaba Kourouma « Des étudiants de l’UdM réalisent déjà plusieurs médicaments traditionnels améliorés »
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Cameroun: Pr Kaba Kourouma « Des étudiants de l’UdM réalisent déjà plusieurs médicaments traditionnels améliorés » :: CAMEROON

Rencontré pendant le pic de soutenance des thèses de la cuvée 2017, le patron de la filière pharmacie de l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé de l’UdM, a accordé une interview à Camer.be. Il parle surtout de l’ambiance avant et pendant les soutenances, des recommandations formulées par les candidats aux pouvoirs publics et surtout de l’avenir des médicaments produits par les soins de l’institution.

Dites nous, Pr. C’est la quantième promotion en cette session de 2017?

Depuis que je suis doyen de la filière pharmacie, 4 sessions de soutenances de thèses en médecine ont été déjà organisées, ajoutées aux 3 autres d’avant. Il est bon de savoir que l’Université des Montagnes est l’université pilote en termes de thèses de docteurs en pharmacie. La première promotion est sortie en 2010. Les premières promotions ont soutenu à Kinshasa en Rd Congo. Tout a commencé sur le site de l’UdM il n’y a pas très longtemps.

Pouvez-vous nous décrire l’ambiance qui y a prévalue ?

Je crois qu’il est important de préciser la démarche. L’étudiant qui doit présenter ses travaux de thèse, passe d’abord par la présentation d’un protocole de recherche. Ce protocole doit être validé par un jury mis sur le pied par le doyen de la faculté de médecine. Nous évaluons ensuite le mi-parcours, question de savoir si l’étudiant peut continuer à faire ses recherches. Nous pouvons éventuellement reformuler le titre de son mémoire de thèse. Après le mi-parcours,

nous passons à la pré-soutenance, où le candidat passe devant un jury toujours mis sur pied par le doyen de la faculté de médecine. Ce n’est qu’au cours des performances que l’étudiant a acquises que nous programmons la soutenance. Depuis le 17 jusqu’au 20 juillet 2017, 52 étudiants ont soutenu.

Donc la soutenance n’est qu’une mise en scène ?

Après l’étape de la pré-soutenance qui est interne, nous sommes rassurés que le candidat a corrigé des fautes, a tenu compte des suggestions que nous lui avons formulées. Il faut relever que la soutenance est ouverte, a une coloration internationale. Des enseignants de la Côte d’Ivoire, de l’université de Kinshasa et bien d’autres ont été invités pour cette session, comme ce fût le cas pour d’autres. La soutenance proprement dite est un autre challenge pour l’étudiant qui doit faire face à un jury extérieur. Le défi étant de restituer avec brio, ses résultats de recherches devant un public cosmopolite, constitué d’enseignants, d’amis, des parents et proches de la famille…

Qu’est ce qui vous a inspiré le choix des titres ?

Nous avons eu des thèses avec un grand intérêt de santé publique, des thèses de recherches pures, qui s’occupent des plantes médicinales, par exemple quels sont leurs vertus par rapport à certaines affections tropicales ? Des essais sont faits sur des rats, des souris. Vous avez aussi des thèses qui s’occupent de la pratique hospitalière, que ce soit du laboratoire, de la clinique, il ya aussi des thèses qui se penchent sur la cartographie des maladies infectieuses, d’autres thèses s’intéressent aux revues de la littérature quand d’autres s’occupent de l’hygiène hospitalière pour voir quelles sont des mesures de traitements des eaux et autres déchets usés. J’ai trouvé cette thèse très importante dans la mesure où elle donne des solutions environnementales, l’étudiant a trouvé que des bactéries identifiées dans ces eaux usées ont déjà acquis une résistance bactérienne à des antibiotiques bien connus. C’est un appel que nous comptons lancer au ministère de l’environnement quant au traitement des déchets liquides, car de plus en plus, l’accent est mis surtout sur des déchets solides.

Réduits pour la plupart aux vendeurs de médicaments, est ce l’idée de base ?

Que vous le vouliez ou non, le pharmacien a le monopole du médicament, c’est ainsi partout dans le monde. Le pharmacien formé a le pouvoir de gestion du médicament. Cela peut se faire dans une officine, lieu où l’on vend des médicaments, mais c’est aussi le lieu où l’on donne des conseils concernant des pratiques médicales, très différents des étals clandestins où des médicaments contrefaits sont vendus par quelqu’un qui ne connais même pas quel impact tel ou tel autre produit peut avoir sur un individu.

Et il faut absolument 7 ans de formation pour y parvenir ?

Le ministère de l’enseignement supérieur a harmonisé le nombre d’année et les programmes de formation des pharmaciens dans toutes les institutions reconnues sur le plan national. Ceci pour éviter que la formation aille dans tous les sens. La durée de la formation harmonisée à 7 ans est peut être lourde économiquement, mais c’est une bonne chose dans la mesure où l’étudiant acquiert de bonnes performances académiques. Dans d’autres pays la durée de formation oscille entre 5 et 6 ans, notre option de 7 ans est courageuse.

Le minsup a également introduit l’examen national de certification. A la fin de la formation, tous les étudiants du Cameroun se retrouvent pour s’évaluer à travers l’examen national. Au cas où l’examen national est passé avec succès, l’étudiant peut passer à la thèse, ou cas contraire, il reprend. C’est un filtre qui permet de sélectionner les meilleurs.

L’UdM peut-elle déboucher sur la fabrication et sur la commercialisation des médicaments ?

Le cursus de formation des médecins en pharmacie à l’UdM intègre 3 pré-options : officine, industrie et biologie médicale. Nous avons des étudiants qui s’orientent dans l’industrie. Notre programme entend implémenter la mise sur pied d’une usine de fabrication de soluté massif à Bangangté, il s’agira dans la même vision, de la mise en place d’une officine expérimentale. Nous réalisons déjà plusieurs médicaments traditionnels améliorés, des expériences ont été faites sur des dermatoses, sur des maladies infectieuses... C’est le bon moment de les mettre à la disposition du public et permettre aux malades de les avoir à moindre coût et avec une efficacité plus prouvée. Le médicament traditionnel amélioré n’est pas toxique comme celui fabriqué à l’échelle industrielle.

Quelles ont été des recommandations formulées au terme de cette session ?

Nous comptons l’année prochaine opter pour l’organisation des soutenances par filière. Mobiliser les mêmes ressources humaines pour former le jury de la filière pharmacie, chirurgie dentaire et médecine, au même moment, devient très difficile. Il nous faut mettre en application, des recommandations issues des travaux de recherche des candidats qui ont soutenu leurs thèses, à l’endroit des ministères de la santé publique, de l’industrie, de l’environnement de l’agriculture. S’agissant des recommandations à l’endroit du minader, il y a eu des thèses sur les pesticides, avec des constats alarmants. Des pesticides pourtant cancérigènes, sont bombardés sur des exploitations par des avions. Notre mission se situe sur la prescription de la dose minimale des pesticides à répandre sur les plantations, ceci pour éviter la contamination de l’exploitant, de l’ouvrier ou même des riverains. Il ya des recommandations sur l’accessibilité des soins, partant du constat que certains soins sont très couteux, il est souhaitable que l’Etat subventionne certains soins.

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