Cameroun: Une guerre dans la guerre
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De plus en plus, les forces de défense et de sécurité au front de la guerre contre Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord ont la gâchette facile. Depuis le déclenchement de cette guerre asymétrique contre un ennemi invisible et en perpétuelle métamorphose, les bavures dans les rangs se multiplient. 

La dernière en date est celle de la grogne des soldats de l’armée de l’air observée le 3 juin 2017 qui se plaignaient de n’avoir pas été élevés aux grades supérieurs depuis deux années passés au front. Ils ont également confié que leurs primes reversées au niveau de l’état-major des armées ne leur parviennent pas intégralement. Ils avaient alors décidé d’attirer l’attention de la hiérarchie par un mouvement d’humeur en bloquant la nationale numéro 1 Waza-Kousseri, entre Zigué et Zigagué.

Le 29 avril 2017 à Mora, le sergent René Paul Njock mourait « des suites d’une agression ». En service au poste avancé d’Ardori près de Mora, c’est de passage dans cette ville qu’il constate une altercation entre des soldats de rangs du Bataillon d’intervention rapide (Bir) et du secteur numéro 1 de la Force multinationale mixte (Fmm). Usant de ses pré- rogatives de supérieur, il décide d’apaiser les tensions entre les deux parties. C’est alors qu’il reçoit un coup sur la tête, puis s’écroule. Alors qu’il est évacué à l’hôpital régional militaire de Maroua, il décède autour de 22h.

Cette énième mort entre les rangs des soldats à l’Extrême-Nord remet au goût du jour les régulières bisbilles enregistrées au sein des différentes unités de forces de défense au front. De sources anonymes confient que les militaires envoyés au front se font généralement la guerre, avec parfois des morts. On signale aussi des actes de jalousie, de règlements de comptes, d’ébriété, d’abus divers, d’arnaques et
même de braquages. 

Avec cette situation de guerre, la discipline dans les rangs et la solidarité entre frères d’armes ont pris un sérieux coup. De plus en plus, même les règlements de compte et autres bévues qui débouchent sur des morts de soldats sont mis sur le dos des actes terroristes de la secte Boko Haram. « Cela pose un problème général de gouvernance de nos soldats qui travaillent en zone de guerre.

Les chefs, avec pour prétexte la guerre contre Boko Haram, s’arrogent toutes sortes de privilèges, usent et abusent de leurs pouvoirs et font montre de brimade à l’égard de leurs éléments. C’est vrai que cela a bien existé avant, mais ce n’est plus prononcé dans les zones en guerre ».

Cette situation pose également un problème de prise en charge psychologique des soldats en zone de guerre. « Les militaires voient des choses au front. Que ce soient nos camardes tués ou ceux qui meurent sous nos yeux en succombant à leurs blessures, ou encore ceux qui sont estropiés ou malades à vie. Cela provoque des traumatismes. Or, il n’y a pas encore de spécialistes de la prise en charge de ces pathologies en zone de guerre. Vivement qu’on nous envoie des psychologues pour une meilleure prise en charge », confesse un militaire.

Par ailleurs, l’opinion publique remet sur la sellette l’enquête de moralité qui semble bâclée pendant le recrutement dans les rangs des forces de défense et de sécurité.

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