Jeannette Abognala : « Je conduis même les grumiers »
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Comment vous êtes-vous retrouvée au volant ?
Je suis une coiffeuse de profession et je faisais aussi de la broderie sur machine. Il se trouve que j’ai épousé un mécanicien diéséliste. Chaque fois  qu’il  réparait  un  véhicule  à  la  maison,  il m’appelait pour que je regarde ce qu’il faisait. C’est comme ça qu’il m’entraîne à la conduite, m’achète  une  petite  voiture  avec  laquelle  je commence à accompagner les enfants à l’école.

J’ai eu l’envie de la conduite, et il m’arrivait de «  voler  »  la  voiture  en  journée  pour  faire  le clando  à  Sangmélima.  C’est  comme  ça  que l’idée  de  devenir  chauffeur  s’est  ancrée  en moi. Je me dis que c’est un don de Dieu, et au- jourd’hui, je conduis tous les genres de véhicules, y compris les grumiers.

Dans la profession, comment avez-vous été accueillie par les hommes chauffeurs ?
Franchement, j’ai eu des difficultés au départ parce que certains se sentaient frustrés. Ils ne  m’aimaient pas. Ils disaient que la femme est faite pour rester à la maison, faire des enfants etc.  Mais  d’autres  par  contre  m’ont  été  d’un grand apport, notamment en matière de conduite défensive. Il y en a un, qui m’a pris comme sa petite sœur et grâce à lui, j’ai beaucoup appris. Il m’a inscrit dans une école de conduite américaine  pour  la  conduite  défensive. 

Des  difficultés, j’en ai également connu avec des coups bas fomentés par des hommes. J’ai eu à payer dans une agence où j’étais employée, un disque de frein alors que je n’avais pas utilisé le véhicule. Un chauffeur professionnel, quand il démarre un  véhicule,  doit  se  rendre  compte  au bout  de  quelques  mètres  qu’il  y  a  problème. Certains hommes sont méchants envers nous les  femmes  pour  rien,  alors  que  nous  avons besoin  de  leur  soutien.  Ils  voudraient  que  la femme soit là à demander le savon, l’huile, dire j’ai  faim  etc.  Ils  n’aiment  pas  qu’on  se  batte comme eux.

Si  vous  avez  un  message  à  l’endroit  des autres femmes qui aimeraient, comme vous, devenir chauffeur professionnel, que leur direz-vous ?
Je  dis  et  demande  à  mes  sœurs  d’oser,  quoi que  les  hommes  pensent  par  rapport  à  ce métier. Ce métier est bien, il m’a aidé à élever mes enfants, à garder ma famille, à me suffire à  moi-même.  Certaines  femmes  me  disent qu’elles  ont  peur  des  grosses  voitures.  Une voiture  c’est  une  voiture.  Quand  tu  conduis une petite voiture, tu peux également conduire si tu t’y mets, tout genre de véhicules. Il suffit d’aimer  ce  qu’on  veut  faire,  y  aller  avec  son cœur et on réussira.

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