Crise anglophone : La libération des manifestants divise
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Des voix s’élèvent pour demander la relaxe de toutes les personnes interpellées. Le gouvernement s’y oppose.

«82 personnes ont été interpellées, et 21 par la suite remises en liberté à la date d’aujourd’hui. Parmi les 61 personnes toujours en détention, 31 sont en instance de jugement devant la juridiction compétente, à savoir le Tribunal militaire de Yaoundé. Il est à noter que parmi les personnes en instance de jugement, l’une d’elles est poursuivie libre ».

Ainsi s’est exprimé hier 15 février, le ministre de la Communication (Mincom). Issa Tchiroma Bakary s’est cru un devoir de faire le « point sur les procédures judiciaires visant certaines personnes mises en cause suite aux événements intervenus dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest ». Seulement, pendant que le porte-parole du gouvernement se félicite de la main lourde du pouvoir dans la répression du mouvement anglophone, de  nombreuses voix demandent avec force la relaxe des personnes interpellées dans le cadre de cette crise. Ceci, dans le but d’apaiser pour trouver des solutions pérennes.

C’est le cas des leaders de la société civile des régions anglophones, dont les propositions sont contenues dans un rapport d’enquête de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés. « Libérer de manière inconditionnelle toutes les personnes interpellées lors de la crise », peut-on lire dans ce rapport. Avant la société civile, ce sont les Fons – chefs traditionnels dans le Nord-ouest – qui étaient monté au créneau à Bamuka pour appeler au calme et à un geste d’apaisement de la part du gouvernement.

Pas en reste, les chefs de partis politiques, à l’instar de Ni John Fru Ndi, président national de la principale force d’opposition, le Social Democratic Front (SDF). Dans toutes ses interventions depuis le début de cette crise, le Chairman n’a eu de cesse de demander la libération des personnes arrêtées. C’est le même son de cloche à l’Union pour la fraternité et la prospérité (Ufp) d’Olivier Bilé ou encore à l’Alliance des forces progressistes (Afp) d’Alice Sadio. Cette dernière soutient que la détention des manifestants contribue à envenimer la situation.

Et c’est sans doute dans le même souci d’apaisement que des voix dissonantes se font entendre jusqu’au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti du président Paul Biya. Au terme d’une réunion sous la conduite de l’ancien Premier ministre, Simon Achidi Achu, les parlementaires du Nord-ouest ont appelé le président de la République à libérer les manifestants.

Face à ces appels incessants à l’apaisement, le gouvernement oppose la prééminence de l’Etat de droit sur toute autre considération. Le Mincom l’a rappelé au cours du point de presse mardi à Yaoundé. Issa Tchiroma indique que « les personnes en instance de jugement sont poursuivies pour les chefs d’accusation suivants : actes de terrorisme, hostilité contre la patrie, sécession, révolution, insurrection, outrage au président de la République, outrage aux corps constitués et aux fonctionnaires, rébellion en groupe, guerre civile, propagation de fausses nouvelles, apologie de crimes ».

Une  position du gouvernement déjà théorisée par Paul Biya qui, le 10 février dernier, déclarait : « […] face à cette situation, le gouvernement a été amené à prendre des mesures pour maintenir l’ordre, assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens et mettre à la disposition de la justice les auteurs et suspects des agissements criminels que je viens de mentionner. Cette action nécessaire va se poursuivre, dans le respect des lois et règlements de la République ». Va pour le dialogue de sourds.  Photo : Issa Tchiroma. Pas question de libérer tout le monde !

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