WHATSAPP, FACEBOOK, TWITTER… : La frilosité du gouvernement camerounais
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En fin de semaine dernière, Minette Libom Li Likeng a rappelé au public l’existence d’un dispositif réprimant la diffusion et la propagation de canulars malveillants et fausses informations par les réseaux sociaux au Cameroun. A côté, d’aucuns y voient une restriction de la liberté d’expression.

Cher abonné, l’émission et la propagation de fausses nouvelles, notamment par les réseaux sociaux, sont réprimées par le Code pénal et la loi». Message signé «Minpostel» (Ministère des Postes et Télécommunications). A l’entame du week end dernier, il a été répercuté auprès des millions de Camerounais via les serveurs des sociétés de téléphonie mobile implantées dans le pays. Bien que le texto ait des allures de mise en garde, il n’est en réalité que le rappel de la loi n°2010/012 du 21 décembre 2010 relative a la cybersécurité et la cybercriminalité au Cameroun.

Dans son chapitre consacré aux infractions et aux sanctions, l’article 85 dudit texte est clair. Il stipule notamment que : «Est puni d'un emprisonnement de six (06) mois à deux (02) ans et d'une amende de 5.000.000 (cinq millions) à 10.000.000 (dix millions) francs Cfa ou de l'une de ces deux peines seulement, celui qui publie ou propage par voie de communications électroniques ou d'un système d'information, une nouvelle sans pouvoir en rapporter la preuve de véracité ou justifier qu'il avait de bonnes raisons de croire à la vérité de ladite nouvelle».

Selon Maître Fabien Bissohong, «c’est une disposition qui réprime donc toute divulgation hâtive et mal renseignée d’informations via WhatsApp, Facebook, Twitter et autres». L’avocat au barreau du Cameroun pense par ailleurs que «cela suggère une utilisation responsable et responsabilisée des réseaux sociaux dans un contexte marqué par un flux incontrôlé des informations». A la cellule de communication du Minpostel, on parle encore sobrement d'une «campagne de lutte contre la désinformation et les rumeurs».

A la division des affaires juridiques de la même institution, on clame  que «ce rappel à l’ordre vise à attirer l’attention des citoyens sur le danger qu’il y a à utiliser des ouï-dire pour créer de l'information ou d'utiliser des conjectures et son imagination pour déformer les faits à travers les réseaux sociaux».  

Signe des temps

Au Cameroun, où le taux d’accès à Internet a atteint 25,6% en fin décembre 2015 (selon le rapport d’Ericsson présenté à Yaoundé le 13 décembre 2016), ceux qui sont vraiment populaires, c'est Facebook et WhatsApp (avec plus de 10 millions d’utilisateurs). En terme de propagation d'intox, ils sont également les champions toutes catégories. «La chronique nationale révèle que dans le vrac des échanges entre abonnés à ces supports, au moins 85% d’informations sont fausses ou ne s’avèrent pas factuelles», évalue un cadre des services de renseignements à Yaoundé.

«Chaque événement d'ampleur nationale appelle rumeurs, fausses infos, intox et récupérations nauséabondes sur WhatsApp et Facebook», poursuit-il en écho de la catastrophe ferroviaire survenue à Eséka (Nyong-et-Kelle) le 21 octobre 2016. Lors de cette tragédie en effet, mille et un chiffres, publiés tant par des riverains que des personnes éloignées, avaient inondé la toile.

Vent debout

«Délit d'opinion», «entrave à la liberté d'expression», «police de pensée»: c’est le vent debout contre l’avertissement du Minpostel. Dans un autre genre, le Front WhatsApp (FW), une association de défense des libertés en ligne dirigée par Eitel Essoungou, se montre également très critique sur la création de ce délit et s'inquiète de nouvelles «atteintes à la liberté d'expression» sur la toile.

Le président de FW insiste sur «un phénomène corollaire, très compréhensible, sorte de réflexe de défense des services de renseignements face à la concurrence de la toile». A l’en croire, «WhatsApp et Facebook sont devenus les bêtes noires du système. Incapable de contrôler cette communication qui se joue des monopoles, le pouvoir suit une pente totalitaire en voulant mettre au pas un monde libre».

Il y a quelques années, quand les réseaux sociaux restaient une source d'information de seconde zone, tout ceci semblait bien anodin... mais aujourd'hui, c'est devenu un vrai problème de société, dès lors que ce sont ceux qui mentent en hurlant le plus fort qui ont le plus de chances de finir par être entendus. «Pour tout dire, les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui au Cameroun de véritables fléaux sociaux», déclarait Cavaye Yégué Djibril à l’occasion de l’ouverture de la session budgétaire le 10 novembre 2016.

Avant le président de l’Assemblée nationale, Issa Tchiroma Bakary, le ministre  de la Communication avait présenté ces canaux comme «des nids d’oiseaux de mauvaise augure» qui travaillent à «déstabiliser le Cameroun».

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