Les restaurants de nuit prospèrent à Douala
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Ils ont la particularité de n’ouvrir qu'à la tombée de la nuit, sur les façades des grands magasins, une fois ceux-ci fermés et de refermer aux aurores.

C’est la tendance qui fait fureur dans la capitale économique en ce moment : les restaurants éphémères. Ils se comptent par dizaine sur une allée de 200 mètres à Akwa au lieudit ancien Dalip, pour un chiffre d’affaires journalier qui varie de 25 000 à 35 000 FCFA. Ici, la nuit tombée, les grandes enseignes commerciales cèdent leurs façades à un commerce assez particulier, qui change littéralement la physionomie de la boutique. Il est 21h le vendredi 14 octobre 2016, la ville grouille de monde à la station taxi.

Les gens s’empressent de retrouver leurs domiciles après une journée de travail, quand soudain au milieu de ce cafouillage, Pierrot installe son restaurant devant les stores d’un magasin du centre des affaires. Il commence par une longue table qu’il recouvre d’une nappe en plastique. Il la place à une distance de l’entrée du magasin. Ensuite, il va l’entourer de trois longs bancs. En un temps record, son restaurant aura la forme d’un grand rectangle dans lequel, il va y installer son réchaud à pétrole. Puis à l’angle de la table, il va y déposer les ingrédients incontournables pour la préparation de ses mets.

Des oeufs, de la laitue, des avocats, des tomates et bien d’autres. « L’installation est facile, puisque nous bénéficions déjà d’un toit qui nous met à l’abri des pluies », lance le jeune homme. Comme lui, Marguerite aussi prend possession de la façade d’un autre magasin. Elle y installe ses marmites et attend ses premiers clients. Elle n’attendra pas longtemps. Les clients commencent timidement à envahir son restaurant.

Elle y vend des plats chauds et les prix varient de 500 FCFA à 1 000 FCFA. Petit à petit, les deux restaurants vont faire le plein au point de manquer de places assises. Certains clients vont manger debout. Douala ne dort pas. La plupart des clients qui fréquentent ces « restau » sont des moto-taximen, des fêtards noctambules et des travailleurs du sexe, a-t-on appris. Pourtant, la ville est connue pour son insécurité. Mais le temps d’un repas, elle offre une quiétude surprenante. Le phénomène est récent mais apprécié de plusieurs clients.

« Manger le soir avant de retourner chez moi, m’évite de faire la cuisine à une heure indue », reconnaît une cliente trouvée sur les lieux. Il y a plus d’une dizaine d’années, ce genre d’activité était l’apanage des coins dits « chauds » comme à Deido. Mais, depuis quelques années, les commerçants malins ont eu le bon flair. « Cette idée m’est venue par hasard », dit Pierrot, le doyen. « Je voulais un emplacement au centre-ville pour faire mon commerce, mais rien. Je me suis dis pourquoi pas exploiter les façades des magasins. Et voilà ! C’est parti comme ça! Je suis assez fier de mon idée puisque beaucoup m’ont rejoint », relate-il.

Pour la seule nuit  de vendredi dernier, sa recette s’est chiffrée à 25 000 FCFA. Une somme qui est souvent en hausse, certains jours. « Il y a des jours où je vends 30 voire 35 000 FCFA. Le commerce de la nuit marche malgré les risques », indique-t-il. Le centre des affaires est le fief de tous types brigands. Car une fois, Pierrot, qui fait ce travail depuis 02 ans, s’est fait dérober toute sa recette. Un vol qui ne l’a pas découragé pour autant. L’homme reste stoïque et compte bien exercer ce métier des années encore.

« A moins que les propriétaires des magasins ne veuillent plus de nous…sinon, je serai toujours là », fait-il savoir. Pierre cesse de travailler à 06h du matin. Mais avant de partir, il s’assure de laisser la façade de l’enseigne propre.

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