La police séquestre 200 jeunes
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Une opération ordinaire de rafle a viré hier à une foire d’abus au commissariat central n°1.

Hier en début d’après-midi, un détachement d’une centaine de policiers en service notamment au commissariat central n°1 a fait irruption au lieu-dit Province. sans discernement, les forces de l’ordre obligent des centaines de jeunes présents sur le site de prendre place à bord de camions mobilisés pour la circonstance.

On y retrouve entassés tels des sardines dans une boîte des candidats aux concours d’entrée à la Fonction publique, des jeunes sans foi ni loi, des badauds qui ont leurs habitudes en ces lieux, mais aussi des travailleurs ordinaires. Dans cette catégorie, le journaliste de mutations, Thierry Etoundi Tabi, qui a le malheur de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Lui qui a quitté la rédaction en matinée pour procéder à une collecte d’informations sur la fièvre autour des derniers concours administratifs ouverts par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative. arrêtés, les quelque 300 jeunes sont « conviés » à une ballade forcée au rond point Nlongkak, avant que les camions ne prennent la direction du commissariat central n°1.

La plupart des jeunes appréhendés croient alors une banale rafle, comme on en voit dans des villes sécurisées. D’ailleurs, lorsque le journaliste de mutations informe la rédaction de son interpellation, la première question qui lui est adressée est de savoir s’il est en possession de toutes ses pièces d’identité. Thierry Etoundi répond par l’affirmative.

Une fois au commissariat central n°1, les jeunes interpellés sont jetés dans une cellule et sommés de s’asseoir à même le sol. Des interrogatoires musclés commencent alors. au bout de dizaines de minutes, quelques jeunes cuisinés (environ 80) sont libérés. Les autres seront également entendus. sauf qu’avant les auditions sur procès-verbaux, on y retrouvait déjà les motifs « rébellion, faux et usage de faux, vagabondage et trouble à l’ordre public ».

Thierry Etoundi a beau dire qu’il est journaliste et qu’il était en plein exercice de sa profession où il a été interpellé, rien n’y fait. Les policiers jubilent. Ils tiennent leurs proies. La brise de tension qui souffle dans les rangs semble constituer un viatique pour eux. agacé, un inspecteur de police lancera même que « ce genre de rafle leur donne un peu de travail ».

au moment où nous bouclions hier, Thierry Etoundi Tabi et les autres jeunes étaient toujours détenus dans une cellule du commissariat central n°1. Cette rafle aussi extraordinaire que surréaliste, qui intervient après le traumatisant rapport de amnesty International sur le Cameroun, est la preuve que des poches de résistance prolifèrent encore parmi les forces de l’ordre camerounaises, qui neutralisent les efforts du gouvernement pour le respect des droits de l’Homme.

Pour le reste, mutations prend à témoin la communauté nationale et internationale sur cet abus flagrant et inexplicable dont est victime l’un de ses journalistes et sur le préjudice causé à l’intéressé, ainsi qu’à la rédaction. Ceci, sous réserve des autres suites qui pourraient être données à cette affaire.

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