L'atmosphère est vraiment délétère au sein du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) dans le département de l'Océan.

Malgré les appels à l'unité, le rappel des troupes éparses et la nomination d'un coordinateur pour, dit-on, « fédérer toutes les factions ennemies », la tension perdure et ce, nonobstant toutes les velléités d'exorciser le vieux démon de la discorde au sein de cette chapelle politique.

La marche de remerciement à Paul Biya pour la réorganisation du port autonome de Kribi et la nomination de Charles Ndongo au poste de directeur général de la Crtv organisée par le sénateur Grégoire Mba Mba a été l'occasion une fois de plus de montrer aux yeux de tous que le Rdpc dans l'Océan est en lambeaux et que recoller les morceaux déjà putrides de ce parti relèverait de la pure magie.

Jeudi 21 juillet dernier, le sénateur du Sud a organisé une marche de remerciement au chef de l'État. Y étaient attendus, ministres, directeurs généraux d'entreprises publiques et privées, députés, sénateurs, maires, opérateurs économiques et autres élites. Mais au final, on n'aura vu que deux maires, fidèles amis de l'organisateur, Yves Martial Madiba et Sabikanda Guy Emmanuel, respectivement maires de Kribi 1 et 2, deux présidents de section Rdpc, une sénatrice en plus de l'organisateur Grégoire Mba Mba et quelques opérateurs économiques de la ville, quelques chefs traditionnels et plus de sept cents femmes du groupe les amazones de Paul Biya, un groupe créé par le sénateur Mba Mba, et quelques autres personnes. Aucun directeur général, aucun haut cadre d'administration, et pire encore aucun membre de la délégation permanente départementale du Rdpc pour l'Océan.

Un boycott programmé

D'après nos sources , Charles Ndongo, le tout nouveau directeur de la Crtv aurait appelé l'organisateur de la marche pour le remercier pour cette attention, avec comme participation l'envoi d'une équipe pour la couverture médiatique de l'événement. On aurait vu deux équipes de la Crtv sur le terrain avec des noms comme Emmanuel Atangana et Zakiatou Boubakari. On était sûr que l'édition du journal de 20h30 sur les ondes de la Crtv allait magnifier cet événement.

Que non! Rien. Pas une brève, pas un mot. Tout comme vendredi et samedi. Une source bien introduite a confié au reporter que « le chef de la délégation permanente du Rdpc dans l'Océan a demandé à Charles Ndongo de ne pas diffuser cette cérémonie au rabais ». Vrai ou faux ?

D'après cette même source, l'organisation d’un événement similaire est prévue dans les prochaines semaines, avec la nomination probable d'un fils de l'Océan à la présidence du port autonome de Kribi. Cette information n'est ni confirmée, ni infirmée par le ministre Jules Doret Ndongo, ni par ses proches. Mais tout le monde dans le département de l'Océan connait la vieille guerre de leadership que se livrait le ministre Jules Doret Ndongo et le sénateur Grégoire Mba Mba.

Et les deux hommes avaient des partisans de part et d'autres. Le président national du Rdpc a tranché en faveur de Jules Doret Ndongo en le nommant chef de la délégation permanente départementale de l'Océan.

Un parti en flammes

Les populations de Kribi ont vu passer ce long cortège le long des rues. Mais un goût amer demeure sur les lèvres des uns et des autres. L'absence remarquée des figures connues de l'Océan telles que Jules Doret Ndongo, Innocent Ondoua Nkou, Philippe Camille Akoa, Pour ne citer que ceux là. Certains de ces élites contactées par Le Messager disent n'avoir reçu aucune invitation; d'autres prennent comme prétexte leur présence à la levée de corps d'une digne fille de l'Océan, la mama Anne Marie Nzié. D'autres encore se posent les questions sur l'opportunité de cette manifestation.

Personne n'est dupe à Kribi. Ce boycott n'est que le prolongement de la guerre de longs couteaux qui déchire le Rdpc dans l'Océan. En mettant en place les délégations permanentes, le président national du Rdpc pensait faire taire les querelles de chiffonniers au sein de son parti et faire régner la discipline. Apparemment sa voix reste sans effet au sein du Rdpc.

«Ce que je déplore est que ceux qui se disent de l'opposition ne sont pas visibles sur le terrain à Kribi. Ils profiteraient bien de cette guéguerre. Dans une grande famille, il y'a toujours des bagarres. Des bagarres d'intérêts qui ne bousculent pas le Rdpc. Mais la discipline du parti doit régner. C'est un melting-pot terrible. C'est une confusion qui ne respecte plus la vision même du parti, le rassemblement», croit savoir SM Mékoundé Roger, chef du quartier Afan-Mabe, et ancienne tête de liste Upc aux élections municipales à Kribi. Il poursuit en concluant que:«Il y'a bagarre parce que la discipline du parti n'est pas respectée. Pour l'avenir de Kribi, ils ont le devoir de parler d'une même voix parce que c'est vrai que le Rdpc ne peut pas mourir pour le moment, puisque c'est le seul sur le terrain, mais si d'aventure les choses changent, qu'est-ce que va devenir ce parti? Il va disparaître!»

La marche a néanmoins eu lieu et une motion de soutien a été remise au préfet dit département de l'Océan Antoine Bisaga qui a dit aux manifestants que: ce que le chef de l'État a donné à Kribi est ce qu'il avait de plus cher dans son cœur...

Continuez à soutenir le chef de l'État.» pour l'organisateur le sénateur Grégoire Mba Mba, «nous devons dire merci au chef de l'État parce que ce qu'il a fait pour l'Océan on ne l'a jamais vu ailleurs dans le Cameroun. L'Océan est aujourd'hui la rampe de lancement des grandes réalisations. L'Océan qui était une ville touristique est aujourd'hui une ville économique...» . Le parti au pouvoir en lambeaux dans le département de l'Océan.