Affaire Bouba Simala : Le plan d’enlèvement de Cavaye
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D’après les témoins de l’accusation entendus hier au Tribunal militaire de Yaoundé, la direction de la sécurité présidentielle serait impliquée.

Le Tribunal militaire de Yaoundé a ouvert les débats hier, 14 juillet 2016 dans l’affaire ministère public et Cavaye Yéguié Djibril contre le capitaine Bouba Simala. Deux témoins de l’accusation ont été entendus. Bouba Simala, ancien chef de la sécurité du président de l’Assemblée nationale (Pan) est détenu depuis août 2015 à la prison militaire de Yaoundé. Il est accusé de menaces simples, outrage à corps constitués et violation de consignes. Les faits qu’on lui reproche se seraient déroulés le 13 juin 2015 à la résidence du Pan.

La troisième personnalité de la République s’apprêtait à aller faire le sport au parcours vita. Mais c’est plutôt sur la route de Mfou que le Pan s’est retrouvé ce jour-là. Le premier témoin à être auditionné est l’inspecteur de police Ekobo. Ce policier commis pour la sécurité du Pan a donné sa version des faits sur ce qui avait été considéré comme une tentative d’enlèvement de Cavaye Yeguié. « Ce samedi 13 juin 2013, nous étions en train de nous préparer pour conduire le président de l’Assemblée nationale pour faire sa séance de sport. Lorsque le capitaine Bouba Simala est arrivé, il a demandé à Abena qui était le chauffeur du Pan s’il avait changé la plaque d’immatriculation du véhicule. Il demande ensuite avec un ton autoritaire qu’on appelle l’adjudant Hamidou. Il a ensuite dit qu’il a déjà appelé le général Ivo pour que celui-ci lui fournisse les éléments pour procéder à l’enlèvement du Pan. Le capitaine ajoute que pendant l’enlèvement, les éléments de sécurité doivent rester tranquilles et qu’il sera le seul responsable. Je suis retourné au poste de police situé à 50 mètres du domicile du Pan ».

Après ces déclarations, le commissaire du gouvernement prendra la parole. « Quelles dispositions avez-vous prises après avoir suivi de telles déclarations, vous qui avez la charge d’assurer la sécurité du Pan, sachant qu’à tout moment il pouvait être enlevé ? Avez-vous noté ces déclarations dans un registre de consigne ? Que faisiez-vous au poste de police une fois que le capitaine Bouba Simala a révélé sa stratégie ? » L’inspecteur Eboko n’a pas pu répondre à ces questions.

Plaque d’immatriculation

L’inspecteur de police Maneyong auditionné en second lieu a fait presque les mêmes déclarations que le premier témoin. Il fera savoir que ce 13 juin 2015, « le capitaine Bouba Simala nous a demandé de ne pas ouvrir le feu sur les éléments de la Dsp qui allaient procéder à l’enlèvement du Pan ». S’agissant des plaques d’immatriculation, il précise que le président de l’Assemblée nationale a l’habitude de se déplacer avec trois types de véhicules.

Les plaques « Pan » pour les missions, « An » et parfois les plaques d’immatriculation ordinaires pour les autres déplacements. Dans le souci de bien comprendre cette affaire, la président du Tribunal a tenu a posé quelques questions à ce témoin. « Qui a dit au Pan qu’on voulait l’enlever ?», interroge-t-elle.

L’inspecteur de police répond : « Je ne sais pas ». Une réponse que n’a pas appréciée la présidente du Tribunal. « C’est très facile de dire que je ne sais pas. Mais cela ne nous avance pas. Depuis plus d’un an que cette affaire a eu lieu, vous, étant proche du Pan vous aviez la possibilité de venir dire au Tribunal qui lui a dit qu’on voulait l’enlever ». Furieuse des réponses de ce policier, la présidente du Tribunal insiste pour avoir des clarifications. « A quel moment le président de l’Assemblée nationale a appris qu’il allait être enlevé ? », demande-t-elle.

Selon le policier, pendant que Cavaye Yeguié effectuait sa marche sportive, il a entendu le Pan s’exclamer : « Ce Bouba pense qu’il peut m’enlever ! ». « Quelle type de plaque d’immatriculation avait le véhicule du Pan pendant qu’il se rendait au sport ? », demande à nouveau la présidente du Tribunal.

« Je ne sais pas », répond l’inspecteur de police. La présidente du tribunal s’est montrée encore plus agacée face aux réponses vagues de ce témoin. « C’est très facile de dire je ne sais pas devant la barre mais cela complique davantage le travail. Vous, entend que pièce essentielle de la sécurité de notre président de l’Assemblée nationale vous êtes incapables de nous dire quelle type de plaque son véhicule avait pendant qu’il se rendait au sport. C’est regrettable. Cela veut dire qu’on peut enlever notre président à tout moment sans que vous ne fassiez quelque chose. En tant qu’autorité, j’ai la possibilité de lui dire que ces gens qui sont autour de lui n’assurent vraiment pas sa sécurité ».

Selon les témoins de l’accusation, ce 13 juin-là, la voiture du président de l’Assemblée nationale  avait comme chauffeur un certain Richard Abena, décédé. C’est l’adjudant chef Hamidou qui était le garde de corps de service (il est aujourd’hui le chef de sécurité du Pan, Ndlr). C’est en cours de route que le très honorable aurait été informé de cet enlèvement.  

Le capitaine Bouba Simala, apprend-on, était resté à la résidence du Pan. Les autres agents de sécurité suivaient le véhicule du Pan dans deux différents véhicules. Ce même jour, le capitaine Bouba Simala quittera le domicile du Pan quelques heures après le départ du cortège pour Mfou. Il ne reviendra qu’au cabinet de son patron le lundi 15 juin, racontent les témoins auditionnés hier.

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