EXTRÊME-NORD : Boko Haram repasse à l’offensive
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Trois localités attaquées dans le Logone et Chari et le Mayo-Sava.

Après une courte période d’accalmie, les incursions de Boko Haram ont repris ces derniers jours dans les départements du Mayo-Sava et du Logone et Chari. La dernière en date a été enregistrée dans la nuit du 09 juillet 2016 à Aldjé, une petite bourgade située à moins de trois kilomètres de la base du Bataillon d’intervention rapide (BIR) d’Amchidé, dans l’arrondissement de Kolofata. «Ils ont brûlé des cases et tué trois personnes», informe un riverain.

Les trois victimes appartiennent à une même famille : celle du chef du village. En effet, l’attaque, qui avait selon toute vraisemblance des allures d’une expédition punitive, a débouché sur la mort du chef du village, Blama Idrissa Adoum et de ses deux enfants, Ahmed Idrissa et Adoum Idrissa. Cette incursion dans un des derniers villages avancés à la frontière dans ce secteur, remet au goût du jour un ensemble d’interrogations sur l’attitude de certaines populations.

De fait, l’arrondissement de Kolofata, selon des chiffres officiels actualisés, totalise 31.000 déplacés intérieurs qui viennent principalement des villages frontaliers à l’instar de Djarandiwa, Wavazai, Tambalam, Tala-Madé, Gouderi, Ndaba, Manawatchi, Bamé, Gréa… Ces déplacés intérieurs se concentrent autour des bases militaires situées notamment à Amchidé, Kouyapé, Tolkomari, Kolofata ou encore plus en profondeur du territoire comme à Goumouldi.

D’où les interrogations qui entourent le choix de ceux qui ont décidé de rester, à l’avant des postes de l’armée, s’exposant ainsi aux attaques des terroristes de Boko Haram. «Dans la plupart de ces villages désertés, l’on retrouve principalement des femmes et des enfants alors que les hommes, eux, se sont refugiés plus à l’intérieur. De plus, je peux vous rassurer que ces villages sont au contact des positions de Boko Haram qui se trouvent le long de cette frontière ô combien poreuse.

Est-ce que ceux qui restent font preuve de courage ? Est-ce qu’ils vivent en parfaite intelligence avec Boko Haram ? Tout cela mérite réflexion», explique une autorité administrative du Mayo-Sava.

NOUVELLES CIBLES

«Sans la présence de l’armée qui, faute de moyens, ne peut installer partout des unités statiques, sans les comités de vigilance parce que les hommes devant les constituer ont replié vers l’arrière, la sécurité de ces villages tient davantage d’un compromis tacite entre les populations et les terroristes que de leur courage», analyse une source sécuritaire à Mora.

Les déplacés, eux, défendent ceux qui sont restés à l’arrière. «C’est chacun qui détermine son choix, en fonction de ses craintes et de ses certitudes. Je ne pense pas que ceux qui sont restés ont des relations particulières avec ces terroristes; sinon, ils ne seraient pas attaqués aussi souvent comme c’est le cas. Certains restent, simplement parce qu’ils ne savent pas où aller, qu’ils n’ont jamais été nulle part que dans leurs villages», raconte Mohamed, un déplacé de Manawatchi, installé à Mora.

Il en veut pour preuve la mort de deux paysans dans leur champs à Manawatchi, le 07 juillet 2016, tués par des terroristes de Boko Haram. «Moussa Dawa et Oumar Kolo n’ignoraient pas la dangerosité de notre localité, mais que pouvaient- ils faire d’autre que d’essayer de reprendre une vie normale en retournant travailler dans leurs champs ? Notre situation est difficile, très difficile.

Après, on se dit : Dieu est grand, tout dépend de sa volonté; et que si c’est notre jour de crever, on crèvera, rien à faire», fredonne le déplacé. Les villages frontaliers ne sont plus les seules cibles de Boko Haram comme c’était le cas il y a encore quelques semaines après que les forces de défense et de sécurité camerounaises ont opéré avec succès à l’intérieur du Nigeria.

Donc, chose surprenante, les terroristes sont parvenus à s’infiltrer jusqu’à moins de 10 kilomètres de Waza, notamment dans le village de Goulouzivini, et fait 02 morts dont une femme de 45 ans, Kaagana et un jeune homme de 18 ans, le nommé Adjit. L’attaque s’est produite dans la nuit du 07 juillet 2016. «Quand ils sont arrivés, ils se sont mis à tirer dans tous les sens pour faire fuir les populations. Ils ont incendié 06 cases, emporté 195 moutons et chèvres appartenant au chef du village, Blama Hessena Adam, et à son petit frère Hassana Adam, 04 vélos, des ustensiles de cuisine, une sacoche contenant des vêtements du chef du village», informe un riverain. En plus de tout cela, les assaillants ont pillé la boutique du chef de village.

Sans doute terrassés par la famine, les terroristes ont fait le tour des cases pour vider les marmites. «Ils devaient avoir faim, car ils ont léché toutes les marmites de nos femmes», déclare un riverain. Ces incursions sont la preuve que malgré les succès de l’armée, la guerre est loin d’être terminée. «Le feu est éteint, mais les braises sont toujours là», analyse, pour sa part, un gradé de l’Opération Alpha.

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