Alternance à la tête de l’état : Les « Marafistes » font le lobbying en France
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Une délégation des affidés de l’ancien ministre d’Etat déchu séjourne depuis la semaine dernière dans l’hexagone, avec pour objectif non avoué, rechercher des soutiens pour la défense du condamné, en prélude à la présidentielle de 2018, dont il serait probablement candidat, d’après ses partisans, ou tout au moins dans la perspective de l’alternance à la tête de l’Etat du Cameroun.

Cette mission fait suite à une réunion organisée il y’a quelques jours au siège de l’union européenne à Yaoundé, et qui a vu la participation des principales chancelleries occidentales, avec pour menu central, la question de  l’alternance au pouvoir au Cameroun. De sources diplomatiques bien huilées, la question du départ du pouvoir du président Paul Biya a longuement préoccupé les diplomates européens présents à Yaoundé au cours du conclave, avec pour point d’orgue, non plus la problématique de la possibilité ou de l’opportunité d’un tel départ, mais celle de sa succession à la tête de l’état.

En termes plus prosaïques, l’union européenne se préoccuperait déjà de l’après Biya, avec pour question lancinante, qui pour lui succéder. L’option des diplomates européens, qui elle-même s’alignerait dans la  logique du ministère anglais des Affaires étrangères, selon les mêmes sources diplomatiques, aurait- elle déblayé le terrain aux courants « pouvoiristes » pour un déploiement de charme auprès des partenaires du Cameroun ?

Quoiqu’il en soit, à la suite de ce conclave, les proches de l’ancien Secrétaire général de la présidence de la République tombé en disgrâce aux yeux du régime, et dont personne n’ignore les ambitions présidentialistes, se sont mis en mission bien discrète pour l’Europe. D’après les sources bien renseignées qui en font état, la composition de cette « mission » ne fait aucun doute sur la nature des activités planifiées outre-Méditerranée. Ces sources ont pu déceler dans la composition de cette équipe entre autres el Hadj Ahmadou Bouba, le très activiste Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Garoua, bien connu du sérail comme le filleul politique de l’ancien ministre d’etat. Autre membre de cette délégation, Ahmadou Maïgari Marafa, le frère cadet de Marafa Hamidou Yaya, Mouhamadou Ahidjo, l’un des fils du premier président de la république et non moins Ambassadeur itinérant, et le député Rdpc Mamouda Ali, lui aussi réputé proche de l’ancien Homme fort de Garoua.

Le jeu trouble de la France

Des noms qui laissent transparaitre quelques similitudes avec ceux déjà évoqués dans de nombreuses notes confidentielles, et qui n’ont pas échappé aux fins limiers des renseignements. A quelques exceptions près, ces fins limiers font remarquer que ce sont les mêmes qui avaient organisé deux réunions à Yaoundé courant avril et consacrées au même personnage, et que certains parmi eux avaient tenu d’autres réunions antérieures à Paris avec Mme Marafa. Les notes relatives aux réunions de Yaoundé avaient fait état de la présence d’un blanc, présumé français, dont le nom n’avait pas été indiqué, et dont le rôle dans la défense du cas Marafa reste flou.

Aujourd’hui, le choix de Paris pour entamer cette « mission » hexagonale des proches de Marafa pourrait trouver une explication sur cette présence troublante aux réunions de l’Hôtel des Députés d’il y’a environ deux mois. On s’en doute, l’agenda de ces missionnaires reste bien caché, mais d’après certaines fuites, une rencontre serait au menu avec Jeannette, l’épouse du célèbre prisonnier, dont les récentes sorties dans certains médias internationaux, à la suite de la condamnation à 20 ans de prison ferme de l’époux par la Cour suprême, avait sonné aux oreilles des observateurs comme la balise d’une campagne de plaidoyer international.

Fort de ses introductions dans les milieux diplomatiques de la capitale française, les observateurs n’excluent pas des rencontres entre les membres de cette mission et quelques officiels français. Et pour cause, la France a officiellement marqué son intérêt pour la cause de Marafa Hamidou Yaya. En effet, répondant le 18 avril 2016 à une correspondance de Fabrice Njayou, porte-parole d’ « Action solidaire pour Marafa », une organisation de défense de la cause de l’ancien ministre basée en Belgique, la présidence de la république française a relevé son attention pour la cause. Sous la plume d’isabelle Sima, chef de Cabinet du président François Hollande, elle écrit : « Le président de la République française a bien reçu le courrier que vous lui avez adressé concernant Monsieur Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre détenu au Cameroun.

Il m’a confié le soin de vous répondre et de vous assurer de l’intérêt porté à votre démarche ». Avant d’ajouter de façon non équivoque : « La situation de Monsieur Marafa Hamidou Yaya ainsi que les condamnations dont il a fait l’objet sont connues de l’administration française, et suivies avec attention par notre ambassade à Yaoundé comme par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international ».

Une prise de position qui en dit long sur le jeu trouble de la France, même si in fine, la correspondance tente, dans un vernissage diplomatique, de rassurer sur la souveraineté du Cameroun et le refus de s’immiscer dans le fonctionnement de sa justice. Dans les arcanes diplomatiques, on disait Marafa le chouchou de Sarkozy, mais on était à mille lieues de soupçonner que François Hollande avait lui aussi succombé au charme « pouvoiriste » de l’ancien Sg/Pr, au point d’accorder une attention particulière à son cas, au milieu de nombreux autres hauts commis de l’état camerounais condamnés dans le cadre de l’opération épervier. A quel titre ? Question de conscience…

L’heure des choix sincères

Mais à Garoua, de nombreux militants ne semblent pas surpris du déploiement et de l’activisme débordant qui conduisent les proches de Marafa dans l’Hexagone aujourd’hui. En installant les membres de la coordination départementale des activités du Rdpc dans la Bénoué il y’a environ deux semaines, Jean Nkueté a bien senti la frénésie qui avait gagné les militants du fait de l’absence de certains affidés du ministre déchu au sein des responsables choisis par le comité central. En effet, il se susurrait dans la foule que le comité central a fini par faire la part des choses en écartant les présumés « Marafistes » de la gestion des affaires du parti.

Référence était surtout faite au Délégué du Gouvernement auprès de la communauté urbaine de Garoua, bien connu pour ses accointances avec l’ancien Sg/Pr, mais toujours au fronton des activités du parti au pouvoir, sans responsabilité établie au sein du parti. La hiérarchie du parti a manifestement fini par trancher au regard de nombreuses plaintes reçues au sujet des manœuvres jugées « déstabilisatrices » de ce proche de Marafa.

en effet, le nom d’el Hadj Ahmadou Bouba est largement revenu dans les requêtes parvenues au comité central au sujet des fraudes lors des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du parti du Flambeau ardent dans la Bénoué, alors qu’il n’était que le vice-président de la commission départementale de coordination des opérations.

Cet activisme suspecté était encore mis en relief à l’occasion du meeting d’appel à la candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle qu’il s’était précipité d’organiser à Garoua le 07 février sans consulter au préalable les instances dirigeantes du parti, au point de susciter la rupture( ?) avec Youssouf Adjidja Alim, la ministre de l’éducation de base et Coordonnatrice désignée des activités du parti dans la Bénoué, et surtout de justifier l’organisation d’un autre meeting de rectification sous la houlette d’Aboubakary Abdoulaye, lamido et Rey Bouba, vice-président du Sénat et Délégué régional du Rdpc pour le Nord.

L’absence de leurs noms sur la liste de la coordination départementale du parti dans la Bénoué expliquerait- elle le regain d’activisme de ces partisans de Marafa qui se retrouvent aujourd’hui à Paris ? En tout cas à Garoua, l’heure des choix sincères semble avoir sonné selon de nombreux militants, tant 2018 qui paraissait si lointain est plus si proche que jamais.

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