Élevage : La filière bovine se meurt
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Le marché Camerounais est inondé par des boeufs venus du Tchad et du Soudan.

La crise est encore sourdine. Mais l’inquiétude est profonde. La filière bovine dans notre pays peut s’effondrer si des mesures courageuses ne sont pas prises. Cette semaine, l'on a atteint un chiffre record au marché à bétail de Ngaoundéré dans l’Adamaoua. Un taureau de quatre ans a été vendu à 200. 000 F.CFA. « De mémoire de fils d’éleveur, je n'ai jamais entendu un taureau de cet âge se vendre à ce prix », réagit cet initié dans ce domaine névralgique de l’économie camerounaise.

Comment en est-on arrivé à cette situation, devenue, le seul sujet de conversation dans les salons de Ngaoundéré et autres milieux d’affaires de la zone septentrionale ? Il y a d’abord le contexte sécuritaire qu'il faut convoquer pour comprendre la situation.

Depuis quelques mois et c’est inédit, le Soudan et le Tchad font entrer au Cameroun du bétail chaque jour et par milliers. Ces boeufs entrent selon nos sources par la région de L’Extrême-nord. « Le Nigeria était le principal consommateur. Les zones de passage sont aujourd’hui sous le contrôle de Boko Haram, qui n’hésite pas à arracher ce bétail et tuer les bergers. Les commerçants ont utilisé toute sorte d’astuces pour échapper, mais à ce jour, ce débouché est risqué. Des gens y ont perdu tout ce qu’ils ont. D’autres ont été tués. Les survivants se tournent maintenant vers le marché intérieur du Cameroun », explique notre source.

Sécheresse et Boko Haram

Le second facteur, c’est cette forte sécheresse au Tchad en ce moment. Cette intempérie a occasionné la mort de beaucoup de bêtes. Les éleveurs vendent à vil prix les moribonds. Une manne pour les commerçants camerounais qui s'y rendent avec des camions.

Un boeuf peut coûter, nous a-t-on dit, jusqu’à 35000 FCFA. Ramenés et nourris au Cameroun, le boeuf se remet rapidement grâce au tourteau et le voilà gras et vendu à prix d'or. La tentation est grande. Les commerçants se ruent dans ce pays. Une nouvelle filière s'ouvre. Et voici le marché intérieur inondé.

Ces boeufs remis en forme sont livrés dans les principales villes camerounaises. Yaoundé, Douala, Kribi, Edéa etc. Ils sont grands de taille, aux longues cornes attirent les bouchers qui les trouvent bien charnus. Ils déambulent dans ces lieux marchands.

Or, ces marchés ont toujours été les principaux débouchés pour les éleveurs du Septentrion camerounais. Ils ont toujours proposé des boeufs pour l’essentiel, de la race Koudali, élevés dans la Vina, puis un peu partout dans l’Adamaoua et une partie du Nord. C'est cette race qui a fait la réputation des marchés périodiques comme Tello, Likok, Nyambaka, Galdi, Dang et même le marché de Ngaoundéré.

Des commerçants vont de marché en marché acheter ces zébus qu'ils transportent à destination du Grand Sud du Cameroun. La filière existe depuis plus de cinquante ans. De milliers de familles vivent de cette activité. Maintenant tout s’effondre. Un boeuf que l'on vend à 400 000 se vend à 200 000 et très souvent à crédit. L'unique solution à en croire les acteurs de la filière, c’est d'interdire l’entrée en masse de boeufs venant du Tchad et du Soudan. Le politique pourra-t-il les suivre ?

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