Opération épervier : Yves Michel Fotso va très mal
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Déclaration faite par un médecin devant le TCS ce mercredi.

La collégialité du tribunal de céans était présidée par Madame Eloundou qu’assistaient les Vice-présidentes, Siéwé et Zakiyatou Alioum. Le Ministère public et la partie civile étaient bien représentés. Le banc des avocats de la défense était désespérément vide. En l’absence de l’accusé Yves Michel Fotso, le Ministère public a fait auditionner son témoin en la personne de Madame Abada Annie, médecin lieutenant-colonel en service à la prison secondaire de Yaoundé sise au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed). Elle s’occupe de la coordination et du suivi de la santé et de l’état clinique des malades de ce pénitencier. Travail qu’elle accomplit au quotidien en rapport avec les autres médecins officiant dans les hôpitaux de la place. Bref, elle a été auditionnée pendant environ deux heures d’horloge par le ministère public et le tribunal.

Le témoin a déposé sous serment conformément à la loi. Tout l’interrogatoire portait sur les documents sanitaires produits par le Sed et dont l’accusation conteste la pertinence. Déjà à l’audience du 25 janvier dernier, une autre collégialité (volet N°1 Ndlr) avait rejeté le certificat médico-légal produit par la défense de l’ex-ADG de la Camair. Le témoin a expliqué longuement la démarche qui a abouti au rapport de santé de l’accusé. Aussi, il revenait naturellement au docteur  A. Annie, en tant que de besoin, d’entrer en relation avec  les collègues, chacun dans sa spécialité et officiant dans les hôpitaux de la place. Dans le cas de l’accusé d’Yves Michel Fotso,  a-t-elle précisé et soutenu, plusieurs spécialistes sont intervenus (cardiologues, neurologues, psychiatres, etc.).  

Cette prise en charge est valable pour tous les malades du Sed dont le plateau ne répond pas aux exigences cliniques d’un certain niveau. Elle a  ajouté par ailleurs, pour s’en convaincre, qu’on était à la recherche d’un psychologue.  A la question de savoir pourquoi chaque médecin intervenant  n’a pas signé un certificat médico-légal, elle a été plus que précise : «C’est à la base de leurs rapports  que j’ai établi le  certificat médico-légal». Conformément à la déontologie professionnelle et de mon serment d’officier a-t-elle reprécisé, un peu émue et choquée sous la pression des questions du ministère public  et du tribunal. En un mot comme en mille, elle a répété et redit, tout au long de sa déposition, qu’une équipe médicale Plurifonctionnelle était au chevet du patient. En aucun moment de son audition, le témoin n’a usé la langue de bois. Elle a reconnu  que l’état clinique d’Yves Michel Fotso est palpable, pertinent et qu’il mérite d’être hospitalisé…pour éviter l’autodestruction. Cette déposition pathétique et émotionnelle venant d’un officier supérieur, médecin de son état, a jeté un froid sur l’assistance.

Acharnement

Il n’y a pas eu seulement l’audition du témoin Abada Annie.  Le tribunal a fait lire par le greffier audiencier deux correspondances venant de la défense. La  première porte sur de nombreux incidents et entorses, selon elle, qui ont émaillé la double procédure (volet N°1 et volet N°2) pendante  depuis novembre 2014 devant le tribunal criminel spécial. La correspondance relève, entre autres,  le refus de la jonction des deux procédures,  multiples rejets de leur demande  de surseoir à statuer,  pourvoi en cassation irrecevable, lettres envoyées au  ministre de la justice, Garde des Sceaux  en vue de l’arrêt des poursuites  engagées contre leur client, le corps du délit étant restitué, restées sans réponse, comptes bancaires bloqués, etc.  In fine, la correspondance du collectif de la défense fustige la violation intolérable du droit de la défense, l’acharnement judiciaire. Sur ces entrefaites et au regard de ce qui précède,  poursuit la correspondance, leur client Yves Michel Fotso a pris la décision de ne plus se présenter  au tribunal pour «déni de justice».

Ainsi  conclu la correspondance : « Il ne se présentera pas à l’audience du 10 février, du 15 février 2016 et suivants ». La seconde correspondance, plus brève, annonce la déconstitution  du collectif de la défense des intérêts  d’Yves Michel  Fotso. Le collectif comprend outre Me Achet et Mandeng, les  avocats français Michael Buhler, Dominique Inchauspe et Benedicte Graulle tous du barreau  de Paris. En tout état de cause,  le collectif a déclaré ne plus participer à ce « simulacre» de justice.  En attendant la suite de ce feuilleton judiciaire, il n’est pas inutile de citer le Président Paul Biya lors de son discours à l’occasion du cinquantenaire de l’ENAM en 2009 : «La justice est la plus haute institution de régulation sociale et la poutre maitresse  de la démocratie dans un Etat de droit. Rendre justice est une noble mission, mais aussi une responsabilité». La  cause a été remise pour le 03 mars 2016.

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