Otages de Lagdo : l’affaire se déporte au tribunal militaire
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Douze personnes soupçonnées d’avoir contribué à l’enlèvement du maire de Lagdo comparaissent depuis le 8 janvier 2015 à Garoua.

Le 20 janvier 2015, cela fera 11 mois jour pour jour que Mama Abakaï, maire de la commune de Lagdo et ci-devant président de la section Rdpc de la même localité, était capturé et fait otage en compagnie de 15 autres personnes dans les environs de Garoua-Boulaï. Alors que les familles attendent toujours impatiemment la libération de leurs parents, 12 personnes, suspectées d’avoir activement contribué à l’enlèvement des otages de Lagdo, comparaissent depuis le 8 janvier 2016 devant le tribunal militaire de Garoua. Mohamadou Danlamy, principal accusé, actuellement en détention à la prison de Garoua et ses complices sont poursuivis pour «intimidation de la population, provocation d’une situation de terreur, contrainte d’une victime à accomplir ou s’abstenir d’accomplir, à adopter ou à renoncer à une position…».

Selon une source proche du tribunal militaire, la justice dispose d’éléments probants qui accablent les suspects. «Après plusieurs mois d’enquête et des témoignages, de graves soupçons pèsent sur ces hommes. Ils auraient notamment eu de nombreux contacts avec les ravisseurs avant et après l’enlèvement des otages. Ils ont notamment contribué à fournir des informations aux ravisseurs. La justice s’emploie maintenant à démontrer toute leur implication dans cette affaire et éventuellement, il faut espérer qu’on pourra, au terme de la procédure, avoir des éléments permettant d’obtenir la libération des otages», affirme notre source. L’affaire a été renvoyée au 3 février pour l’ouverture des débats.

En visite à Garoua le 1er octobre 2015, le délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguele, au cours d’une séance de travail qu’il a tenue avec les autorités administratives et policières de la région du Nord, avait évoqué la situation des otages de Lagdo. Au terme de cette séance de travail à huis clos, des indiscrétions faisaient état de ce que, selon Martin Mbarga Nguele, les autorités policières savaient «où se trouvent les otages et connaissent même leurs ravisseurs. Mais il se trouve que ceux-ci (otages, Ndlr) sont en territoire étranger et qu’ils (police, Ndlr) ne peuvent pas agir», avant d’ajouter que «le problème est suivi, car les Camerounais ne peuvent pas abandonner leurs ressortissants où qu’ils soient».

Toujours selon des informations recueillies au sortir de cette réunion du 1er octobre, les ravisseurs seraient des membres d’une bande armée localisée en République centrafricaine. Les mêmes sources nous faisaient savoir à cette date qu’une délégation de la division régionale de la police judiciaire du Nord et des enquêteurs en provenance de Yaoundé avaient fait part aux familles des victimes, au mois de juin 2015, que les négociations avaient été rompues avec la bande armée à cause des «exigences financières jugées très élevées ». Le 25 juillet 2015, le principal otage de la bande, le maire de Lagdo, Mama Abakaï, dans un message audio adressé aux autorités gouvernementales, sollicitait de celles-ci la reprise des négociations. Des ravisseurs qui, selon nos sources, exigeraient une rançon de près de 5 milliards de Fcfa.

APPEL AU PRÉSIDENT
Le 14 septembre 2015, une lettre en circulation dans la ville de Garoua et ayant comme auteur la mention «populations de Lagdo» sollicitait l’intervention du président de la République pour obtenir la libération des otages car malgré toutes les assurances des autorités, l’inquiétude est toujours de mise au sein des familles des otages. «Voici déjà un an que je n’ai pas vu ma mère, je ne sais même pas si elle encore en vie ; si oui, dans quelle condition vit-elle ? Nous sommes franchement dépités. Je crois que même les autorités essayent de se moquer de nous. Alors que nous attendons qu’elles interviennent pour libérer nos parents, elles se contentent de nous donner des assurances sans solutions concrètes. Je commence même à penser que toute cette affaire était un coup monté. Maintenant, on traduit devant le tribunal militaire des enfants de Lagdo, certains ont même été encadrés par le maire. Nous sommes surpris de les retrouver aujourd’hui sur le banc des accusés. J’espère seulement que cela va apporter une solution concrète», tonne la fille d’un otage. C’est dans la nuit du 19 au 20 mars 2015 à Gbabio, localité situé à une quinzaine de kilomètres de la ville de Garoua-Boulaï, que ces 15 otages avaient été kidnappés alors qu’ils revenaient de Bertoua où ils avaient pris part aux obsèques de la belle-mère du sous-préfet de l’arrondissement de Lagdo, Daouda Issa.

LISTE DES SUSPECTS

  • Mohamadou Danlamy
  • Abisso Mahamat
  • Sauibou Halidou
  • Manguilvaissa Toumba
  • Djibri Anadama
  • Malamsou Wayang
  • Abiassou Ernest
  • Garba Adamou
  • Ibrahima Malam
  • Hescheket Moudona
  • Tchanga Missilik
  • Mohamadou Lamino

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