France-Cameroun : Comment évolue la déclassification des archives
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France-Cameroun : Comment évolue la déclassification des archives :: CAMEROON

Des sources diplomatiques précisent que le regroupement desdits documents a commencé à Paris.

S’il n’était pas tombé sous les balles du peleton d’exécution de l’armée camerounaise le 15 janvier 1971, Ernest Ouandié aurait peut-être soufflé sur ses 92 piges aujourd’hui. La commémoration du 45ème anniversaire de la disparition de ce nationaliste et dernière figure historique de l’Union des populations du Cameroun (Upc), intervient dans un contexte fortement marqué par l’annonce par la France de l’ouverture des archives concernant sa présence au Cameroun, notamment entre 1945 et 1960. En visite d’Etat à Yaoundé le 03 juillet dernier, le président français François Hollande avait brisé le tabou en évoquant ces douloureux moments des relations franco-camerounaises.

«C’est vrai, avait-il reconnu, qu’il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés, et tragiques mêmes. Puisqu’après l’indépendance, il y a eu une répression en Sanaga maritime, au pays bamiléké et nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts; et les archives aussi». Depuis cette annonce, où en est-on concernant ce dossier ?

L’on sait de sources diplomatiques « qu’aucune démarche n’a de manière formelle été faite dans ce sens par le gouvernement camerounais à la France ». Les mêmes sources indiquent – sans donner de précisions sur la tendance – que l’Upc a dans les semaines qui ont suivi l’annonce de François Hollande, « adressé deux ou trois correspondances pour demander cette déclassification des archives ».

Côté français, éclaire nos interlocuteurs, les choses évoluent. Mais à quelle vitesse ? Difficile à dire. Seule certitude, « les ministères concernés tiennent des réunions sur le sujet à Paris et le processus de regroupement des archives se poursuit ». Les départements ministériels en question sont ceux de la Défense (Jean-Yves Le Drian), sous la responsabilité duquel travaille Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire ; le ministère des Affaires Etrangères et du Développement international (Laurent Fabius) ; et celui en charge des Outre-Mer chapeauté par George Pau-Langevin ;

Justice

Dans le même temps, une réflexion sur les modalités de remise de ces archives est d’ores et déjà engagée. La France se propose outre la restitution des documents physiques au Cameroun, de financer des bourses d’études des chercheurs sur le sujet. Une option qui ressemble à celle  « retenue à l’époque pour l’Algérie », renseigne une autre source diplomatique qui suggère que « l’ouverture de ces archives pourrait intervenir courant 2016 ». Une perspective réjouissante ? Pas sûr, surtout si elle ne s’accompagne de justice. Car selon Achille Mbembe, historien et théoricien de la postcolonie, « ouvrir les archives françaises ne servira strictement à rien tant que nous ne nous serons pas engagés dans ce geste de reprise et de refondation qui consiste à inscrire dans une lignée ceux qui ont été immolés pour que ce pays puisse répondre de son nom propre devant le monde ». Et l’universitaire de conclure : « pour la France, ouvrir les archives était le minimum. Cela ne coute rien. Les choses sérieuses ne pourront commencer que si les victimes des atrocités commises par la France dans notre pays trouvent enfin justice. Ouvrir les archives n’a de sens que si en fin de compte la justice est rendue ».

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