Licence 4G : l’Art rappelle à l’ordre Mtn et Orange
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L’Agence de régulation des télécommunications (Art) met en demeure ces opérateurs de téléphonie mobile de se conformer à leurs cahiers de charges respectifs.

Dans un communiqué rendu public le 7 janvier dernier, l’Art demande aux opérateurs de téléphonie de se plier à la réglementation régissant les licences 4G au Cameroun. L’institution par du fait que les débits offerts par Mtn et Orange sont «généralement inférieurs» à 100 Mégabits par seconde alors que pour parler d’effectivité de la technologie  4G (entendez 4ème génération technologique), il faut dépasser ce chiffre. Raison pour laquelle, bien que ces différents opérateurs visés sont autorisés à fournir les services de communications électroniques mobiles liés aux technologies d’accès 2G, 3G et 4G conformément aux dispositions de leurs conventions de concession, «Toutefois, lesdits opérateurs sont assujettis aux obligations contenues dans les cahiers de charges annexés à ces conventions. Certains aspects importants de ces cahiers de charges sont en cours d’élaboration en vue de l’opérationnalisation effective de la 4G.

Par conséquent, l’Agence de Régulation des Télécommunications, dans le cadre de ses missions de suivi et de contrôle des activités du secteur des communications électroniques s’emploie à l’élaboration avec le ministère des Postes et Télécommunications à mettre en cohérence lesdits cahiers de charge en vue d’un développement harmonieux des réseaux et services de communications électroniques dans le strict respect de la réglementation en vigueur», fait savoir le gendarme du secteur des télécoms au Cameroun. L’Art saisit l’occasion pour rappeler que la 4G est un ensemble de systèmes mobiles qui fournissent des services de télécommunications dans le monde entier quel que soit le lieu, le réseau ou l’équipement terminal utilisé. Ces systèmes offrent un accès aux services de télécommunications les plus avancés du moment. Lesdits services mobiles sont dits «à très haut débit». Autrement dit, la 4G ne fonctionne vraiment pas au Cameroun, mieux ne sont pas encore en mesure d’offrir de façon satisfaisante les services de la 4G à ses abonnés.

Cette sortie de l’Art survient au moment où Orange et Mtn, les deux opérateurs privés évoluant dans le secteur de la téléphonie mobile au Cameroun depuis plus d’une décennie, se livrent à une bataille féroce à distance : chacun affirmant être le premier opérateur de la 4G au Cameroun. Au sein de la filiale camerounaise du géant sud-africain, l’on n’est pas à court d’arguments affirmant avoir obtenu la licence en mars dernier, avec des fréquences nécessaires. « La 4G est prête dans les villes de Douala, Yaoundé, Buea et Bamenda », avait juré Philisiwe Sibiya, directrice générale de Mtn- Cameroun, lors d’une conférence de presse le 17 décembre 2015 à Douala. À Mtn, l’on assure avoir massivement investi, soit 350 millions de dollars pour mettre le réseau à niveau et ainsi permettre au Cameroun de faire un bond technologique supplémentaire, en disposant enfin de la 4G. En face, à la filiale de France Télécom et anciennement Société camerounaise de Mobiles (Mobilis), l’on use de tous les artifices pour abreuver l’opinion des âneries sur la licence 4G, soutenant avec beaucoup de peines «attendre que le régulateur indique les fréquences.»

Au milieu de toutes ces campagnes publicitaires (médias, réseaux sociaux, grandes affiches, etc.), certains des 16,5 millions d’abonnés que comptent les deux opérateurs (6,5 millions pour Orange et 10 millions pour Mtn) ne manquent pas de mots pour exprimer leur mécontentement. «Au lieu de passer le temps à se livrer une hallucinante guerre pour la 4G, ces deux entreprises de renommée mondiale devraient plutôt chercher à réunir toutes les conditions techniques pour une véritable connexion à la 3G et à réduire les coûts des appels. La 3G n’est même pas encore entièrement déployée au Cameroun qu’on nous parle déjà de la 4G», réagit un ingénieur des postes et des télécommunications. Pour lui, la réaction de l’Art, loin de surprendre, vient plutôt corroborer ce qu’une large opinion (votre journal y compris) pensait déjà des envolées de Orange et Mtn sur la 4G.

Licences 4G bradées

Malgré l’arrimage du Cameroun à la 3G, ce n’est pas encore la grande célérité des services, encore moins la fluidité du réseau tels que vantées pompeusement aux populations par les opérateurs téléphoniques. Ce qui fait qu’au sein du sérail, l’on confie que l’ancien ministre des Postes et Télécommunications Biyiti bi Essam n’avait aucune raison valable de céder des licences 4G aux opérateurs de téléphonie mobile en ce moment et ce, dans une opacité sans bornes, d’autant plus qu’aucun opérateur digne de ce nom ne peut s’engager à déployer prématurément une technologie dans son réseau, sous peine de mettre sérieusement sa propre survie en danger. Mtn et Orange attendront patiemment de tirer le maximum d’avantages possible de leurs réseaux 3G, avant de se résoudre à déployer la 4G. Le même principe reste d’ailleurs valable pour l’État qui, lui aussi, perdrait les bénéfices attendus de la 4G, entre autres en termes d’effet d’entraînement sur l’augmentation du Pib et de rentrées fiscales, si lesdits opérateurs s’avisaient de la déployer à contretemps, minimisant, par la même occasion, les chances d’en faire une utilisation judicieuse. Plutôt que de permettre à l’État d’obtenir le juste prix de ses ressources spectrales, M. Biyiti, rapportent de sources proches de milieux des télécoms, a contraint ce dernier à y renoncer et, en lieu et place, à accentuer davantage la pression fiscale sur le contribuable, tout en continuant à s’endetter lourdement, à coups de milliers de milliards de Fcfa par an, au risque de voir son endettement excéder rapidement ses capacités de remboursement, et de rebasculer dans l’ajustement structurel d’ici 2020. Dans sa logique de braderie, l’ancien Minpostel a opté, pour des raisons tout aussi inavouées qu’inavouables, d’ignorer un avis d’expert datant du 03 février 2015. Avis lui recommandant d’exclure la 4G du périmètre des nouvelles concessions, afin que sa cession ultérieure puisse rapporter beaucoup d’argent à notre pays.
 
Pour rappel.

La technologie 4G est principalement utilisée en complément de la 3G dans des zones urbaines denses, quand l’opérateur constate que les capacités sollicitées par sa clientèle ne peuvent plus être supportées par la seule 3G. Et selon nos sources, «les opérateurs n’ont nullement intérêt à utiliser la 3G avec désinvolture, car celle-ci pourrait bien arriver à saturation plus tôt qu’ils ne le croient. Et le fait de penser qu’ils pourraient résoudre la congestion de leurs réseaux qui en résulterait inéluctablement en recourant à la course à la technologie, avec un déploiement précipité de la 4G, pourrait s’avérer lourd de conséquences, en particulier sur leur capacité à assurer un retour sur investissement dans des délais raisonnables.»

À l’épreuve de la vérité

Selon les experts des Télécoms approchés par La Météo, il n’y avait aucune raison valable de faire cadeau de la 4G aux opérateurs de téléphonie mobile, une technologie qui ne leur sera vraiment utile que dans plusieurs années. Selon eux, en effet, il convient en effet de savoir que les opérateurs Mtn et Orange n’ont aucun intérêt à déployer la 4G avant plusieurs années, sous peine de se retrouver pris à leur propre piège car, non seulement ils n’auraient alors pas le temps de rentabiliser les investissements consentis dans le déploiement de la 3G mais, en outre, un déploiement prématuré de la 4G serait hautement préjudiciable au maintien d’une qualité de service acceptable dans leurs réseaux. Le faire prématurément est par conséquent une regrettable erreur qu’ils ne manqueraient pas de payer au prix fort, le moment venu. De la même manière, rapportions-nous dans l’une de nos précédentes éditions, il n’est pas non plus dans l’intérêt de l’État de pousser les opérateurs à la faute, en les encourageant à effectuer prématurément, et même à contretemps, de lourds investissements qu’ils auraient par la suite toutes les peines du monde à amortir, en les encourageant à investir prématurément dans la 4G.
 
Dans la norme, d’après une planche Mobile Network developing trends and strategies, pour atteindre la 4G, à partir de la 3G, il faut passer par la 3,5G, 3,75G et la 3,9G. C’est dire si de la première version de la 3G probablement déployée par Nexttel, à la 4G, il y a plusieurs étapes intermédiaires, en l’occurrence le Hsdpa R5, le Hspa R6 (Hsupa), le Hspa+R7, le Hspa+R8, et même d’autres étapes possibles, chacune faisant apparaître une évolution conséquente sur les débits théoriques montants et descendants par elle réalisables.
 
En tout état de cause, un opérateur 3G devrait normalement penser à faire évoluer son réseau jusqu’à la version Hspa+R8 (Téléchargements à un débit max de 42 Mbps), avant de songer à déployer la 4G. Un opérateur Cdma2000, à l’instar de Camtel, qui déploie la 3G (Cdma2000 1x et Ev-Do Rel.0/Rev.A/Rev.B) depuis 2006, et qui a même déjà inclus la 4G dans le «Programme Nbn» depuis 2012, mais qui, comble de l’incompétence, voudrait tout recommencer à zéro, avec un réseau Gsm/3G de loin techniquement moins performant.

Du coup, il apparaît clairement qu’en offrant la 4G en bonus à Orange et Mtn, le Cameroun vient de faire une très mauvaise affaire. Il serait par conséquent vivement recommandé que l’on revoie les termes de cette transaction, afin d’exclure la 4G du périmètre desdites concessions, et de préserver les chances pour notre pays de pouvoir mieux la rentabiliser, le moment venu.

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