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© Le Jour : Propos recueillis par Jean-Philippe Nguemeta
- 21 Nov 2015 02:33:26
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CAMEROUN :: Mathias Eric Owona Nguini : “Critères essentiellement politiques” :: CAMEROON
Le politologue décrypte le sens et les enjeux de la longévité des directeurs généraux à la tête des entreprises publiques et parapubliques.
Que pensez-vous de la longévité des directeurs généraux à la tête des entreprises publiques ?
La longévité des directeurs généraux à la tête des entreprises publiques ou parapubliques est un problème parce qu’elle ne s’inscrit pas dans la perspective dominante du management moderne qui estime que les mandats des dirigeants exécutifs doivent être limités et définis autour d’objectifs précis pour permettre à ces gestionnaires d’agir rapidement et efficacement. Cela est effectivement source d’immobilisme mais, il faut savoir que les critères qui déterminent le choix et le maintien de ces directeurs généraux sont essentiellement des critères politiques. Dans une telle logique, ce ne sont pas des critères managériaux qui déterminent le choix et le maintien de ces directeurs généraux.
Qu’est-ce qui peut justifier une telle situation ?
Cette manière de faire est en fait liée à une situation institutionnelle d’orientation immobiliste qui lui-même privilégie la longévité pour les fonctions gouvernantes suprêmes. Cette situation est justifiée par le fait que dans le système institutionnel de type étatique, les positions de directeurs généraux d’entreprises publiques ou parapubliques sont des prébendes qui sont accordées par le leader central aux autres barons. A partir de ce moment, on a tendance à les considérer comme des sinécures. Le maintien des directeurs généraux à la tête de ces entreprises publiques est généralement dû à des raisons politiques c a m e r . b e; ces positions de directeurs généraux sont des positions convoitées et elles permettent au leader présidentiel en tant que maître central du jeu de distribuer des prébendes à un certain nombre de ses lieutenants. C’est donc en fonction de considérations politiques plutôt que managériales que ces directeurs généraux sont maintenus aussi longtemps à ces positions.
Quels avantages y a-t-il à limiter la durée de ces directeurs généraux à la tête de ces entreprises ?
Bien entendu, la limitation des mandats des directeurs des entreprises publiques et parapubliques est une bonne choses parce qu’elle permet à ces gestionnaires de travailler dans un temps précis et de devoir donc définir une démarche claire et efficace d’action et de gestion des structures qui leur sont confiées. Le management moderne fonctionne avec l’idée de mandat précis et de mandats qui ont une durée relativement courte de telle manière que les responsables soient conscients de la nécessité d’agir vite et de manière pertinente pour conduire les entreprises qu’ils mènent à des niveaux importants de performance.
Le problème actuel au Cameroun, c’est que ceux qui s’éternisent à la tête de ces structures finissent soit en prison ou sont sauvés par la mort. Peut-on encore se réjouir d’être nommé directeur général au Cameroun ?
L’actualité récente nous montre qu’il y a de plus en plus de risques et de contraintes à être dirigeants de ces entreprises publiques et parapubliques. Il y a désormais quelques risques à occuper ces hautes fonctions parce qu’elles exposent ces gestionnaires à des multiples tentations. Au fur et à mesure que ces fonctionnaires occupent ces fonctions, ils finissent par patrimonialiser leurs positions et sont alors exposés à beaucoup de risques en termes d’abus commis. Et ils risquent par la suite d’être concernés par des affaires politico-judiciaires ; c’est donc devenu risqué que d’occuper des positions de directeurs généraux.
A qui la faute finalement ?
Bien entendu, l’immobilisme qui existe à la tête des entreprises publiques n’est que l’expression particulière de l’immobilisme institutionnel et gouvernant qui prévaut dans le système politique.
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