Manquement : Quand Amnesty international dénonce
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Cette organisation avait publié récemment un rapport intitulé Cameroun. Les droits humains en ligne de mire. La lutte contre Boko Haram et ses conséquences.

En septembre dernier, Amnesty International avait publié un rapport intitulé, Cameroun. Les droits humains en ligne de mire. La lutte contre Boko Haram et ses conséquences. Dans ce document, cette organisation dénonce avec emphase le comportement des soldats camerounais à l’endroit des populations civiles. « Les forces de sécurité camerounaises ont attaqué des villages, détruisant des maisons, tuant des civils et arrêtant plus de 1 000 suspects, dont certains n’étaient âgés que de cinq ans. Des événements graves, notamment la mort de 25 personnes en garde à vue, n’ont donné lieu à aucune enquête sérieuse. On est toujours sans nouvelles de plus de 130 personnes », peut-on lire dans ce rapport présenté à la presse.

Alioune Tine, directeur pour l’Afrique centrale et de l’Ouest à Amnesty International, constate que « tout en offrant une protection nécessaire aux civils, les forces de sécurité camerounaises ont commis de graves violations dans leur réponse aux atrocités de Boko Haram. Elles ont tué illégalement des civils ou ont utilisé la force de façon excessive. Des gens ont été arrêtés arbitrairement, et de nombreuses personnes ont été détenues dans des conditions inhumaines, ce qui a entraîné des dizaines de morts. » A en croire cette organisation, depuis 2014, les forces de sécurité camerounaises ont arrêté et détenu plus de 1 000 personnes soupçonnées de soutenir Boko Haram. La plupart ont été arrêtées lors d’opérations de « ratissage » où les forces de sécurité ont encerclé des dizaines, voire des centaines, d’hommes et de garçons. La majorité d’entre eux sont détenus dans des conditions déplorables à la prison de Maroua.

Amnesty international dit s’appuyer sur des images et photos satellite qui confirment l’ampleur des destructions causées par les forces de sécurité et décrites par des dizaines de témoins. Les chercheurs regrettent que, outre les morts et les destructions, au moins 200 hommes et garçons ont été arrêtés lors de cette opération. Ils ont été emmenés au siège de la gendarmerie de Maroua et enfermés dans deux pièces où beaucoup sont morts pendant la nuit. Près de trois mois après les faits, les autorités ont déclaré que 25 personnes avaient perdu la vie dans des cellules de fortune, mais n’ont pas révélé l’identité des victimes, la cause de leur mort, ou l’emplacement de leur corps. Alors que 45 des personnes arrêtées ont été emmenées à la prison le jour suivant, au moins 130 des hommes et des garçons arrêtés dans les deux villages sont toujours portés disparus.

Suffisant pour sortir Issa Tchiroma de ses gongs. Le ministre de la communication avait organisé une conférence de presse pour remettre en question ce rapport. « Ces enquêtes manquent à tout le moins d’objectivité. Mettre dans le même panier victimes et bourreau. Ce n’est pas normal», disait-il, mais reconnait tout de même qu’ «Amnesty International a dit ses vérités. Ils sont dans leur rôle. Ils le font avec tous les gouvernements. Ils n’ont pas de parti pris».

© Le Jour : Younoussa Ben Moussa

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