Un militaire abat un civil de sang froid
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Les premiers éléments de l’enquête concluent à une bavure.

C’est dans une profonde tristesse qu’Abdoulaye Mahamat, 46 ans, a été inhumé le 12 octobre 2015, vers 11h, au cimetière de Hilé-Haoussa. Sur les circonstances de sa mort brutale, ses proches et sa famille n’en reviennent toujours pas sur les circonstances de sa mort brutale. «Les militaires sont là pour nous protéger, et voilà qu’ils sèment la désolation dans les familles», explique Harouna. De fait, en attendant les conclusions de l’enquête sur la mort d’Abdoulaye Mahamat, toutes les sources parlent de bavure. Tout s’est déroulé dans la nuit du 11 au 12 octobre 2015 au quartier Hilé-Haoussa.

Abdoulaye Mahamat se trouve au domicile de son frère, Djibril Mahamat, qui habite ledit quartier. Alors qu’il est approximativement 20h, Djibrine Mahamat demande à son fils, âgé de 14 ans, d’aller lui acheter du lait. La suite, c’est le frère aîné du défunt, Abdellai alias «Yogo» qui la raconte : «Vers 20h10, l’enfant est parti à vélo. A 10 m de la maison, il a croisé deux individus en civil, un peu éméchés, qui lui ont demandé la facture du vélo. L’enfant a répondu qu’il n’en avait pas. C’est alors qu’ils lui ont demandé de leur remettre le vélo. L’enfant a refusé et a fait demi-tour parce qu’ils voulaient l’arracher. Ils l’ont poursuivi jusque devant la porte de sa maison où l’enfant avait jeté le vélo à l’intérieur. Les deux individus l’ont attrapé et se sont mis à le battre. Des cousins qui se trouvaient à côté de la porte ont suivi les bruits et sont sortis, puis ont engagé une bagarre. Le défunt et son frère, Djibrine Mahamat, à l’intérieur de la maison, ont également suivi le bruit et sont sortis. Djibrine Mahamat est sorti en premier. Il s’est saisi d’un des deux civils pour savoir pourquoi ils agressaient les gens jusqu’à devant le chez eux et l’a tiré jusqu'à 10 m», relate le frère aîné du défunt.

Abdellai marque une pause avant de poursuivre : «Le militaire qui avait à ce moment une barre de fer en main, l’a frappé avec l’objet. Pendant ce temps, l’autre a couru chez lui, il n’habite pas loin de là, a pris son arme. En revenant avec son arme en main, des enfants l’ont vu et se sont mis à crier. Les gens sont rentrés chez eux, mais Abdoulaye et Djibrine ne sont pas rentrés. Ils sont restés devant la porte. Le militaire a d’abord tiré deux coups sur la porte, puis s’est retourné contre Abdoulaye et a tiré trois coups de feu sur lui. Entre temps, son camarade qui avait maîtrisé Djibrine demandait sans cesse à l’autre de lui tirer dessus. Quand il a voulu le faire c a m e r . b e, Djibrine a réussi à se protéger derrière le militaire et c’est finalement lui qui a reçu la balle au niveau de la hanche. J’ai été appelé vers 20h40, je suis immédiatement arrivé sur les lieux où j’ai trouvé Abdoulaye mort et le militaire couché. J’ai transporté le corps de mon frère à l’hôpital». La victime, garagiste de métier, laisse deux épouses et neuf enfants. Après son forfait, le caporal Jonathan Apollinaire Manga, en service au 41ème BIM, est allé sécuriser son arme chez lui. Il n’habite en effet pas loin du lieu de la scène du crime. A peine 500 mètres. «Quand il est arrivé, il a déclaré à son bailleur qu’il venait de tuer un Haoussa», raconte-t-il. Quant à son camarade, le soldat de 2ème classe Abou, touché à la hanche, il a été conduit à l’hôpital régional de Kousseri où il suit actuellement des soins intensifs. L’histoire, telle que racontée par le frère de la victime, corrobore à ceux des premiers éléments de l’enquête.

Il reste à espérer que l’enquête ouverte ira jusqu’au bout, les forces de sécurité ayant une fâcheuse tendance à protéger «le corps». «La famille a rencontré le préfet du département du Logone et Chari pour lui expliquer la situation. Parce qu’un acte comme celuilà ne peut pas rester impuni. Personne ne doit échapper à la justice, simplement parce qu’il appartient à un corps qui possède des armes», affirme Abdellaï alias «Yogo».

© L’Oeil du Sahel : DAVID WENAI

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