La génération des combattants pour l’indépendance et la dignité de l’Afrique à laquelle appartient le regretté professeur Kapet de Bana n’a pas connu le privilège d’exercer le pouvoir. Elle a cependant été le cœur nucléaire d’un espoir aussi grand que les brimades, humiliations, mépris et dominations qu’elle a subis. Elle croyait enfin, en 1960, pouvoir libérer le continent noir des griffes du colonialisme et de ses continuateurs. Elle a cependant connu l’exil, la chasse à l’homme et la mise à l’écart de la gestion d’une Afrique dite formellement postcoloniale mais réellement toujours inféodée aux forces de l’impérialisme politique, spirituelle, économique et idéologique. Le pacte faustien entre anciennes puissances coloniales et leurs collaborateurs interafricains avait mis à l’écart les plus originaux des Africains dans le combat pour l’indépendance réelle.

Le professeur Kapet de Bana est l’un des derniers représentants de cet engagement sans faille aux côtés des luttes pour une Afrique libre et prospère. Il était l’un des derniers témoins capables de nous guider dans les arcanes, les méandres, les moments fastes, les grandes idées, les grands débats, les récits et les fourvoiements des luttes de libération et des leaders panafricains. Il représentait l’un des derniers esprits vivants d’une citoyenneté insurrectionnelle face aux dictatures africaines et extra-africaines. Il était le flambeau jamais éteint d’une démocratie toujours revendiquée digne et authentique depuis la création de l’UPC à la fin de ses jours.

Engagement, Témoignages, Citoyenneté et Démocratie ont donc été les points cardinaux de l’œuvre foisonnante du professeur Kapet de Bana, décédé le 15 septembre 2015 à Paris. Par conséquent les organisateurs de la journée d’hommage en son honneur le 7 novembre 2015 à Bruxelles ont décidé d’instituer durablement une journée Kapet de Bana : Citoyenneté, Témoignage, Engagement et Démocratie.

L’histoire évoluant par paliers dont la résultante donne des résultats à des moments parfois inconnus des générations qui la font, nous considérons que Kapet de Bana et ses camarades de lutte Africains et non Africains ne sont pas un échec. Ils ont hissé le combat à un palier et c’est à nous de le poursuivre afin de le hisser à un autre palier au profit des générations futures.

Cela dit, le 15 septembre de chaque année, la communauté afro-camerounaise de Belgique honorera la mémoire du professeur Kapet de Bana lors de cette journée via une série de conférences, d’ateliers et de débats sur des problématiques camerounaises, panafricaines et mondiales autour du thème citoyenneté, témoignage, engagement et démocratie. Par ailleurs, des textes de l’œuvre foisonnante du professeur Kapet de Bana seront lus, analysés et discutés afin d’étudier leur portées, leurs limites et leurs actualisation par rapports aux impératifs de la lutte de libération de l’Afrique au XXIème siècle.

Cette initiative de la communauté afro-camerounaise de Belgique par du constat que nos aînés et leurs œuvres doivent être exaltés, perpétués et réévalués à l’aune d’une confrontation de leur contenu aux coordonnées polaires des réalités de notre temps. C’est de cette façon que nous allons perpétuer leur combat, capitaliser leur travail et apprendre de leurs trajectoires pour mieux réussir la lutte de libération en évitant de faire les mêmes erreurs. Un des grands défis de la journée Kapet de Bana est de savoir comment allier engagement, action politique, participation au pouvoir et consolidation

de la démocratie camerounaise et africaine sachant que cela exige une action politique guidée par des principes forts et inébranlables de liberté, de justice et d’équité.

Le combat politique de nos aînés doit être réinterrogé sous contrainte de cette problématique de la pondération juste et efficace à trouver entre, d’un côté, un extrémisme des revendications et une absence de pouvoir pour changer le monde, et, de l’autre, la modération et la possibilité d’avoir une parcelle de pouvoir qui vous permet de changer le cours de la vie d’homme, de femmes et d’enfants autour de vous.

Considérant que la société africaine et camerounaise est multiple, conflictuelle mais à mettre en mouvement pour le développement par des compromis institutionnels et sociétaux autour de la justice, de la civilité, de l’équité, de la légalité, de l’égalité et de la publicité ;

Considérant que la conception de la démocratie est multiple car elle peut être républicaine (souveraineté civique et souveraineté populaire), libérale (justice politique universelle) ou communautarienne (défense des identités personnelles et d’une communauté morale) ;

Considérant que l’Etat de droit démocratique a été l’objectif de l’engagement, du témoignage et de la citoyenneté insurrectionnelle du Pr. Kapet de Bana ;

Considérant que le « Kapétisme », pensée philosophique du Pr. Kapet de Bana mérite continuité, critique et débat ;

Considérant que le Pr. Kapet de Bana n’a jamais cessé de documenter, d’informer, d’enseigner, de faire connaître et de s’engager ;

Considérant que nous ne devons pas faire du Pr. Kapet de Bana une icône à vénérer mais un symbole à déchiffrer et à capitaliser pour l’avenir de l’Afrique et des Africains ;

Considérant que la foi du Pr. Kapet de Bana en la démocratie est ipso facto son rejet de la violence dans le changement du Cameroun et de l’Afrique ;

Considérant que le panafricanisme de Kapet de Bana a été non un totalitarisme mais une utopie sans cesse critique ;

Considérant que notre souhait de créer une chaire Kapet de Bana, Engagement, Témoignages, Citoyenneté et Démocratie dans une université camerounaise ne peut être effectif à court terme mais uniquement à long terme,

Nous, communauté afro-camerounaise de Belgique, instituons durablement le 15 septembre de chaque année, la journée Kapet de Bana : Engagement, Témoignages, Citoyenneté et Démocratie.

Vive le Cameroun démocratique,

Vive l’Afrique libre et prospère,

Vive le combat pour la liberté.

Pour la communauté afro-camerounaise de Belgique

-    Thierry Amougou (Cameroun)
-    Clovis Mbikay (Congo RDC)
-    Mamadou Ouattara (Côte d'Ivoire)
-    Emmanuel FOMO (Cameroun)
-    Alexis Gariga (Cameroun)
-    Roufaou Oumarou (Cameroun)
-    Christine Ekessi (Cameroun)