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© Camer.be : Entretien avec Valgadine TONGA
- 12 Nov 2015 10:20:04
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CAMEROUN :: Ben Decca : « Je vais faire le maximum pour que mon public soit satisfait » :: CAMEROON
30 ans de carrière, ça se fête. Et de la plus belle des manières. C’est en tout cas ce que vise Ben Decca, au soir du 14 novembre 201 Je vais faire le maximum pour que mon public soit satisfait.5 à la Douala Bercy. Pour rendre hommage à ces innombrables fans, le père du ‘‘makossa love’’ ne veut pas de raté. Tous les jours il enchaîne les répétitions avec ses musiciens. C’est dans l’une de ces séances, le mercredi 11 novembre 2015 à la Chaumière Jazz de Bonapriso/Douala que nous l’avons rencontré. Il a consenti à mettre un coup de frein sur les entraînements pour nous répondre.
A quelques heures de la grande soirée anniversaire comment se sent Ben Decca ?
Je suis confiant parce que je sais qu’il y aura du monde. Je sais qu’on a bien travaillé donc le reste suivra. In shaa Allah (Si Dieu le veut, ndlr) !
En 30 ans de carrière on a encore la frousse de monter sur scène, de décevoir ses fans ?
En fait c’est 33 ans mais on a voulu ramener à 30 ans. En ce qui me concerne j’ai toujours ce trac de trente secondes avant de monter sur scène. Je me dis est-ce que le public sera content ? Est-ce que je serai à la hauteur ?... Mais dès que les trente secondes passent c’est bon. Ce n’est pas parce que j’ai confiance en moi que je ne vais pas avoir peur, mais c’est justement cette montée d’adrénaline qui te pousse à bien travailler.
Toujours dans la mouvance de vos noces de perle, vous avez fait une tournée aux Etats-Unis notamment. La tournée a été ?
Ça se passe toujours très bien là-bas. J’ai fait l’Amérique du Nord, les Usa, c’était bien. J’ai reçu des prix. La diaspora camerounaise et les étrangers mêmes ont aimé. C’était bien puisque j’ai reçu le prix de Montréal, j’en ai eu pour la diaspora américaine.
L’un des faits marquant de cette célébration c’est la réticence des annonceurs à vous soutenir. Pour vous c’est un choc ou vous appréhendiez déjà cela ?
Non. J’ai pour habitude de dire qu’il y a une similitude entre Charles Aznavour et moi. C’est qu’on se voit déjà. Dans «Je me voyais déjà», Charles Aznavour a dit «c’est la faute au public qui n’a rien compris». Moi je dirai que c’est la faute aux annonceurs qui n’ont rien compris. La preuve, je joue partout, je fais salle comble. Si les nouveaux seigneurs du marketing ne savent pas que la cible se fabrique, se crée, c’est qu’ils n’ont rien compris. J’ai ouïe dire que je ne fais pas partie de leur cible. Je me demande quelle cible ils ont ?
D’aucuns observateurs estiment que les annonceurs jettent leur dévolu sur les artistes étrangers…
Ce n’est pas tout à fait faux. Ce qui est évident c’est que, les annonceurs, lesquels mêmes exploitent la musique camerounaise, traînent le pied dès qu’il s’agit d’un artiste camerounais. Quand il s’agit d’un artiste étranger ils débloquent facilement des millions. Je me pose aussi la question de savoir s’il n’y a pas une sorte de «mafia» où certains organisateurs de spectacles veulent s’accaparer de tout. J’ai l’impression, et j’insiste dessus, que pour réussir au niveau du sponsoring, il faut appartenir à un certain groupe. Malheureusement tel n’est pas mon cas. J’ai mon public.
Est-ce qu’après trente ans de carrière, Ben Decca ne peut pas faire un spectacle sans solliciter à tout prix l’appui des sponsors…
Sincèrement aucun artiste ici au Cameroun ne peut prétendre ne pas avoir besoin d’annonceurs. L’annonceur est un plus, premièrement parce que nous n’avons pas de salle de spectacle approprié. La salle la plus grande à Douala ne prend pas mille places. Alors, si on tient compte des charges, la sonorisation, les musiciens, le cachet de l’artiste, vous ne pouvez pas attendre le payement des billets d’entrée pour rentabiliser l’opération. Donc il faut vendre l’image des artistes. C’est pour cela qu’on a besoin des annonceurs, pour essayer d’amoindrir les charges. Donc même Ben Decca en a besoin. Mais qu’à cela ne tienne, c’est parce que je n’étais pas là. Si ça ne dépendait que de moi j’allais décaler la soirée mais maintenant j’y suis. Ça y va de mon honneur, de mon nom. Tout ce que j’ai affaire c’est to make people feel better (en français, faire en sorte que les gens se sentent bien). Je vais faire le maximum pour que mon public soit satisfait. Tant pis pour mes poches. Tant que mon public est satisfait ça va.
Ben Decca qui aime bien critiquer les journalistes a pourtant été soutenu par ceux-ci dans cette situation…
Je ne critique pas les journalistes. Je dis juste la vérité. Quand les journalistes font bien leur job je dis waouh ! Mais quel que soit le cas, et je l’ai dit, j’ai été agréablement surpris. J’étais loin d’imaginer que les journalistes pouvaient m’aimer autant. Je l’ai même répété à la télé en disant que je leur resterai éternellement gré par rapport à leur prise de position et j’espère que ça provoquera un effet boule de neige pour d’autres Camerounais qui auront besoin d’annonceurs. Je suis peut-être un peu trop orgueilleux, j’estime que j’ai une image et que les annonceurs en ont besoin. Nous faisons un échange marchandise. S’ils ne sont pas intéressés ils ne le sont pas.
Il se dit que Ben Decca aime entretenir le mythe autour de lui, rester en retrait. Est-ce que ce n’est pas aussi le prix de votre comportement que vous payez là ?
Pour mieux vivre, restons cachés. Je ne suis pas de nature exhibitionniste. J’aime vivre ma vie tranquillement. Malheureusement j’ai choisi un métier de lumière. J’aimerai bien sortir, prendre mon pot quelque part, manger même les beignets en route sans avoir à rougir. Malheureusement ce n’est pas évident. Il faut avouer qu’il y a aussi du bon là dedans. J’ai pour habitude de dire que s’il y a des gens qui m’aiment pour rien, il est aussi normal que j’ai des gens qui me détestent pour rien. L’essentiel c’est que les gens qui m’aiment pour rien sont plus nombreux que ceux qui me détestent pour rien.
Justement la salle de Douala Bercy ne sera pas étroite pour recevoir tout vos fans ?
J’aime Douala Bercy à cause de sa proximité. Je serai avec mon public, je vais m’amuser avec mon public. Je serai détendu, je ne serai pas distant parce que en les voyant en face ça me permet de bien m’amuser. Ça va être un spectacle sans être un spectacle. Ça sera très convivial. Je vais jouer avec mon public, rigoler avec lui, improviser…
Y a-t-il un titre ou un album sur les 19 que compte votre discographie qui vous a touché plus qu’un autre et que vous comptez absolument partager avec le public le 14 novembre ?
Personnellement je ne sais pas. Je me dis toujours que je suis un père qui a beaucoup d’enfants. On ne peut pas lui demander l’enfant qu’il aime le plus. J’ai conçu tout mes albums avec amour. Je pense qu’à un moment donné Dieu m’a insufflé l’inspiration que j’ai offert au public. Je me vois mal en train de remettre en cause ce cadeau qui vient de là haut. Je me dis que tout ce que Dieu me donne est bon parce que si ce n’était pas bon il n’allait pas me le donner. Il me donne pour que je l’offre à mon public. J’ai pour habitude de dire que ce que tu fais pour toi disparait avec toi. Ce que tu fais pour les autres restera à jamais. J’ai composé pour les autres, pour faire plaisir à mon public. C’est pour lui que je chante. Pour le spectacle du 14 novembre, j’attends tout mes fans, toutes les personnes qui m’aiment et même celles qui ne m’aiment pas. Je me dis que si les personnes qui ne m’aiment pas viennent, en écoutant ma musique, peut-être elles auront une autre image de moi et m’aimeront aussi.
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