Il est reproché à Michael Nouga, d’avoir mené des consommateurs de gaz domestique à la manifestation sur la voie publique hier. Michael Nouga, enseignant d’informatique à la faculté des sciences de l’Université de Maroua, a été interpellé hier en fin d’après-midi et conduit au commissariat du 1er arrondissement à Hardé. 

Il était près de 16h lorsque les commissaires du 1er arrondissement et du groupement mobile d’intervention de Maroua sont arrivés à la station Total Maroua 1. Ils sont venus à la demande du chef de boutique de cette station. Le commerçant avait alarmé les autorités de la ville, prétextant que des clients s’apprêtaient à une émeute.

Une fois les policiers arrivés sur les lieux, ils ont découvert que l’entrée à la piste de la station était bloquée par des dizaines de bonbonnes de gaz. Leurs propriétaires, le visage fermé et déterminé, entendaient interdire à quiconque d’entrer ou de sortir de la station s’ils ne repartaient pas avec leurs bonbonnes pleines de gaz. Les commissaires après une brève palabre avec des manifestants ont compris leur détermination.

Ils se sont alors retournés vers le chef des boutiques qui leur a expliqué que c’est le professeur Michael Nouga qui les incitait à manifester.Après avoir confisqué quelques bonbonnes de gaz, ils ont interpellé Michael Nouga et l’ont conduit au commissariat d’où il n’était pas encore ressorti au moment où nous allions sous presse.

Selon des clients rencontrés à la station Total de Maroua 1, Michael Nouga, comme beaucoup, exprimait un ras le bol largement ressenti par les consommateurs de gaz domestique de l’Extrême–Nord. Une situation qui avait été évoquée une dizaine de jours plus tôt lors de la visite du ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Le délégué régional du Commerce avait alors confessé qu’il a organisé un système de rationnement du gaz domestique. Il disait s’être arrangé en sorte que les agents publics en général soient prioritairement servis.Mais, le système a accouché d’un autre système pernicieux

Le gaz, seule source d’énergie accessible pour la plupart

« Je viens de mon quartier chaque jour dès 6h, depuis près d’un mois. Les gens de la Total ont décidé face à l’affluence de vendre le gaz en plein air dans un terrain vague derrière la station. Ils nous font aligner les bouteilles par rangs de 10. Hier (lundi ndlr), un camion est venu livrer plus de 250 bouteilles sous nos yeux. Nous espérions être tous servis. Mais, ils n’ont servis que deux rangs soit 20 bouteilles avant de nous demander de revenir le lendemain», se souvient Bachirou, un commerçant.

Viviane, son bébé d’un mois et demi emmitouflé dans des serviettes, raconte qu’elle traine son enfant depuis un mois. « J’ai refusé de payer les 1000 Fcfa qu’un complice du chef boutiquier exige pour se faire servir en priorité.

Du coup, il n’y a jamais eu de gaz pour moi qui viens chaque jour de 6h à 18h », accuse-t-elle, sous l’approbation de tout le monde.

Yaya Adamou, un assistant social qui avoue déserter son bureau depuis mercredi, dit que les prix de la bonbonne partent de 6500Fcfa homologué par l’Etat à 10.000Fcfa vendues sous le manteau. Pour lui, la pression est d’autant forte que la vente du charbon de bois est prohibée. 

La population de Maroua a explosé depuis la création de nombreuses institutions universitaires, militaires, etc. La guerre contre Boko Haram a aussi amené des militaires et des humanitaires en grand nombre. Ils font peser par leur pouvoir d’achat une telle tension inflationniste que les autres habitants sont au supplice. 

Le litre d’essence de contrebande est passé de 350 à 650 Fcfa. « La moindre brindille de bois de chauffe dont la coupe est interdite par des agents des eaux et forêts, coûte 100 Fcfa », reconnait Bachirou, exaspéré de n’avoir pas « bu du thé en mangeant mes beignets lors de mon petit déjeuner le matin ».