Un militant du Sdf torturé par la police à Douala
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Hervisse Tagne Fotso a été enfermé dans une pièce pendant deux semaines avant sa remise en liberté le 04 novembre dernier.

Il revient de loin. Après deux semaines passées en captivité, Hervisse Tagne Fotso a recouvré la liberté le 04 novembre dernier. Mais, il éprouve encore de la peine à identifier ses tortionnaires, tant les circonstances de son arrestation et les conditions de sa détention restent énigmatiques. «Alors que je sortais de mon jogging, j’ai été interpellé dans la nuit du 21 octobre dernier par des éléments cagoulés. J’ai tenté de résister, mais ces derniers m’ont embarqué dans leur véhicule pour une destination inconnue», raconte, le jeune homme de 34 ans, après sa remise en liberté. La découverte de ce dernier intrigue plus d’un dans son quartier. «Il est environ 21h (le 04 novembre dernier) lorsque nous apercevons un homme couché dans la broussaille, non loin de son domicile», rapportent des sources concordantes.

Inconscient et très fatigué, relatent les mêmes sources, le jeune homme, bien connu par les jeunes de son quartier, est transporté et conduit par ces derniers à son domicile à Ndogpassi 2, à la grande stupéfaction de ses proches. Qui le croyaient pourtant en voyage dans son village à l’Ouest du pays, après deux semaines de séparation. Mais nul, déclarent ses proches, n’imaginait le sale temps vécu par M. Tagne. Cependant, sa famille reconnait avoir eu des difficultés à le joindre au téléphone, mais aurait justifié ses désagréments habituels par la mauvaise qualité de la connexion mobile du village.

Qui et pour quels mobiles l’a-t-on interpellé ? Difficile de le savoir. Mais, le militant du Social Democratic Front (Sdf) de Ndogpassi 2 dans l’arrondissement de Douala III, semble avoir des indices. «Il s’agit bien des éléments de la police. Je les ai reconnus par leur uniforme, mais il m’était difficile de les identifier et de savoir de quelles unités ils étaient issus», relate l’infortuné. Au sujet de son lieu et des conditions de détention, M. Tagne Fotso dit avoir été enfermé dans une petite pièce nuit et jour jusqu’à la fin de sa torture. Il déclare n’avoir reçu qu’un seul repas par jour à la tombée de la nuit au cours de sa période d’incarcération. Toutefois, nuance-t-il, aucun coup, ni blessures corporelles ne lui ont été administrés par ses geôliers. Il s’agirait donc selon ses proches, d’une intimidation savamment orchestrée par la police pour faire taire ce dernier. Considéré comme un contestataire au régime Biya par ses proches, M. Tagne Fotso n’hésite pas à inciter les jeunes de son quartier à s’opposer aux abus de l’autorité administrative. Ce qui lui a valu par le passé des interpellations policières.

Bien connu des services de sécurité, il avait été au centre des manifestations de février 2008 dont Ndogpassi fut l’épicentre à Douala. Mais, il l’avait échappé belle, à la suite de la répression qui a fait de nombreux morts et disparus. Mais celui qui pense défendre ses droits et ses devoirs face à un pouvoir dictatorial ne compte pas reculer. La famille de Tagne Fotso a déposé une plainte pour torture auprès des tribunaux.

© Mutations : Frédéric Nonos

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